Préface de Marc Knobel, Directeur des études du CRIF
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Depuis de nombreuses années, l’historien Johann Chapoutot, spécialiste de l’Allemagne, étudie une masse considérable de discours, de textes doctrinaux, d’archives, d’articles, de brochures, de pamphlets, de documentaires et de films d’époque. Après des travaux minutieux consacrés à la vision nazie de l’histoire, il s’intéresse à l’ambition normative nazie et au projet de créer un nouveau droit sous le IIIe Reich.
Dans ce trente-huitième numéro des Etudes du CRIF, l’historien se penche sur la politique antijuive et la conception nazie du droit.
Sous le nazisme, le système judiciaire allemand fait l’objet d’une politique dite de « coordination », autrement dit de mise au pas. Le droit est mis au service de l’idéologie
nazie pour préparer le peuple à adhérer au régime, il est conçu comme un moyen de répression des ennemis du peuple.
Les juges, désormais soldats de la « justice vitale », sont sommés, sous peine de révocation s’ils sont trop laxistes, de rompre avec les concepts juridiques d’avant 1933.
L’Académie de droit allemand et les juristes nazis, au nombre desquels le plus célèbre, Carl Schmitt, prônent la nazification du droit allemand, en vue de le purger de toute
« influence juive ». Les juges sont invités à se laisser guider par leur « sain sentiment populaire » (gesundes Volksempfinden).
Le système nazi est donc un système légaliste, l’efficacité passe par une multitude de textes et par des méthodes dont la juridicité ne fait pas de doute.
L’historien Johann Chapoutot, dresse ici une remarquable cartographie de cet « univers mental » instauré par le IIIe Reich et aboutissant à la solution finale.