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Patrick Klugman, le président de l’Union des Etudiants Juifs de France, a rappelé que, l’Université de Paris VI a, « en catimini » et « dans une question diverse », voté cette motion. « Nous avons tous été surpris en apprenant cette désastreuse motion. Mais de qui vient-elle, d’universitaires ? D’étudiants ou de militants » ? « Cette décision est immorale, cette délibération est illégale », a conclut Patrick Klugman. Le président de l’U.E.J.F. a par ailleurs rappelé que Gilbert Bereziat, le président de Paris VI, a visité, il y a quelques jours, l’Université palestinienne d’Al-Najah, qui se trouve être pourtant, du propre aveu des chefs du Hamas, une de leur meilleure « usine à martyrs ».
Yassir Fichtali, le président de l’Union Nationale des Etudiants de France a expliqué que cette motion était « contre-productive » et que les universitaires qui ont voté ce texte « affaiblissent le camp de la paix ».
L’universitaire Annie Dayan Rosenman a expliqué qu’avec le vote du CA de Paris VI, « c’est d’une certaine manière, un pas de plus qui a été franchi… Il s’agit d’une motion inacceptable qui vise à exclure des universitaires sur leur seule nationalité. »
L’universitaire Izio Rosenman rappela qu’une pétition circulait contre la motion de Paris VI et réunissait à ce jour 21274 signatures.
Alain Finkielkraut a souligné dans son intervention que, pour le conseil d’administration de Paris VI, « tous les Israéliens, sans distinction, sont coupables. Comme on l’a dit, cette mise en quarantaine rappelle les heures les plus abjectes de notre histoire. » Le philosophe estime que « l’esprit de la conférence de Durban envahit nos campus et universités. » « On est sans voix », a ajouté Alain Finkielkraut, « on n’a envie de jeter les gants. Il ne faut cependant pas se décourager, il faut encore et encore s’efforcer de convaincre. »
Au moment ou Alain Finkielkraut prenait la parole, le rassemblement, à l'appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), a cependant vite tourné au face-à-face tendu avec un groupe de manifestants qui, massés derrière la grille de l'université et séparés par un épais cordon de forces de police, se sont mis à hurler « Bush, Sharon, assassins ».
Bertrand Delanoë avait délégué David Assouline, adjoint chargé au maire de la vie étudiante, qui a lu un message personnel du maire de Paris. Bertrand Delanoë dénonce « un acte choquant et une tragique erreur ». « La décision prise par le Conseil d'administration de l'Université de Paris VI d'appeler l'Union européenne à boycotter les universités israéliennes me paraît constituer à la fois un acte choquant et une tragique erreur », écrit M. Delanoë. « Acte choquant, dont la dimension manifestement idéologique -parce qu'exceptionnelle- ne correspond en rien aux missions et aux valeurs de l'université française ».
Le journaliste Alexandre Adler a stigmatisé « ce mot abject de boycott qui nous replonge dans le souvenir des années 30. Voyez les photos de ces années-là : « N’achetez pas chez les Juifs » » a rappelé le politologue. Puis, il a vanté les industries de haute technologie d’Israël, qu’il voit en « nouvelle Silicon Valley. »
Pour Bernard-Henri Levy, « les professeurs qui ont voté cette motion se sont conduits comme les plus extrémistes des extrémistes palestiniens ». Le philosophe s’est demandé pourquoi aucune motion de même nature n’avait été votée contre la Russie, « alors qu’on rase Grozny », ou contre la Chine, malgré la répression au Tibet. Puis il a demandé au conseil d’administration de Paris VII, qui devant se réunir le mardi 7 janvier, de ne pas leur emboîter le pas: « pas de boycott, pas la honte du boycott », a-t-il proclamé, avant de lire un texte de Claude Lanzmann, le réalisateur du film Shoah. Lanzmann évoquait « la connotation sinistre du mot boycott » : « Il y a dans le mot « boycott » une connotation sinistre et insupportable, dont se seraient avisés les vertueux bureaucrates du Conseil d’administration de Paris VI, s’ils avaient seulement un peu de mémoire et de savoir. Le 1er avril 1933, les nazis décrétèrent, sur tout le territoire de l’Allemagne, le boycott des entreprises et des commerces Juifs. Aux portes et sur les vitrines de chaque magasin juif furent placardés d’innombrables slogans et mots d’ordre… » Il fut ensuite fait lecture d’un texte de Claude Cohen-Tannoudji, professeur au Collège de France et Prix Nobel de physique : « J’ai honte pour ces collègues qui osent jeter l’anathème sur d’autres collègues à cause de leur nationalité. J’ai honte pour ces collègues qui, devant un conflit douloureux où deux peuples souffrent cruellement et quotidiennement, choisissent de diaboliser l’une des deux parties alors qu’ils devraient essayer de les rapprocher. »
Roger Cukierman, le Président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, a pour sa part évoqué « l’esprit de Durban », qui peut régner ici ou là : « Vous croyez être devant Paris VI ? Vous vous trompez. Vous êtes à Durban sur Seine » car « des universitaires français ont cru devoir prendre parti, ont choisi un camp, celui de l’obscurantisme. » Pourtant ces mêmes universitaires ne se sont « jamais mobilisés pour critiquer de grands pays ou pour protester contre les millions de victimes rwandaises ou cambodgiennes ou le million de chrétiens soudanais assassinés, ou même les 200.000 victimes de la guerre civile algérienne. » Par ailleurs, l’attachement à la science israélienne et aux vertus de la coopération universitaire ont été mis en exergue dans le discours de Roger Cukierman : « Israël a transformé un désert en jardin grâce à la science. C’est le pays qui, proportionnellement à sa population, a le plus de chercheurs et d’universités que la plupart des pays du monde. »
Cette manifestation a été conclue par les interventions de Pierre Lellouche, député de Paris, et de Youval Teller, vice-président de Shalom Arshav.
Marc Knobel
Observatoire des médias