Le CRIF avait envoyé à ce symposium exceptionnel une importante délégation : autour du président Richard Prasquier et du directeur général, Haïm Musicant, Jean-Pierre Allali, membre du Bureau Exécutif, Edwige Elkaïm et Yves Kamami, membres du Comité Directeur ainsi que Gérard Fellous, membre du Groupe de Travail « Durban 2 » er Jean Corcos, membre de la Commission des Relations avec les ONG.
Des intervenants de très haut niveau se sont succédé à la tribune : Élie Wiesel, Nathan Chtcharansky, Shelby Steele, Allan Dershowitz, Jon Voight et le père Patrick Desbois.
Toujours émouvant, égal à lui-même, Élie Wiesel a tenté d’expliquer le phénomène antisémite. Pour le prix Nobel de la paix qui a connu les camps et dont une partie de la famille a été assassinée, « l’antisémite, c’est quelqu’un qui désire la mort du Juif avant même sa naissance ».
Nathan Charansky a évoqué son long calvaire de refuznik en Union Soviétique, le comparant à sa condition actuelle d’homme libre comme citoyen de l’État d’Israël. Le célèbre acteur américain Jon Voight a expliqué les raisons de sa proximité avec le judaïsme, critiquant vivement la tournure qu’a prise la Conférence de Durban 2. Le professeur Shelby Steele, de l’université de Stanford, a donné un ton plus académique à son intervention en traitant de la psychologie du Noir américain qu’il est face à l’antisémitisme.
Lui succédant, le professeur Allan Dershowitz, très offensif, a, pour sa part, mis l’accent sur la collusion, trop souvent ignorée du Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amine El Husseini, dirigeant principal des Palestiniens dans les années 30, avec le nazisme et Adolf Hitler. Le Mufti, a-t-il rappelé, avait, en son temps, levé des brigades de S.S. musulmans et envisagé la construction de camps de concentration en Palestine. Par ailleurs, il a tout fait pour empêcher le sauvetage d’enfants juifs cherchant à rejoindre en bateau le yichouv, les obligeant à rebrousser chemin pour finir exterminés dans les camps de la mort. Sans oublier non plus que nombre de pays arabes ont accueilli après la Guerre de nombreux criminels nazis qui ont ainsi pu échapper à leur capture et à leur jugement.
« Non, a martelé l’orateur, l’argument selon lequel les Arabes en général et les Palestiniens en particulier, sont indemnes de toute responsabilité dans la Shoah, est tout à fait spécieux ». Prenant la parole en dernier, le père Patrick Desbois a tenté de répondre à la question : « Qu’est ce qu’un ecclésiastique français peut bien faire ici, aujourd’hui, à vos côtés ? ».
Et, en guise d’explication, il a narré le douloureux travail de réhabilitation et de mémoire qu’il a entrepris depuis de nombreuses années en Ukraine et en Bélarus à la recherche des charniers où des milliers de Juifs, après avoir été dépouillés de leurs biens, ont été abattus, victimes de la « Shoah par balles » et ensevelis comme des animaux.
Un débat, parfois très nerveux avec des Palestiniens et des Arabes présents dans la salle a suivi, clôturant cette très intéressante manifestation.
Photo : D.R.