Un autocar, parti de la Place de la République, avec à son bord une cinquantaine de personnes, s’est d’abord arrêté devant l’Ecole Militaire, devant la plaque qui fut apposée par les FFDJF, dont le Président, Serge Klarsfeld a rendu hommage aux 743 Juifs raflés le 12 décembre 1941 et internés au camp de Royal Lieu à Compiegne ; parmi eux un grand nombre de citoyens français, certains portant la Légion d’Honneur. Mélangés aux Juifs étrangers, ils ont été déportés par le 1er convoi à Auschwitz le 27 mars 1942. Serge Klarsfeld a évoqué la mémoire de Raoul Szwiecznik, le dernier des témoins de cet épisode de la déportation. Ensuite, ce fut Milo Adoner, membre de la Commission du Souvenir du CRIF, qui récita le Kaddish et trois gerbes furent déposées, au nom des institutions organisatrices.
C’est au pied du monument du Mont Valérien, dédié à la Résistance que se déroula la Commémoration officielle à laquelle se sont joints des représentants des hautes autorités civiles et militaires de l’Etat. Ont déposé des gerbes les personnes représentant : le Premier-ministre, François Fillon ; le Président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer (par la députée Danielle Hoffman-Rispal) ; les ministres : Brice Hortefeux, Hervé Morin ; le Préfet, la municipalité de Suresnes ; les ambassadeurs d’Israël, de Pologne, d’Allemagne ; et toutes celles qui représentaient la Fédération, le Farband, les Filles et Fils des Déportés Juifs de France et le CRIF (Richard Prasquier était représenté par Claude Hampel).
Ensuite, l’assistance s’est rendue dans la clairière pour entendre Serge Klarsfeld évoquer le courage des Résistants, dont un nombre significatif de Juifs. Sur le nombre impressionnant de 1007 Résistants, a-t-il déclaré, 174 furent juifs (ce qui signifie 17% par rapport au 0,6% que représentait la population juive). En rappelant le travail de mémoire accompli depuis 68 années, il a évoqué la disparition de derniers témoins : « un jour plus personne ne sera là… ». On aimerait pouvoir le rassurer sur ce point, même s’il semble avoir raison.
Ce fut le tour du Grand Rabbin Alain Goldmann de prendre la parole. Il a souhaité rappeler la signification de la fête de Hanoucca, en décrivant le courage d’un petit nombre de Juifs de l’époque vainqueurs de la puissante armée grecque d’occupation, en faisant ainsi le parallèle avec les Résistants de « la première heure » contre le nazisme. Evoquant le présent, il a stigmatisé le danger nucléaire et la menace iranienne contre Israël. Depuis toujours, a-t-il ajouté, « le peuple juif privilégie le combat éclairé de l’esprit contre la matière ». Le Rabbin Goldmann a dit El Male Rahamim et a souhaité associer au Kaddich tous les Résistants fusillés du Mont Valérien, de toutes les religions, de toutes les obédiences politiques et philosophiques. Ce fut une cérémonie digne et émouvante. Puisse la nouvelle génération reprendre le flambeau qui éclaire l’histoire et de perpétuer les souvenir de toutes celles et de tous ceux qui ont combattu pour notre liberté.
Photo : D.R.