André Kaspi a expliqué qu’il n’avait jamais proposé que l'on supprime des dates de commémoration. Selon lui, les journalistes ont déformé le contenu du rapport.
André Kaspi a expliqué qu’il avait proposé qu'il y ait trois dates placées au premier plan : le 8 mai parce que c'est la victoire sur le nazisme, le triomphe de la liberté et de la démocratie ; le 14 juillet parce que c'est la fête de la nation tout entière ; et le 11 novembre parce que c'est la date où l'on peut commémorer les morts de la Grande Guerre et les morts des guerres qui ont suivi.
Selon lui, les autres commémorations peuvent continuer sur le plan régional ou international, ou encore en se regroupant quand elles correspondent à une seule et même période. En guise d’exemple, André Kaspi a parlé de la fête de Jeanne d’Arc et des commémorations du débarquement du 6 juin 1944 qui revêtent en Normandie une grande importance.
Par ailleurs, Il a souligné qu’une commémoration engage tout l'Etat. Les hauts fonctionnaires doivent y assister. Elle doit rassembler les citoyens et conforter la conscience nationale. La Commission a également suggéré de nouvelles formes de commémoration afin de toucher un jeune public.
A la suite de cette intervention, un grand débat s’est engagé avec la salle et de nombreuses objections ont été formulées par les membres de l’Assemblée générale
. Richard Prasquier, président du CRIF, a rappelé qu’il avait été choqué par le qualificatif « communautariste » qui serait appliqué à la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv. Le président a rappelé que cette journée, outre son caractère mémoriel, a une signification éthique et pédagogique universelle, au même titre que la commémoration de l’esclavage. Jacqueline Keller, vice-présidente de la Commission du souvenir du CRIF, a rappelé dans quelle circonstance avait été instauré la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite de « gouvernement de l’Etat Français ». Elle a regretté qu’André Kaspi n’ait pas consulté les membres de la Commission du souvenir du CRIF.
La plupart des intervenants ont d’ailleurs souligné à quel point cette journée avait une valeur universelle, à quel point elle permettait aux nouvelles générations de ne pas ignorer les affres et les souffrances du passé et à quel point elle favorisait le vivre ensemble.
Dans sa réponse, André Kaspi a souligné qu’il n’avait jamais demandé que l’on supprime la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv. Il a rappelé que l'Assemblée générale de l'ONU avait décidé en 2005 que le 27 janvier -date de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz- serait désormais une journée spéciale de commémoration des quelque 6 millions de juifs et autres victimes assassinées lors de la Shoah par le régime nazi pendant la seconde guerre mondiale. Il lui semble à cet égard qu’il fallait donner de l’importance et toute l’ampleur à cette date. Enfin, il a estimé qu’il fallait se garder de revendications qui imposeraient à la longue d’autres commémorations, en fonction d’intérêts disparates et/ou spécifiques. Il s’agirait alors d’une véritable spirale qui émanerait de groupes précis.
Le « rapport Kaspi »a été remis le 12 novembre. Le même jour, Jean-Marie Bockel avait déclaré qu’il « vaut mieux garder les commémorations telles qu'elles sont, qu'elles soient nationales ou pas. Tant qu'il y aura des gens pour les faire vivre, des médias pour relayer ce qu'elles racontent comme tragédies, comme combats, nous les ferons vivre ».