Un instant de recueillement devant la plaque du docteur Bendriem, médecin juif arrêté le 7 janvier 1944 par la Gestapo, a été suivi, à 11 heures 30, d’une première cérémonie devant la stèle de la Bruyère à Brégnier-Cordon (inaugurée en 1994 par le président Farnçois Mitterrand). Colette Defillon, directrice du service départemental de l'Onac, organisateur de la cérémonie, a invité l'ancien déporté Jean Kauffmann, accompagné de son petit-fils, à lire les noms de tous les "camps d'extermination" nazis avec leur nombre de victimes, ainsi que le Message commun aux déportés, avant le dépôt des gerbes et une minute de silence.
Le cortège s’est ensuite rendu à la Maison d’Izieu, ou, devant la plaque commémorative, a eu lieu la lecture des noms des 44 enfants et des 7 éducateurs juifs raflés le 6 avril 1944, effectuée par des éclaireurs Israélites et par Samuel Pintel, ancien enfant de la colonie d'Izieu, non présent au moment de la rafle. Le rabbin Elie Zaoui a ensuite dit les prières du « Elmaleh Rahamim » et du « Kaddish », avant un second dépôt de fleurs et une minute de recueillement. Marcel Amsellem, président du CRIF Rhône-Alpes, a pris part aux deux dépôts de gerbes.
La Maison d’Izieu
La Maison d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin, accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants juifs pour les soustraire aux persécutions antisémites. Au matin du 6 avril 1944, les 44 enfants et 7 éducateurs qui s’y trouvaient furent raflés sur ordre de Klaus Barbie, responsable de la Gestapo de Lyon, et déportés. À l’exception de deux adolescents et de Miron Zlatin, fusillés à Reval (aujourd’hui Tallinn) en Estonie, le groupe fut déporté à Auschwitz. Seule une adulte, Léa Feldblum, en revint. Tous les autres furent gazés dès leur arrivée. En 1987, au lendemain du procès de Klaus Barbie, déclaré coupable de ce crime contre l'humanité, se constitue autour de Madame Sabine Zlatin et du préfet Wiltzer, l'association du Musée-mémorial d'Izieu. Il s'agit pour les fondateurs, venus de tous les horizons, de se porter acquéreurs de la Maison d'Izieu et d'y créer un musée ayant pour thème les enfants juifs d'Izieu et le crime contre l'humanité. François Mitterrand, alors Président de la République,
inscrit le projet parmi les Grands Travaux. Il a inauguré la Maison d'Izieu le 24 avril 1994 en présence de nombreuses personnalités, dont Jacques Chirac. La Maison d'Izieu est, avec l'ancien Vélodrome d'Hiver et l'ancien camp d'internement de Gurs, l'un des trois lieux de la mémoire nationale des victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l'humanité commis avec la complicité du gouvernement de Vichy dit " gouvernement de l'État français " (1940-1944), reconnus par le décret du président de la République du 3 février 1993.
Les enfants d'Izieu et leurs éducateurs arrêtés le 6 avril 1944
Sami Adelsheimer, 5 ans
Hans Ament, 10 ans
Nina Aronowicz, 12 ans
Max-Marcel Balsam, 12 ans
Jean-Paul Balsam, 10 ans
Esther Benassayag, 12 ans
Elie Benassayag, 10 ans
Jacob Benassayag, 8 ans
Jacques Benguigui, 12 ans
Richard Benguigui, 7 ans
Jean-Claude Benguigui, 5 ans
Barouk-Raoul Bentitou, 12 ans
Majer Bulka, 13 ans
Albert Bulka, 4 ans
Lucienne Friedler, 5 ans
Egon Gamiel, 9 ans
Maurice Gerenstein, 13 ans
Liliane Gerenstein, 11 ans
Henri-Chaïm Goldberg, 13 ans
Joseph Goldberg, 12 ans
Mina Halaunbrenner, 8 ans
Claudine Halaunbrenner, 5 ans
Georges Halpern, 8 ans
Arnold Hirsch, 17 ans
Isidore Kargeman, 10 ans
Renate Krochmal, 8 ans
Liane Krochmal, 6 ans
Max Leiner, 8 ans
Claude Levan-Reifman, 10 ans
Fritz Loebmann, 15 ans
Alice-Jacqueline Luzgart, 10 ans
Paula Mermelstein, 10 ans
Marcel Mermelstein, 7 ans
Theodor Reis, 16 ans
Gilles Sadowski, 8 ans
Martha Spiegel, 10 ans
Senta Spiegel, 9 ans
Sigmund Springer, 8 ans
Sarah Szulklaper, 11 ans
Max Tetelbaum, 12 ans
Herman Tetelbaum, 10 ans
Charles Weltner, 9 ans
Otto Wertheimer, 12 ans
Emile Zuckerberg, 5 ans
(Photo Paillarès - Niedermann)
Lucie Feiger, 49 ans
Mina Friedler, 32 ans
Sarah Levan-Reifman, 36 ans
Eva Reifman, 61 ans
Moïse Reifman, 63 ans
Miron Zlatin, 39 ans
et Lea Feldblum, 26 ans,
seule survivante
Un Jardin de la Mémoire
Au lendemain de la visite de Simone Veil à Izieu pour le 66ème anniversaire de la commémoration de la rafle, la Ville de Lyon a inauguré, mercredi 7 avril 2010, un jardin à la mémoire des 44 enfants d'Izieu, dans le 7ème arrondissement, derrière la place Jean Macé, près du Centre d'histoire de la résistance et de la déportation. Une inauguration en présence du maire de Lyon Gérard Collomb, et de Serge Klarsfeld, ainsi que du CRIF Rhône-Alpes, représenté par Marcel Amsellem. L'espace comprend uen plaque commémorative avec textes et photos, ainsi qu'un panneau pédagogique pour rappeler la tragédie des enfants d’Izieu.
Message commun aux déportés
« Il y a 64 ans, les camps de concentration et d’extermination étaient libérés par les armées alliées. Les familles de disparus et les rescapés tiennent à marquer l’attachement qu’ils portent à cette Journée nationale de la Déportation. Ils soulignent également l’importance qu’ils attachent à celle du 8 mai qui commémore la victoire de la démocratie et des droits de l’Homme.
De l’issue de la seconde guerre mondiale, ne dépendait pas seulement la victoire ou la capitulation d’un Etat ou d’une coalition mais le triomphe ou la défaite de toute une conception raciste et hégémonique du monde. Dans ce jour commémoratif de la délivrance des camps, dans tous les pays libérés du nazisme, nous célébrons cette liberté acquise au prix de tant de sacrifices. En France, comme dans la plus grande partie de l’Europe, la domination nazie a entraîné des exactions inouïes : pillage, persécutions raciales, répressions féroces contre ceux qui, confrontés aux crimes de l’occupant et de ses complices français, n’entendaient pas rester passifs.
Après 64 ans, il est inadmissible que les crimes avérés des nazis soient ignorés ou même contestés. Plus que jamais, en ces temps d’incertitude, les déportés invitent donc leurs concitoyens à se garder des idéologies de l’exclusion et du nationalisme dominateur qui furent le fondement de cette idéologie perverse. Avant la disparition des derniers survivants, nous incitons nos descendants, les historiens et les pouvoirs publics à sauvegarder la mémoire des événements douloureux que nous avons vécus. »
Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD)
Association des Déportées et Internées de la Résistance (ADIR)
Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (FNDIR)
Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)
Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus (UNADIF)
Union Nationale des Déportés, Internés et Victimes de Guerre (UNDIVG)
Photos : © 2010 Hervé Sultan