Drancy : un « ensemble de mémoire voulu par la municipalité de Drancy... lieu lourdement chargé d'histoire....» avec des bâtiments « redevenu lieu de vie... un wagon ayant servi à la déportation, donné par la SNCF, » comme le soulignait le député- maire de la ville, Jean-Christophe Lagarde .Un monument aussi qui rappelle, comme le fit Serge Klarsfeld, que « 63.000 personnes sont parties des ce camp pour Auschwitz. » Et le président des FFDJF précisait qu'il y avait parmi eux « environ dix mille enfants, » dont beaucoup « avaient été séparés de leurs parents... »
Ce que fut « le pré-enfer de Drancy, » le témoignage d'Yvette Levy, qui fut arrêtée en août 1944, avant sa déportation à Birkenau, puis sa survie à deux sélections, un travail « d'esclave du Reich » dans des conditions effroyables, permit de l'entrevoir.
Pourtant, trois quart des Juifs alors en France ne furent pas déportés. « Le principal facteur de survie fut le comportement de la population française et des Eglises, » protestante et catholique, notait Serge Klarsfeld, citant le Cardinal de Lyon Pierre-Marie Gerlier, Primat des Gaules qui profita de son amitié avec le Maréchal Philippe Pétain pour lui faire savoir que les Français et de hauts dignitaires de l'Eglise ne toléraient pas les arrestations de juifs dont ils étaient témoins. Il y eut, d'ailleurs, un phénomène similaire en Italie.
Une autre amitié du Cardinal Gerlier fut évoquée par le Cardinal Philippe Barbarin, Primat des Gaules : celle de son prédécesseur avec le Grand Rabbin de France Jacob Kaplan, souvent évoqué lors de cette rencontre. Le Cardinal Barbarin a évoqué donc de « relations tissées depuis longtemps, » ou de textes liturgiques communs appelant les uns et les autres à être de meilleurs catholiques et de meilleurs juifs. Le Cardinal a rappelé que, nommé par Jean-Paul II, il était devenu archevêque de Lyon le 16 juillet 2002, le jour du soixantième anniversaire de l'arrestation des enfants d'Izieu dont il a souligné « les visages pleins de joie » sur les photos de l'époque et dont il a fait « ses anges gardiens. » Il a dénoncé « l'antisémitisme, pêché contre Dieu et contre l'humanité, » et rappelé la Déclaration de Repentance faite en ces lieux par des Evêques de France en 1997 et insisté sur « l'espoir né de Nosta Aetate. »
Il est vrai qu'en cet instant, la proximité entre juifs et catholiques composant la délégation était perceptible. La cérémonie s'est terminée par un allumage de bougies. Plus tard, lors d'une conversation informelle, le Cardinal Koch, qui préside la Commission du Saint Siège pour les Relations avec les Juifs, mesurait à la fois le chemin parcouru dans ce dialogue et le chemin restant à faire.
Hélène Keller-Lind
Photo (Yvette Levy) : © 2011 Erez Lichtfeld