En présence de Haïm Musicant, le directeur général qui représentait Richard Prasquier, le président, et les instances nationales du CRIF, Jean-Luc Médina, le président du CRIF Grenoble-Isère a présidé jeudi 14 mai son neuvième et dernier dîner régional.
Arrivé en fin de mandat, il cèdera sa place le 1er juin prochain au cours de l’Assemblée générale convoquée ce jour-là.
Devant un parterre composé de tout ceux qui comptent dans la vie politique et civile du département, Jean-Luc Médina a pu se livrer à la fois, à une analyse de l’année écoulée lors de ce dîner « dédié à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme », mais aussi revenir implicitement sur l’évolution de la situation depuis décembre 2000, date du premier dîner dont l’hôte d’honneur avait été Michel Destot, député-maire de Grenoble.
Jean-Luc Médina a tiré un triste bilan depuis le 13 octobre 2000 où furent scandés des slogans « mort aux Juifs » en plein Paris au 17 janvier 2009, où lors d’une manifestation pro-Hamas à Grenoble, des orateurs s’en étaient pris violemment aux institutions (dont le CRIF) et aux membres de la communauté juive.
Notant que les appels à la haine prononcés le 17 janvier, l’avaient été « sous les acclamations de la foule et sous les yeux d’élus de la République ornés de leurs ceintures bleu blanc rouge », Jean-Luc Médina a déclaré : « Ceux qui n’ont rien dit auraient dû réfléchir à leur silence ». Le président du CRIF régional aurait préféré une manifestation pour la paix, qui ne menace pas des citoyens français. Tout comme les autres orateurs -André Vallini président du conseil régional et député de l’Isère ; Albert Dupuy préfet de l’Isère et Michel Destot- Jean-Luc Médina s’est élevé contre l’importation de l’antisémitisme en France sous le prétexte de la situation au Proche-Orient. Il a noté qu’en janvier dernier Grenoble était arrivé en tête des actes antisémites pour la première fois en neuf ans.
Reconnaissant que l’antisémitisme n’était pas mort à Auschwitz et constatant que l’angoisse n’avait jamais quitté le CRIF depuis sa fondation pendant la Shoah, Jean-Luc Médina a invité chacun « à conserver sa capacité d’indignation ». Il a notamment dénoncé les menaces iraniennes, la « mascarade de Durban 2 » et les provocations d’un pseudo comique.
En ce jour anniversaire, (Israël a été fondé le 14 mai 1948), Jean-Luc Médina a rappelé que les pays arabes avaient refusé la création d’un Etat palestinien qui aurait pu voir le jour en même temps, et avaient occupé les territoires qui lui étaient dévolus.
Se référant au discours du président tunisien Habib Bourguiba en 1965 à Jéricho, Jean-Luc Médina a estimé : « il nous manque des « Bourguiba » des « Sadate » et des « Rabin ». Il a aussi constaté qu’à chaque fois qu’Israël s’était retiré de territoires au Sud Liban et à Gaza, un affrontement avec les organisations terroristes avait suivi. Revenant sur l’intervention israélienne à Gaza qui avait été précédée par des tirs de roquettes sur le Sud d’Israël, Jean-Luc Médina a souligné : « En tant qu’être humain, faire la guerre c’est toujours un échec pour celui qui la mène ». Mais il a cité la Charte du Hamas dont le programme de mort, va au-delà de menaces contre les Juifs où qu’ils soient.
Invité d’honneur du dîner, André Vallini est revenu sur le discours du 16 juillet 1995 du président Jacques Chirac qui a permis à la France de regarder son histoire en face. Il a rappelé qu’il avait demandé que tous les élèves de l’Isère visitent le musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble.
Déplorant la « résurgence de l’antisémitisme », André Vallini a estimé « rien est banal ni insignifiant » et que l’antisémitisme doit être combattu avec la plus grande sévérité. Le député de l’Isère a loué « la laïcité, ce plus sûr rempart et cette chance pour notre cohésion nationale dans cette période troublée ».
Evoquant la situation au Proche-Orient, André Vallini a posé deux principes de base : la légitimité d’Israël et son droit à la sécurité et le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat. Il a constaté que Benjamin Netanyhaou, quelques jours avant sa rencontre avec Barak Obama n’avait pas prononcé les termes d’Etat palestinien et il a estimé que la poursuite de la colonisation était un obstacle à la paix.
Albert Dupuy, le préfet de l’Isère a rappelé les engagements pris en matière de lutte contre l’antisémitisme par le président de la République Nicolas Sarkozy et le premier ministre François Fillon lors des dîners à Paris.
Jean-Luc Médina et Gérard Lanvin-Lespiau, fils du grand résistant, le colonel Lanvin-Lespiau ont remis la médaille du CRIF 2009 à David Smetanie, double champion olympique de natation, double médaillé d’argent aux jeux paralympiques de Pékin 2008.
Un hommage à Jean-Luc Medina a conclu le neuvième dîner du CRIF de Grenoble Isère. Entouré des membres de son comité directeur, des rabbins Wertenschlg et Toledano, et du directeur général national du CRIF, le président sortant du CRIF Isère a reçu la médaille d’Or de la ville de Grenoble des mains de Michel Destot.
« Dites leur bien à Paris que toutes ces années à la tête du CRIF ont été parmi les plus belles de ma vie » a confié Jean-Luc Médina à la newsletter du CRIF, à la fin de cette soirée forte et émouvante.