Londres : un congrès fondateur pour la JJAC

Parmi les présents, Yossi Ben Aharon, Zvi Gabay et Mordehaï Ben Porat, d’Israël, Flo Kaufman et Edwin Shuker, de Grande-Bretagne, Serge Cattan de Bruxelles et le rabbin Elie Abadi, de New York. Jean-Pierre Allali, membre du bureau exécutif du CRIF représentait la France.

Les séances de travail et les interventions de personnalités se sont déroulées tour à tour à la synagogue hispano-portugaise, dans les locaux du Board of Deputies et à la Chambre des Lords.

Après plusieurs années d’action au cours desquelles des sections provisoires de la JJAC à travers le monde ont mis sur pied, chacune selon sa sensibilité et sa spécificité des manifestations de sensibilisation à la question souvent oblitérée des réfugiés juifs originaires des pays arabo-musulmans, la JJAC a décidé de se constituer légalement en une association dont le siège sera aux Etats-Unis. Une devise a été adoptée : « Truth, Justice and reconciliation » (Vérité, Justice et Réconciliation), qui ajoute un volet plus politiquement marqué à la campagne internationale en cours. Il a été convenu que la JJAC utilisera quatre langues officielles : anglais, français, hébreu et arabe, notamment pour son logo et ses en-têtes.

Après le succès politique remporté aux Etats-Unis où la JJAC a obtenu du Congrès américain une résolution stipulant qu’à l’avenir, dans toute négociation sur la question des réfugiés, le sort des réfugiés juifs soit systématiquement pris en compte, la JJAC, sous l’impulsion de Moïse Rahmani sollicitera le Parlement européen dans le même sens le 1^er juillet prochain. Jean-Pierre Allali, envisage, de son côté, une action de même nature auprès des parlementaires français.

Le Congrès de Londres a été l’occasion de l’élection, pour une période transitoire d’un an, d’un Comité directeur puis d’un Bureau Exécutif international. Serge Cattan (Belgique) a été élu président, Edwin Shuker (Grande-Bretagne), chairman. Ont été également élus trois vice-présidents : Jean-Pierre Allali (France), Elie Abadie (USA), Regina Waldman (USA), un trésorier, Sylvain Abitbol (Canada) et un secrétaire, Nessim Hamaoui (Brésil). Deux personnalités qualifiées seront prochainement cooptées pour compléter cette équipe. Stanley Urman a été reconduit dans ses fonctions avec le titre de vice-président exécutif.

Lors d’une réception à la Chambre des Lords, l’ancien ministre canadien de la Justice, Irwin Cotler, dans un exposé magistral, a parlé de l’existence de deux « naqbas », celle des Palestiniens, certes, mais aussi celle des Juifs des pays arabes. Il suggère le transfert des pouvoirs de l’UNRWA qui a montré son incompétence et ses abus, au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, rappelé que plus de 100 résolutions des Nations unies évoquent les réfugiés palestiniens et pas une seule les réfugiés juifs d’où la nécessité d’introduire au plus vite cette notion à l’ONU. « Sans vérité, il n’y a pas de justice et sans justice pas de réconciliation », a-t-il conclu.

Carole Basri a brossé un tableau édifiant de la vie terrifiante des Juifs d’Irak soumis à la dhimmitude puis au régime pronazi de Rachid Ali avant la création de l’Etat d’Israël, Sarah Fedida, native d’Alexandrie, a narré l’exil forcé des Juifs d’Egypte et Edwin Shuker, évoqué les temps terribles du baasisme et de Saddam Hussein, où les Juifs irakiens avaient des cartes d’identité de couleur spécifique jaune, où les Mukhabarat leur coupaient systématiquement le téléphone, où la délation était généralisée et où la fuite, si dangereuse qu’elle fut, a été nécessaire.

Le Congrès de Londres, par la qualité et le nombre des présents et par la teneur des travaux aura été remarquable et prometteur.