"Je voudrais juste ajouter un mot sur ce qu’a dit le Grand Rabbin à propos des livres et le boycott de livres.
Disons que s’ils boycottaient seulement les livres… mais ce que l’on ne pardonnera jamais, c’est qu’ils boycottent les 10 commandements, y compris « tu ne tueras point ».
Je suis arrivé ici il y a quatre jours et je dois vous avouer que je suis très, très ému de cette visite. Un des premiers visiteurs qui soit venu en France était le président de la Knesset à l’époque et il était très ému lui aussi, et quand on lui a demandé « alors, comment c’était », il m’a répondu, « je me suis senti comme un arc de triomphe que l’on promenait ».
Nous avons commencé cette visite par la synagogue de La Victoire, où nous avons prié à la mémoire de ces huit élèves de la Yechiva qui ont été assassinés.
J’ai été très fier parce que notre cœur est un coeur uni et nous avons prié ensemble dans l’espoir.
De la synagogue, nous sommes allés au dîner donné en l’honneur du peuple juif et de l’Etat d’Israël à l’Elysée par le président Nicolas Sarkozy,
Il est rare que l’on puisse entendre des paroles aussi fortes contre l’Iran, contre le terrorisme, pour l’Etat d’Israël et pour la paix dans la région.
Nous allons aider le président de la République pour qu’il nous aide, pour surmonter et combattre le terrorisme pour surmonter la haine et pour amener la paix au peuple juif.
Aujourd’hui, c’est la dernière journée de ma visite, je suis allé au Panthéon. Cela a été très émouvant… cette architecture qui symbolise la liberté de la France, sa grandeur.
Je suis rentré dans une crypte du Panthéon où il y avait quatre tombeaux. L’un d’entre eux, c’est le seul que je n’ai pas eu l’honneur de connaître, c’est un grand héros de la résistance, Jean Moulin et trois autres hommes, que j’ai eu l’honneur de connaître, René Cassin, Jean Monnet, et le grand écrivain André Malraux. Jean Monnet, que j’ai eu le privilège de rencontrer m’a dit qu’il espérait, qu’au Proche-Orient arrive aussi un jour ce qu’il arrivait en Europe. André Malraux m’a dit que s’il avait été plus jeune, il se serait engagé à TSAHAL l’armée israélienne. René Cassin symbolisait la plus grande chose pour le peuple d’Israël « kol Israël haverim» tout peuple d’Israël est ami.
Pendant cette visite, j’ai été accompagné par Mme Simone Veil, j’ai été très ému de voir la plaque qui honore la mémoire des Justes parmi les Nations. Je me suis dit « quel endroit incroyable, comment voir dans un endroit si serré, si dense, un si grand esprit ? » et j’ai remarqué qu’à la synagogue et ici aussi ce soir, nous évoquons Jérusalem et nos cœurs battent à l’unisson.
Génération après génération, nous prions « Si je t’oublie Ô Jérusalem, que ma droite se dessèche » Mais il y a eu un changement, les juifs ne doivent plus seulement prier pour la paix de Jérusalem, mais Jérusalem doit prier pour la paix des juifs.
Nous devons véritablement réfléchir à notre avenir. Jusqu'à ce jour, quand on me posait la question « qui est juif ? », on disait celui qui est juif c’est celui dont les parents sont juifs ou au moins celui dont la mère est juive. Si vous me posez aujourd’hui la question « qui est juif ? », eh bien moi, je vous dirais que c’est celui qui se préoccupe que ses enfants restent juifs, juifs au sens moral du terme, les juifs qui ne veulent pas dominer les autres, les juifs qui cherchent la paix, la fraternité et l’égalité entre les hommes.
Le Tout Puissant nous a dit que l’Homme a été créé à l’image de Dieu et même ceux qui pensent avoir une voix forte, ils n’ont pas le droit de faire honte aux créatures qui ont été créées à l’image de Dieu.
Nous célébrons les 60 ans de l’Etat d’Israël et l’extraordinaire solidarité du judaïsme, la solidarité et la chaleur de la communauté juive de France, des volontaires et bénévoles juifs pour construire ce pays, pour le défendre. Je ne sais pas si nous aurions pu faire ce que nous avons accompli. Israël n’est pas un total mathématique, Israël est une somme spirituelle. Mathématiquement, on aurait dû tout perdre, un petit pays attaqué sept fois pendant 60 ans, deux fois l’Intifada, et je n’oublierai pas, la première des guerres.
L’ONU décide le partage en 1947 de la terre en deux Etats, un Etat juif, un Etat arabe. Tout le peuple est descendu dans la rue, au comble de la joie et de l'allégresse pour chanter et danser. Il n’y avait qu’un seul homme triste à Jérusalem, il s’appelait David Ben Gourion. Il disait « aujourd’hui on danse, aujourd’hui on chante, demain le sang va couler .Le sang a commencé à couler avant même que nous puissions commencer à construire notre Etat , avant même que nous puissions mettre en place une armée. Cela a été une attaque de 40 millions d’Arabes face à 650 000 Juifs. Ils avaient sept armées, nous n’avions même pas une armée, ils avaient toutes les armes nécessaires, nous n’avions ni avion, ni tank, nous n’avions pas un canon digne de ce nom, nous avions à peine quelques dizaines de mitrailleuses, quelques milliers de fusils et des munitions qui selon les spécialistes militaires auraient pu suffire peut-être pour cinq jours. Selon toute logique, nous n’avions aucun espoir de vaincre, nous avons vaincu.
Le prix a été lourd, nous avons perdu les meilleurs de nos fils, nous étions fiers et nous pleurions dans nos cœurs. Et nous savions que ce n’était pas la fin de l’histoire, que ce n’était qu’une première bataille, et nous sentions déjà que l’on préparait la seconde attaque. Et les Russes fournirent alors des armes incroyables aux Arabes et beaucoup des pays qui avaient voté en faveur de la création d’un Etat Juif, refusaient de nous fournir des armes, des fusils pour nous défendre, et donc, ce ne sont pas de vains mots, que je dis ici, la France à ce moment-là s’est tenue à nos côtés de façon extraordinaire et inoubliable.
C’était la France de la Résistance et c’était Israël qui défendait sa vie. Je vais vous avouer, j’ai le sentiment que j’ai vraiment ici une grande chance, j’ai eu la chance de pouvoir faire une mitsva : venir après 60 ans pour dire au peuple français, pour dire aux dirigeants de la France, merci, merci de tout cœur.
Je ne considère pas cela comme un devoir qu’il faut remplir, non c’est un privilège, c’est un droit incroyable de pouvoir venir faire cela et je sens que je parle aussi en votre nom, quand je dis deux fois merci, une fois pour l’aide de la France à l’Etat d’Israël, et une deuxième pour les relations extraordinaires de l’époque d’Emile Zola et jusqu’aujourd’hui, pour tout ce qui touche le peuple juif et pour tout ce qui touche les Juifs qui vivent en France.
Nous regardons maintenant vers l’avenir. L’avenir oblige Israël à être un pays moderne, un pays de progrès, d’un point de vue scientifique, technologique. Nous n’avons pas de pétrole, nous n’avons pas d’eau mais Moïse nous a donné une tête. Aujourd’hui le pétrole permet la pollution ; il permet aussi de financer le terrorisme mondial. Le pétrole ne va pas tenir longtemps. Nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons du soleil et nous allons nous servir du soleil pour nous dédommager du manque de pétrole. En fin de compte, le soleil, il est plus permanent, il est plus démocratique, et puis le soleil n’est pas membre de la Ligue Arabe.
Nous allons coopérer avec la France, pour essayer de mettre en place des énergies alternatives, pour fabriquer de l’eau de manière scientifique. Nous avons été les premiers ici à acheter des mirages et vous voyez combien c’est bon, regardez aujourd’hui l’Airbus est commandé par l’Amérique. Et maintenant, nous avons fait un accord avec une société française pour créer une voiture électrique. Il y a déjà 16 pays qui veulent se joindre à nous, alors on pourra aussi se débarrasser du pétrole comme polluant.
Israël est un petit pays par son territoire, Israël n’est pas un grand pays du point de vue de la population, nous ne sommes pas un grand marché, nous ne sommes pas une grande industrie mais nous sommes un laboratoire mondial de premier plan.
Nous avons l’intention de vivre avec ce que nous avons et je crois qu’un petit laboratoire peut apporter énormément Nous sommes les premiers au monde pour l’agriculture, nous sommes les premiers au monde dans la fabrication de matériel médical, et c’est ce qui donne à Israël une réputation extraordinaire.
Et puis laissez-moi peut-être encore vous dire un mot sortant de l’ordinaire, moi je ne me laisse pas impressionner par l’antisémitisme. Vous savez l’antisémitisme est une maladie non juive. Et je propose donc à tous les peuples qui ont des malades, de les soigner.
Nous voulons vraiment être un peuple qui apporte et pas un peuple qui se justifie. Nous voulons prouver que même si le peuple juif est un petit peuple, son apport est immense depuis l’Antiquité et jusqu’aujourd’hui. Notre espoir c’est d’être anciens comme les 10 commandements et innovateurs comme la nanotechnologie. Il n’y a pas de contradictions entre les deux.
Et enfin, pour terminer, je tiens à dire que nous avons prié ensemble, que nous avons combattu ensemble, nous avons le droit de rêver ensemble et d’espérer ensemble pour être ce que nous avons été, ce que l’on nous a ordonné de faire, ce pourquoi nous avons été créés : être une lumière pour nous-mêmes et pour les autres.
Merci."