Le CRIF en action
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Publié le 13 Avril 2007

Simone Veil : Nous ne sommes jamais sortis de la déportation

La Fondation pour la Mémoire de la Shoah a organisé le 12 avril une soirée en l’honneur de Simone Veil, Présidente d’honneur de la FMS. Cette cérémonie très émouvante a eu lieu au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme. Après un texte de Paul Schaeffer, lu par Jean-Luc Landier, Directeur adjoint à l'administration et aux finances ; Anne-Marie Revcolevschi, directrice générale de la FMS ; David de Rothschild, Président de la FMS et Ady Steg, président de l’AIU ont rendu hommage à la fois avec sobriété et émotion à Simone Veil qui a présidé la FMS depuis sa création, de 2001 à février 2007.


L’ancienne présidente du parlement européen et ministre d’Etat, a dans un discours extrêmement touchant déclaré : « Nous ne sommes jamais sortis de la déportation ». Elle a parlé des difficultés pour les déportés de se faire entendre pendant longtemps et estimé que de toutes les hautes responsabilités qu’elle a exercées, « c’est la présidence de la FMS qui a le plus compté pour moi et à laquelle je me suis le plus donnée ».
Les participants à cette soirée ont eu le privilège de recevoir un recueil de discours prononcés par Simone Veil de 2002 à 2007 en sa qualité de présidente à la FMS et qui vient d’être édité dans la collection « Témoignages de la Shoah », édité par la FMS avec les éditions Le Manuscrit.
Le dernier des discours qui est inclus dans cet ouvrage de référence est celui qui a été prononcé par Simone Veil lors de la séance d’ouverture de la journée internationale de commémoration dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste à l’ONU, à New York le 29 janvier 2007.
Celle qui a été déportée à Auschwitz à l’âge de 17 ans avait alors déclaré : « Le temps n’y peut rien ; c’est toujours la même émotion qui m’étreint lorsque je suis amenée à prendre la parole pour parler de la Shoah. Comme tous mes camarades, je considère comme un devoir d’expliquer inlassablement aux jeunes générations, aux opinions publiques de nos pays et aux responsables politiques comment sont morts six millions de femmes et d’hommes, dont un million et demi d’enfants, simplement parce qu’ils étaient nés juifs. »
Simone Veil concluait son discours en ces termes : « Au delà des Etats et des institutions, il reste la part de responsabilité qui incombe à chacun et je tiens à vous donner un exemple qui me tient à cœur. Le 18 janvier dernier, Jacques Chirac, a rendu, au Panthéon, hommage aux Justes de France. Les « Justes » sont ces millier d’hommes et de femmes non juifs, honorés par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem pour avoir, pendant la Seconde Guerre Mondiale, sauvé des Juifs de la déportation. En France, 76000 Juifs ont été déportés, mais les trois quarts des Juifs de France ont été sauvés. Ils le doivent à ces milliers de Français qui les ont aidés et qui ont incarné le courage, la générosité, la solidarité.
Si j’évoque les Justes, c’est parce que je suis convaincue qu’il y aura toujours des hommes et des femmes, de toutes origines, et dans tous les pays, capable du meilleur. A l’exemple des Justes, je veux croire que la force morale et la conscience individuelle peuvent l’emporter.
En conclusion, et en me réjouissant que vendredi dernier, la résolution condamnant la négation de l’Holocauste ait été aussi pleinement approuvée, je forme les vœux les plus ardents pour que cette journée décidée par les Nations unies inspire à tous les dirigeants, à tous les hommes et femmes de par le monde, le respect de l’autre, le rejet de la violence, de l’antisémitisme, du racisme et de la haine.
Je souhaite solennellement vous redire que la Shoah est « notre » mémoire et « votre » héritage. »
Lors de cette soirée, à laquelle étaient présentes de nombreuses personnalités, Roger Cukierman, le président du CRIF, retenu par une émission de télévision, était représenté par Haïm Musicant, directeur général. Etaient également présents d’autres membres du CRIF dont certains exercent ou ont exercé des responsabilités au sein de la FMS : Ariel Goldmann ; Mireille Hadas-Lebel ; Henri Hajdenberg ; Serge Klarsfeld et Richard Prasquier.