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Mon Algérie à moi, c’est Bordeaux, 1963, et mes parents accueillant jour et nuit à l’aéroport de Mérignac les familles Zerbib, El Baz, Gomez ou Benichou et les aidant à se loger, à se reconstruire ;
Mon Algérie à moi, c’est Paris en 1965, nos gardiens/voisins, Monsieur et Madame Benhamou qui nous parlaient d’Oran, de Tlemcen et nous ont fait découvrir la cuisine et la musique d’Algérie ;
Mon Algérie à moi, c’est le Grand Rabbin Jais qui nous racontait ses souvenirs de Medea ou de Constantine ;
Mon Algérie à moi, c’est André Chouraqui ses écrits et son amour de Jérusalem ;
Mon Algérie à moi ce sont mes rencontres chez mon grand-père avec Manitou et ma participation, étudiant, à ses séminaires ;
Mon Algérie à moi c’est bien évidemment le Grand Rabbin Naouri, de Bône, et son fils Saül mon oncle dont l’érudition n’avait d’égale que leur bonté ;
Mon Algérie à moi ce sont tous ces responsables communautaires originaires d’Algérie, rencontrés au fil des années au FSJU et au CRIF, les Cohen Tenoudji, les André Charbit, les Charles Benyaya, les Charles Bunan, les Edgard Guedj, les Alfred Zemour, les Marc Zerbib, les Samy Ghozlan, les Raphael Drai… qui ont su chacun à leur manière faire honneur au Judaïsme algérien ;
Mon Algérie à moi c’est bien entendu la famille de ma femme, la famille Kamoun, dont le Grand Oncle le Rabbin Charles Kamoun qui a occupé une place si importante dans la vie juive d’Alger.
À partir d’aujourd’hui, notre Algérie à nous ce sera aussi ce mémorial dont l’édification fera date et permettra à ceux qui ne peuvent plus se recueillir sur les sépultures de leur proche, faute pour eux de pouvoir se rendre en Algérie, de le faire.
Permettez-moi de terminer cette prise de parole en citant le regretté Baron Alain de Rothschild, Président du Consistoire et du CRIF za’l, qui disait en 1962 lors de l’inauguration de la Synagogue Centre Communautaire de Villiers le Bel en s’adressant aux juifs rapatriés : « Vous apportez d’abord votre culture si liée traditionnellement à la culture française : vous apportez aussi un souffle nouveau de foi pure, fraîche et profonde. Grâce à vous nos vieilles communautés vont être vivifiées, un sang nouveau et une énergie nouvelle se répandront parmi nous.
Grâce à vous, notre religion, mère de toutes les autres, fera entendre encore plus haut son message de paix et d’amour : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis l’Éternel ».
Qui peut dire qu’il est profondément religieux, qu’il suit les préceptes divins, s’il ne répand autour de lui –chacun dans sa sphère suivant ses moyens- le bonheur et l’amour de son prochain, s’il ne répare l’injustice et n’aide ceux qui souffrent ».
La cérémonie d’aujourd’hui et tout le travail réalisé jour après jour par l’E.F.J.A et son président Georges Benazerah sont dans le droit fil de cet engagement.
Ariel Goldmann
Vice Président du CRIF et du FSJU