Le CRIF en action
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Publié le 3 Juillet 2014

Le djihadisme en réflexion au groupe UMP de l’Assemblée nationale

Le groupe de travail du groupe UMP chargé d’étudier les questions relatives au terrorisme et plus particulièrement aux dangers suscités par la montée du djihadisme a auditionné à l’Assemblée nationale le mercredi 2 juillet 2014, Marc Knobel, directeur des Études au CRIF, en présence de plusieurs députés dont Claude Goasguen et Pierre Lellouche, députés de Paris, Jacques Myard, député des Yvelines, Jean-Claude Guibal, député de Menton, notamment. Marc Knobel a évoqué plusieurs sujets qui retiennent l’attention des spécialistes, des observateurs et des institutions, dont le CRIF. 

Il est revenu sur la mouvance salafiste en France, éclatée et en perpétuelle évolution. Ces dernières années, elle a étendu son influence sur la quasi-totalité du territoire, notamment dans des villes moyennes comme Brest, Rouen ou Châteauroux. Il y aurait entre 12000 à 15000 salafistes en France. Par ailleurs, on compterait une cinquantaine de lieux de culte musulmans sous influence salafiste. Il s’agit de petites mosquées ou de salles de prières. Au sein de cette nébuleuse, les groupes locaux peuvent un temps se fédérer autour d’un imam influent. Mais, selon Le Figaro magazine du 31 mars 2012, seules… 30 mosquées sont sous surveillance en France (p.42).

Marc Knobel a évoqué également le vivier des islamistes radicaux susceptibles de passer à l’acte en expliquant comment s’effectuent le recrutement et l’endoctrinement des futurs djihadistes, d’abord sur l’Internet. La toile s'impose aujourd’hui comme le meilleur «sergent recruteur» des apprentis djihadistes européens vers la Syrie ou l’Irak. Il a parlé du prosélytisme islamique radical dans les prisons ou du maillage des salafistes dans certains quartiers dits « sensibles ». En 2014, quelque 150 éléments radicaux chercheraient à fanatiser une population carcérale qui compte de nombreux détenus musulmans. Mais, les appels sauvages à la prière ainsi que les regroupements sont plus discrets qu’auparavant, parce que l’administration pénitentiaire fait remonter les informations. Les islamistes cultivent donc une grande discrétion. À cet égard, l’administration pénitentiaire dispose d’un bureau central du renseignement qui compte une douzaine de fonctionnaires et des correspondants dans les établissements. Ce bureau suit environ 810 détenus, dont 250 en lien avec le terrorisme. Mais, moins d’une centaine de personnes font l’objet d’une surveillance pour des comportements en lien avec la mouvance islamique, selon Jean-Jacques Urvoas, Président de la commission des lois à l’assemblée. Dans son exposé, Marc Knobel est revenu sur les chiffres : le nombre de djihadistes issus de l’Union européenne et de France. Les services de renseignement estiment qu’au 10 juin 2014, 317 Français venus principalement du Nord-Pas-de-Calais, de la région parisienne, de l’Est, de PACA, combattraient sur le théâtre d’opérations syrien. Une fois sur place, 80% d’entre eux rejoindraient le Daech (l’État islamique), pour des raisons à la fois théologiques et pratiques, 138 seraient en chemin, 200 chercheraient par tous les moyens à s’y rendre, il y aurait 150 femmes et une quinzaine d’adolescents. Seulement, Gilles de Kerchove, le Coordinateur de la lutte antiterroriste a expliqué récemment que « les États connaissent seulement la moitié de ceux qui partent et souvent ils les repèrent une fois qu’ils sont arrivés en Syrie ». Enfin, Marc Knobel a insisté sur la prégnance de l’antisémitisme. Pour les djihadistes, ceux qui tuent des Juifs sont considérés « comme des martyrs pour la cause d'Allah ». Dans sa conclusion, il rappelé que les islamistes opèrent un vrai maillage du terrain qu’ils occupent. Au sein de ce périmètre, ils opèrent de façon méthodique, recrutant ainsi de nouveaux fidèles. De fait et dans l’Union européenne, il est essentiel que les autorités policières et judiciaires continuent de coordonner leurs renseignements.

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