Je le redis ici en toute clarté: le reportage de France 2 violait les règles de neutralité et d’équilibre qui sont inscrites dans la charte même de la chaine. Nous avons travaillé sur cette émission et nous le démontrerons au cours de notre entretien avec le Président de France Télévision le 2 novembre. Ce rendez-vous, contrairement à ce qui a un peu complaisamment été écrit est sans lien avec le rendez-vous de l’Ambassadeur d’Israël (le représentant palestinien a d’ailleurs déjà été reçu par M. Pfimlin). En effet, de quoi est-il question ? Certes d’une protestation contre une grille de lecture presque uniquement anti-israélienne d’un conflit extraordinairement compliqué. Mais il s’agit aussi des conditions d’existence d’un débat contradictoire rationnel, sans lequel la démocratie et la liberté d’expression ne sont que des mots vides de contenu. Le parti pris idéologique de responsables de l’information, qui l’exposent dans leur travail et dont l’émission en question est un exemple flagrant parmi d’autres, interpelle tous les citoyens de notre pays.
Certains journalistes font état des insultes et des menaces qu’ils ont reçues à la suite de l’émission « Un œil sur la planète ». Le CRIF n’a aucune part dans ces débordements qu’il réprouve complètement. Nous sommes bien placés pour connaître la virulence de certaines attaques qui dépassent souvent le supportable, parce que nous les subissons nous-mêmes. Il n’est que de lire les textes ignobles d’Europalestine à notre sujet. Le sectarisme n’est pas de notre bord et les amalgames non plus.
Notre lettre ouverte tire la sonnette d’alarme en faveur de la pluralité des expressions et nous ne comprenons pas par quel retournement mental cette demande élémentaire serait assimilée à une censure. Nous ne faisons qu’exercer notre droit de téléspectateurs et nous ne cherchons nullement à imposer une doxa particulière. Nous espérons que notre rencontre avec le Président de France Télévision sera utile non seulement pour la communauté juive, mais pour ceux dans notre pays qui sont attachés à une information équilibrée plutôt qu’à un discours militant.
Richard Prasquier
Président du CRIF
Photo : D.R.