Le CRIF en action
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Publié le 6 Août 2003

Message d’Alain Madelin, député d’Ile et Vilaine

Au cours de cette période, ce qui m'a frappé, c'est le courrier que j'ai reçu. Et dans ce courrier beaucoup de lettres me disaient : "Mais comment vous, Monsieur Madelin, vous pouvez être du côté des Américains, du côté des Israéliens, contre Saddam Hussein, vous qui n'êtes même pas juif !"



Comme s'il fallait être juif pour être du côté des droits de l'homme, pour être du côté d'un peuple qui se libère, pour lutter fermement contre le terrorisme et ceux qui l'alimentent en munitions, en argent, ou en paroles...

Et je voulais, au fond, vous rendre cet hommage involontaire de ces correspondants d'un jour : oui, il y a de ce coté là une vraie fierté à être juif, à être juif de France

Et voilà pourquoi je suis heureux d'être avec vous ce soir, au nom de l'histoire, au nom de la mémoire, au nom de ces liens tissés au fil des ans et des siècles, mais aussi parce qu'aujourd'hui nous avons plus que jamais les mêmes valeurs, les mêmes ennemis.

Ce n'est pas nous qui avons choisi nos ennemis, ce sont eux qui nous ont choisi. Nous avons les mêmes espoirs de paix, nous voyons Israël menacé, frappé par un terrorisme aveugle et trop souvent nous entendons comme un peu pour les Américains après le 11 septembre : "Finalement ils l'ont bien mérité, ils l'ont bien cherché..."

La vérité, c'est que pas plus que l'Amérique le 11 septembre Israël est frappé aujourd'hui pour ce qu'il fait ou pour ce qu'il n'a pas fait. Israël est frappé par ce qu'il est une démocratie dans un océan de dictatures, parce que Israël représente ces valeurs communes du respect de la liberté et des droits humains fondamentaux de la dignité de la personne. C'est ce message, le seul message qui offre un espoir et une chance de sortir de la misère et de l'oppression aux peuples qui souffrent autour d'Israël et c'est pour cela Israël est ressenti comme une menace, c'est pour cela qu'ils veulent abattre Israël.

Voilà pourquoi il faut appeler un terroriste, un terroriste ; un tyran, un tyran ; une démocratie par le nom qu'elle porte dans cette partie du monde, Israël.

Voilà pourquoi il faut faire des choix. Je n'accepte pas, pour ma part, cette politique diplomatique soi-disant habile qui prétend garantir la paix au nom de l'équilibre, celle qui câline Arafat, celle qui chouchoute les dictateurs irakiens père et fils, celle qui n'a cessé d'être bienveillante vis-à-vis de Saddam Hussein et qui n'a cessé de l'être que pour une cause indépendante de sa volonté. Parce qu'au nom de l'équilibre, moi, je ne mets pas dans le même camp, dans la même balance, le démocrate et le despote, le terroriste et le soldat.

Voilà pourquoi je n'accepte pas le procès permanent qui est fait à Israël, accusé, Israël au ban de l'ONU, au ban de la commission des Droits de l'homme présidée par la Libye avec la bonne grâce de la France. Voilà pourquoi je n'accepte pas Israël accusé à Durban dans ce qui aurait mérité au Secrétaire général de l'ONU le prix Nobel de la honte. Voilà pourquoi je n'accepte pas de voir ces pancartes dans les rues portées par ces professionnels des manifestations que l'on n'a jamais vu défiler contre les talibans ou contre Saddam Hussein mais qui aujourd'hui au nom, hélas, de la lutte pour le peuple palestinien, sèment une haine qui va parfois jusqu'à l'antisémitisme dans le plus profond de nos banlieues.

Alors, mes amis, assez de complaisance. Oui, le peuple palestinien, la communauté internationale en a ouvert la voie, a droit à un état mais pas à n'importe quel état, un état qui ne soit pas corrompu, un état qui ne soit pas despotique, un état démocratique, un état de droit, un état de liberté qui lui apporte la prospérité.

Et puisque de nouvelles routes de la paix s'ouvrent aujourd'hui, la France ne doit pas s'égarer comme elle s'est trop égarée hier. Elle doit se tromper ni de route, ni d'amis. La cause que nous défendons, c'est la vôtre. Notre ami, dans cette partie du monde, c'est Israël et la cause d'Israël est plus grande que l'État d'Israël car c'est la cause de la liberté et de la dignité de la personne dans le monde. C'est cette cause que vous défendez, que vous représentez nombreux aujourd'hui. Vous pouvez en être fier et je suis fier d'être à vos côtés.