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Publié le 12 Janvier 2010

Tertrais : cibler les Gardiens de la révolution, piliers du régime

Dans un entretien publié mardi 12 janvier 2010, sur le site Internet du journal Sud-Ouest, Bruno Tertrais, Spécialiste des questions stratégiques, plaide pour l'efficacité des sanctions contre le régime des mollahs. Extraits :




Croyez-vous à l'efficacité de sanctions que l'Iran subit depuis 1979 sans dommages apparents ?
Oui, j'y crois. D'abord, parce que les sanctions se jugent sur le long terme, comme on l'a vu pour la Libye ou l'Afrique du Sud, et celles qui peuvent gêner l'Iran ne datent que de 2006. Ces sanctions, prises par l'ONU et les Occidentaux, ont eu un impact sur le programme nucléaire en compliquant les approvisionnements. Et elles ont provoqué des débats au sein du cercle dirigeant à Téhéran sur la stratégie à suivre.



Quelles sont alors les sanctions efficaces ?
On peut envisager d'empêcher l'importation de produits pétroliers raffinés. Mais cela pénaliserait la population. De plus, l'Iran a réussi à réduire sa dépendance pour l'essence importée. Il serait plus légitime et efficace de cibler les Gardiens de la révolution, le pilier du régime.



La révolte des Iraniens contre le régime a-t-elle changé la donne sur le dossier nucléaire ?



Bien sûr. D'abord, elle montre que la population a d'autres priorités que le nucléaire. Mais elle a aussi compliqué la donne diplomatique : il devient difficile de tendre la main au régime alors qu'il réprime sa population. Les Occidentaux peuvent être tentés d'attendre en espérant un changement politique. Mais on a vu en 2005 - avec l'élection surprise d'Ahmadinejad - comme il était dangereux de faire ce type de calculs. Le plus raisonnable est de faire comme si le régime était là pour longtemps. De toute façon, rien ne dit qu'un autre mettrait fin au programme nucléaire. En attendant, on peut être inquiet de voir l'Iran incapable de prendre une décision stratégique, comme si le programme nucléaire était en « pilotage automatique » en raison des troubles intérieurs.



Photo (Bruno Tertrais): D.R.