Tribune
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Publié le 12 Janvier 2004

A quel jeu joue donc le MRAP ?

A quel jeu joue le MRAP ? L’organisation prétendument antiraciste a annoncé la semaine dernière qu’elle allait porter plainte pour injure raciste après la diffusion dans l’émission de Marc-Olivier Fogiel du message d’un téléspectateur protestant contre les dérapages antisémites de Dieudonné dans la même émission la semaine précédente.



Certes ce message SMS était rédigé en terme maladroit mais n’avait finalement rien de raciste. Le MRAP a d’ailleurs très discrètement retiré sa plainte, quelques jours seulement après en avoir annoncé bruyamment le dépôt.

Sur le ring médiatique cette technique s’appelle l’effet d’annonce. Le MRAP qui a revêtu pour la circonstance la tenue de l’arbitre anti-raciste, donne raison à Dieudonné contre Fogiel, comme s’il fallait chercher à tous prix à faire oublier la consternante prestation de Dieudonné et son antisémitisme obsessionnel.

A quel jeu joue donc le MRAP ? Pour en avoir une idée je vous recommande le très intéressant article publié cette semaine dans le Nouvel Observateur. Le 13 décembre dernier, lors du Conseil National du MRAP, il parait que le bateau a sérieusement tangué. Au sein même du mouvement, des militants ont fini par s’inquiéter des orientations pro-islamistes prises par le secrétaire général Mouloud Aounit. « Nous jouons un jeu dangereux » ont protesté ces militants qui ne comprennent pas le soutien de l’organisation aux fillettes voilées des cités, ainsi que la présence très voyante du MRAP aux côtés de Tarik Ramadan lors du dernier Forum Social Européen. « S’afficher ainsi aux côtés du prédicateur islamiste était une erreur » auraient estimé ces militants.

Une erreur, vraiment ? Et si cette présence au Forum Social Européen révélait au contraire la véritable nature de l’organisation qu’est le MRAP ? L’extraordinaire photo qui accompagne l’article (page 44 du Nouvel Observateur) est à cet égard cent fois plus explicite que tous les analyses et commentaires. Il faut saluer l’exploit du photographe qui a su saisir à la tribune les regards et les sourires de connivence échangés par l’islamiste Tarik Ramadan et l’apparatchik Mouloud Aounit. C’est un rare moment de vérité.

Clément Weil-Raynal

RCJ, lundi 12 janvier 2003