Le CRIF en action
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Publié le 21 Mars 2011

Le CRIF dénonce une production anti israélienne diffusée par Canal Plus

Meyer Habib, le vice-président, représentera le CRIF, lundi 21 mars 2011, à 18 heures, devant le siège de Canal Plus.




A l’appel de la Confédération des Juifs de France et Amis d’Israël, présidée par Richard Abitbol, une manifestation aura lieu 1, place du spectacle à Issy les Moulineaux.



Après Channel 4 en Grande Bretagne, Canal Plus diffuse à partir de ce lundi 21 mars « Le Serment », une série de quatre téléfilms orientée et remplie de stéréotypes anti israéliens et antijuifs.



Richard Prasquier n’a pas attendu que cette série soit diffusée pour écrire une lettre à Bertrand Meheut, président du directoire du groupe Canal Plus, avec une copie à Michel Boyon, président du CSA.



On lira ci-dessous la lettre du président du CRIF :



Monsieur Bertrand Meheut
Président du directoire du Groupe Canal +
1, place du Spectacle
92130 Issy-les-Moulineaux
Paris, le 18 mars 2011
Monsieur le Président,
Nous avons appris la diffusion sur Canal +, le lundi 21 mars 2011, à 20h50, du premier épisode de la série « Le Serment », réalisée par Peter Kosminsky et traduite de l’original « The Promise ».
En tant que président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France, je vous écris pour vous faire part de mes craintes les plus vives concernant ce téléfilm, qui a été accueilli par une grave polémique lors de sa diffusion en Grande-Bretagne sur Channel 4. Cette série n’est pas une retranscription des faits, mais une vision partiale et idéologique de l’Histoire.
On voit dans ce téléfilm de nombreux Arabes et soldats britanniques tués par des Juifs. À seulement une occasion dans tout le téléfilm, nous voyons une personne juive mourir, tuée alors qu’elle protégeait une famille arabe. Où sont par exemple représentées dans cette fiction les insurrections arabes contre l’armée britannique ? Pourquoi n’y a-t-il aucune explication de l’entrée en guerre de tous les Etats arabes environnants, qui ont rejeté le vote de l’ONU pour une solution de deux Etats, en essayant de rejeter les Juifs à la mer ?
Des parallèles sont faits entre l’attentat contre l’hôtel King David à Jerusalem et les attentats suicides des djihadistes contemporains. La série ne mentionne pas les coups de fils d’alerte qui ont été faits avant l’explosion. On insiste sur le massacre de Deir Yassin, sans mentionner l’attaque du convoi juif au Mont Scopus, qui a tué 70 infirmières et médecins.
Je vous présente cette liste limitée d’inexactitudes simplement pour vous montrer que le contenu du « Serment » n’avait pas pour but d’informer, ou de présenter une image vraie de la situation à l’époque.
Dans ce film, le spectateur voit le conflit israélo-palestinien, si complexe, uniquement comme la conséquence de la violence et de la cruauté des Juifs, qui sont représentés de manière si extrémiste que toute empathie envers eux est exclue.
Il s’agit là malheureusement d’une tendance lourde aujourd’hui : le récent massacre de la famille Fogel le vendredi 11 mars 2011, a été unanimement décrit par la presse comme celui cinq « colons » (y compris le bébé de 3 mois) et c’est là le résultat de la déshumanisation des Juifs dont ce film participe.
Le CRIF respecte la pluralité des opinions et n’entend censurer personne. Cependant, il souhaite que Canal +, chaine responsable et respectée, établisse de sérieuses recherches et présente un autre programme plus équilibré sur le même thème, car les implications de la diffusion de « Le Serment » peuvent être très graves. En tant que représentant d’un groupe déjà victime d’abus physiques et verbaux, je crains que les calomnies sur les Juifs dans « Le Serment » conduisent à la montée de l’antisémitisme qui s’exerce sous couvert d’antisionisme.
Nous demandons en outre à Canal + que les émissions soient précédées d’un bandeau bien visible qui indique aux spectateurs qu’il s’agit d’une œuvre de fiction engagée et discutée, et non pas d’une transcription historique.
C’est pourquoi aussi, je souhaite vous rencontrer dès que possible pour m’entretenir avec vous sur ce sujet.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
Richard Prasquier
Président du CRIF
Cc : Michel Boyon, président du CSA



Photo : D.R.