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On n’oubliera pas de si tôt l’émotion collective qui a presque submergé un personnel politique qui en a vu d’autres. Lorsque le président de la République et le directeur de l’école Otzar Hathora de Toulouse se sont étreints, la République en personne prenait à bras le corps le sort d’une communauté meurtrie dont l’anxiété est devenue le lot quotidien depuis que sévit le nouvel antisémitisme à visage islamiste. Je n’ai pas quitté des yeux non plus à la télévision le visage du président de la République quand l’assemblée a entonné la Hatikva, redevenue sœur de la Marseillaise, et quand le Premier ministre de l’État d’Israël a prononcé son allocution en forme d’avertissement à l’intention des antisémites de tout acabit puis portant profession de foi pour la pérennité d’Israël « appuyé sur au moins deux cents générations ».
Le président de la République se retrouvait là, placé devant une bouleversante évidence : la réalité tangible, infrangible, du peuple juif plus que bimillénaire dont une portion est devenue au cours de l’Histoire partie intégrante de la nation française et n’entend se désister d’aucune parcelle de sa citoyenneté. D’où cette question : tant d’effusions, n’est-ce pas trop beau? À ce propos, le procès en « double allégeance » qui pourrait être dirigé contre les citoyens juifs de France ne serait pas de mise, non seulement parce que l’état d’esprit qui l’inspire n’est pas le leur, mais surtout parce que, tant qu’à dénombrer les binationaux, il ne faudrait pas omettre ceux infiniment plus nombreux originaires du Maghreb jusqu’au Liban en passant par d’autres. La « realpolitik » ne va-t-elle pas néanmoins reprendre ses droits et la politique arabe de la France retrouver ses tropismes, ses œillères et sa langue de bois ? Dans un univers où nul n’est sûr de rien, « pas même du passé » disait un historien, qui peut prétendre gager l’avenir sur ses propres opinions ?
Les responsables de la République française prennent enfin conscience du danger qui la menace. Et pourtant, ce 1er novembre – qui pour beaucoup correspondait à une autre date douloureuse, celle du début de la guerre d’Algérie – il ne semble pas que la décision du président de la République de se trouver à Toulouse avec le Premier ministre d’Israël, dont il n’aura échappé à personne qu’il n’est pas du même bord idéologique que le sien, ne soit imputable qu’à un débordement d’affects. Elle procède plutôt d’une analyse non moins réaliste concernant les résultats effectifs de la fameuse politique arabe de la France et du prix qu’elle lui coûte réellement. Il semble que les responsables de la République française prennent enfin conscience du danger qui la menace dans ses fondements tels qu’ils sont énoncés dans sa Constitution et du risque quasiment mortel pris par la minimisation des agressions commises contre la communauté juive depuis le début des années 2000 au moins. Car la tuerie commise en mars par Mohamed Merah et les réactions erratiques qu’elle a suscitées étaient encore présentes dans tous les esprits lorsque la cellule terroriste de Jérémie Louis Sidney a été démantelée, à temps cette fois, attestant que les djihadistes recrutaient impunément aussi dans les couches d’origine chrétienne de la jeunesse française, les « recrues » étant passées par les camps d’endoctrinement et d’entraînement situés notamment en Tunisie et en Libye, à quelques encablures de Marseille.
D’où la réévaluation concomitante de cette saison ambiguë qualifiée de « printemps arabe » où progressivement l’islamisme le plus fanatique élargit ses zones d’influence et à l’intérieur de celles-ci son emprise irréversible sur les populations concernées.
La présence du président de la République à Toulouse lui vaudra des inimitiés profondes. Dans un pareil bourbier, comment l’État d’Israël n’apparaîtrait-il pas comme une zone sûre et stable en dépit de la haine et de la hargne que lui vouent des États ayant fait de la mort leur raison de vivre ou de ces intellectuels plus palestinophiles que Mahmoud Abbas en personne que n’habitent qu’une passion irrépressible : celle de l’erreur.
Car il ne faut pas douter non plus que la présence du président de la République à Toulouse, ce premier novembre, lui vaudra des inimitiés profondes, à commencer dans la population dite arabo-musulmane qui a voté massivement pour lui à l’élection présidentielle, sans parler des anti-israéliens du PS et du Front de gauche où le rôle délétère du Parti communiste n’est plus à démontrer.
Un véritable homme politique doit être capable de tels choix. Ce n’est pas seulement parce que, quoi qu’en en dise, Benjamin Netanyahou est à présent l’un des hommes les plus influents de la planète… C’est aussi parce qu’il représente un peuple ayant, lui, partie liée avec l’avenir et qu’il est temps que la France, au lieu de jouer au jeu aléatoire des quatre-saisons d’Arabie, s’engage résolument dans cette direction.
Au demeurant, ce choix est conforté par l’opinion publique française dont un sondage récent de l’IFOP qu’il faudrait analyser de très près (Le Figaro, 25 octobre 2012) démontre que pour toutes ces raisons l’image de l’islam s’y dégrade grandement et rapidement, ce qui nourrit bien des préoccupations pour l’avenir.
Article paru dans Actualité juive du 7 novembre 2012.