Tribune
|
Publié le 5 Mars 2013

Obama en Israël – amitiés et réalités

 

Par Freddy Eytan pour le CAPE de Jérusalem

 

Le Président des États-Unis sera reçu en grande pompe et avec tous les égards dus à la politesse et les respects du protocole. C’est naturel et normal pour accueillir le chef de la plus grande puissance de la planète, celui qui nous dicte l’ordre du jour mondial.

 

Obama a enfin choisi l’État juif pour marquer son premier voyage officiel à l’étranger. Il avait manqué le rendez-vous historique lors du précédent mandat et sans doute a commis une erreur stratégique en préférant Le Caire à Jérusalem. Obama n’a pas prédit la chute de Moubarak et la montée des islamistes comme il n’avait pas non plus réfléchi avant d’imposer un gel des implantations et d’exercer de fortes pressions sur le gouvernement Netanyahu. En fait, sa politique au Moyen-Orient a subi un échec cuisant. Au nom d’une politique pacifiste et naïve, Obama a perdu des alliés et a renforcé indirectement le camp chiite et les islamistes de la Tunisie à l’Irak en passant par la Syrie.

 

Les nominations de John Kerry et de Chuck Hagel ne pourront pas effacer complètement cette faiblesse dans la conduite des affaires. La Turquie par exemple, pourtant membre de l’OTAN, refuse toujours la médiation américaine pour tourner la page dans son contentieux avec Israël.

 

Certes, les relations bilatérales avec Washington n’ont pas été endommagées et sont mêmes particulièrement bénéfiques sur le plan stratégique et dans le domaine du renseignement, mais Obama, toujours téméraire dans ses raisonnements, vient en Israël pour relancer surtout le processus de paix, en témoigne sa visite prévue à Ramallah. Le gouvernement Netanyahou souhaite la reprise des négociations sans conditions préalables mais doute fortement des intentions sincères du chef de l’Autorité palestinienne. Son double jeu et ses récentes déclarations falsifiant notre Histoire trimillénaire sont criants et tout à fait probants. La proclamation de l’État palestinien à l’ONU, contrairement à l’avis des États-Unis et sans notre consentement, témoigne aussi mauvaise foi et faiblesse.

 

En ce qui nous concerne, il ne s’agit pas seulement de faire de nouvelles concessions, mais d’aboutir à un accord solide, du moins intérimaire, pour pouvoir écarter le lancement d’une Troisième Intifada encouragée par le Hamas, et de mettre un terme au boycott de l’État juif au sein des chancelleries et dans les instances internationales. Personne, ni même Abbas lui-même ne se fait d’illusions sur la fin définitive des hostilités et sur la signature prochaine d’un accord sur le statut final. Malgré les déclarations et les promesses, aucune réconciliation avec les frères ennemis du Hamas n’est en vue. Ce mouvement des Frères musulmans refuse catégoriquement de reconnaître l’existence même de l’État juif !

 

Pour consolider nos relations avec Washington et obtenir lors de cette visite une meilleure compréhension sur tous les aspects problématiques et sur les raisons de nos divergences fondamentales avec les Palestiniens, nous devrions trouver ensemble des solutions pragmatiques et utiles sur les plans sécuritaires et économiques. Toutefois, ceux qui croient toujours que le règlement du conflit avec les Palestiniens aboutirait immédiatement à la fin de la belligérance dans toute la région sont des irresponsables ou simplement des naïfs.

 

Comment ignorer aujourd’hui les réalités sur le terrain et toutes les turbulences qui agitent les pays voisins ? Quel rapport y a-t-il avec la chute d’Assad ou les manifestations contre Morsi en Égypte ? Quel lien existe-t-il entre le programme nucléaire iranien et les revendications des Palestiniens ?

 

Notre amère expérience avec les Accords d’Oslo et le désengagement de la bande de Gaza, ainsi que la générosité de nos précédents chefs de gouvernements, Barak et Olmert, envers Arafat et Abbas, n’ont donné aucun résultat positif. Le refus de gestes audacieux a plongé une grande partie des Israéliens dans le désespoir de ne pouvoir un jour aboutir à une paix viable.   

 

Dans ce contexte, il est important d’isoler le Hamas et de formuler avec Obama un accord séparé avec l’Autorité palestinienne et la Jordanie. Dans la même veine, et sous la direction des États unis, il est impératif de former un front stratégique régional qui permettrait à d’autres pays arabes sunnites pro-occidentaux de se rallier, tels que l’Arabie Saoudite et les Émirats du Golfe, riches en pétrole. Cette nouvelle coalition devrait inclure Israël pour combattre ensemble l’hégémonie menaçante de l’Iran, mais aussi soutenir un accord séparé en Cisjordanie sous les auspices du roi hachémite.