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Publié le 27 Décembre 2013

Le CRIF préoccupé par la « quenelle » : « On entend souvent dire que c'est un geste antisystème, alors que c'est un salut hitlérien inversé »

Depuis dix ans, l'humoriste et l'essayiste s'aventurent sur le terrain politique pour dénoncer la toute-puissance supposée du "sionisme": ils ont ainsi été les chefs de file d'une "liste antisioniste" aux européennes de 2009. Mais les "quenelles" prêtent alors le flanc aux accusations d'antisémitisme.

 

C'est l'avis du Président du CRIF, Roger Cukierman : "On est très préoccupés par l'impact de ce geste qu'on considère comme un salut nazi". "On entend souvent dire que c'est un geste antisystème, alors que c'est un salut hitlérien inversé, ce n'est pas une surinterprétation" de dire que c'est "antisémite", affirme Sabrina Goldman, avocate de la Licra. De là à aller en justice, il n'y a donc qu'un pas selon elle: "Juridiquement, on peut analyser ça comme une injure à caractère racial"... Même si l'avocate se demande "si un seul geste non accompagné de parole peut être poursuivi". Le terrain judiciaire semble instable en effet, comme le dit Roger Cukierman : "On ne veut pas aller au procès contre des gens si l'on risque de perdre"…

Dieudonné surfe sur une ambiguïté énorme: pour beaucoup de ses fans, peut-être même pour la majorité, l'aspect anti-système dépasse l'aspect antisémite

Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée visant le président de la Licra Alain Jakubowicz, précise Me de Stefano. Et une citation directe devant la 17e chambre correctionnelle le vise aussi. Il lui est reproché une lettre en date du 9 septembre adressée au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian dans laquelle il qualifie cette "quenelle" de "salut nazi inversé". L'avocat de Dieudonné menace aussi de plainte Roger Cukierman pour des propos similaires, et de manière plus générale, les personnes en "responsabilités" affirmant que le geste est ambigu…

 

Pour Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l'extrême droite, l'important est de voir "dans quel contexte" les gens se font photographier en faisant cette "quenelle". Lorsque c'est devant des lieux liés à la communauté juive, "cette simple expression est antisémite, ce n'est pas une expression antisioniste", d'après lui. Mais par-delà les interrogations idéologiques, M. Camus voit dans le succès médiatique de cette "quenelle" un succès de "marketing d'auteur, de comédien" pour Dieudonné et "d'écrivain-essayiste" pour Alain Soral…

 

Leur "business", comme l'appelle M. Camus, est possible selon lui parce que "Dieudonné surfe sur une ambiguïté énorme: pour beaucoup de ses fans, peut-être même pour la majorité, l'aspect anti-système dépasse l'aspect antisémite"…

 

Source : http://www.lepoint.fr/societe/quenelle-de-dieudonne-la-polemique-en-route-vers-les-tribunaux-26-12-2013-1774420_23.php