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Publié le 14 Février 2017

#Memoire - Francis Kalifat à la cérémonie du B'nai B'rith France en l'honneur des juifs sauveteurs de juifs durant la Shoah

Marcel Marceau, Leon Eligoulachvili et Joseph Eligoulachvili, Georges et Fanny Loinger, Nelly Willer et Rachel Grunstein, Liliane Lieber-Klein et Theo Klein ont été d’honorés lundi 13 février à Paris par le B’nai B’rith France, le Centre Mondial du B'nai B'rith à Jérusalem et le Comité pour la Reconnaissance de l'Héroïsme des Juifs qui ont secouru d’autres Juifs pendant la Shoah (JRJ). Tous ont joué un rôle particulier dans le sauvetage des juifs pourchassés durant la Seconde Guerre mondiale en France.
Lors de cette cérémonie emprunte d’une grande émotion ont été remis à ces héros juifs qui ont sauvé d’autres Juifs pendant la Shoah, aujourd’hui plus que centenaires, la « Citation du sauveteur juif ».
 
Devant un auditorium du Mémorial de la Shoah comble, la cérémonie organisée par le B’nai B’rith France en coopération avec le B’nai B’rith World Center de Jérusalem et le Comité pour la Reconnaissance de l'Héroïsme des Juifs a mis à l’honneur des juifs ayant sauvé des juifs durant la guerre.
 
Cette cérémonie de remise de la « Jewish Rescuer’s Citation » s’est tenue Mémorial de la Shoah sous la Présidence de Serge Dahan, Président du Bnai Brith France, en présence de la Représente du JRJ Madame le Docteur Tsilla Hershco de l’Université de Bar Ilan, historien de la résistance française, du Grand Rabbin Moshe Lewin représentant le Grand Rabbin de France Haim Korsia, de Monsieur Francis Kalifat Président du Crif, des Ambassadeurs d’Allemagne et de Bosnie, de Philippe Meyer, vice-président du B'nai B'rith France, du Président de l’OSE, Jean-François Gutman, et de nombreux Président(e)s et membres de Loges.
 
La cérémonie a été présentée par Albert Lipkowitz, Président de la Loge Shalom Haleichem et de la Commission Europe du B’nai B’rith France.
 
Après avoir rendu hommage aux Justes non-juifs pour leurs actions héroïques et historiques, Serge Dahan dans son allocution d’introduction s’est dit particulièrement fier et ému de pouvoir honorer des femmes et des hommes juifs qui ont, dans des conditions terribles, risqué doublement leurs vies pour sauver des vies d’autres juifs.
 
Il a rappelé à cette occasion le rôle majeur joué par les associations juives et les réseaux juifs français dans le sauvetage de milliers de juifs, dont de très nombreux enfants, qui ont ainsi pu échapper à la mort programmée par les nazis et leurs complices, et le travail permanent du B’nai B’rith dans ce travail de Mémoire qui constitue l’une des composantes essentielles de son ADN. 
 
Madame le Dr Tsila Hersho et le Grand Rabbin Moshé Lewin ont aux aussi évoqué l’importance capitale des actions menées par la résistance juive et par ces héros juifs, et l’importance de les mettre à l’honneur plus de sept décennies après leurs actes héroïques. 
 
Après qu’Albert Lipkowitz ait rappelé le passé et les actions menées par les neuf résistants juifs présents dans la salle ou représentées par des membres proches de leurs familles, s’en est suivie la cérémonie à proprement parlé de remise des Certificats à chacun d’entre eux.
 
Un moment intense et émouvant, en particulier lors des prises de paroles bouleversantes de ces Mensch présents sur la scène, véhiculant avec eux l'une des pages les plus fortes de notre histoire. 
 
Au final, cette très belle cérémonie aura contribué de mettre à l’honneur et de garder en mémoire cette résistance juive contre la barbarie et ces actes de fraternité absolue envers les leurs. Cette résistance est l’histoire et la fierté du peuple juif, et au-delà, de tous les défenseurs des valeurs humaines que ces femmes et ces hommes ont porté si haut et pour toujours. Leurs actions de sauvetage inoubliables portent en elles un message universel plus que jamais d'actualité.
 
 
Intervention de Serge Dahan, Président du B’nai B’rith France :
«Mesdames et Messieurs, Il y a 75 ans la barbarie nazie élaborait, lors de la conférence de Wannsee, les plans pour exterminer les Juifs européens A partir de ce moment se déchaîne contre les juifs la folie nazie, six millions d'êtres humains sont assassinés dans des conditions atroces. En France le pouvoir de Vichy va dès le 3 octobre 1940 publier le sinistre Statut des Juifs. Le 27 mars 1942 le premier convoi de déportation part de France. Les 16 et 17 juillet l’infâme crime de la rafle du Vel d'Hiv' Du 26 au 28 août les rafles de milliers de Juifs étrangers en zone libre.
 
Nous nous éloignons de ces événements mais sommes conscient de notre lourde responsabilité dans ce devoir sacré de mémoire et dans ce devoir de transmission pour que les nouvelles générations portent cette mémoire. Ce « devoir de mémoire »  exprimé par Primo Lévi et défini comme : « L'obligation morale de témoigner, individuellement ou collectivement, d'événements dont la connaissance et la transmission sont jugées nécessaires pour tirer les leçons du passé » . Elie Wiesel disait aussi « Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s'exposent à ce qu'elle recommence »
 
Ce devoir de mémoire est inscrit dans l’ADN du B’nai B’rith. Le B’nai B’rith, organisation juive créée aux Etats Unis il y a plus de 170 ans par des immigrés allemands victimes eux-mêmes d’antisémitisme, s’est naturellement fixée comme mission de travailler pour renforcer la communauté juive, combattre l’intolérance raciale et religieuse, soutenir l’Etat d’Israël, se mobiliser pour la conservation et la promotion de la mémoire du peuple juif Les B’nai B’rith est une ONG internationale présente à l’ONU, à l’Unesco et au Conseil de l'Europe qui milite et agit à travers le monde pour les droits de l’homme et contre l’intolérance raciale et religieuse.
Mesdames et Messieurs, Dans ces sombres jours du régime nazi il y eu ces femmes et ces hommes ces lumières de l’humanité qui dans une chaîne courageuse et solidaire ont sauvé ces vies de la déportation. Il y a ceux qui ont hébergé et accueillit des centaines de Juifs en fuite, il y a Le Chambon-sur-Lignon, il y a ces pensionnats religieux qui on caché des enfants juifs, il y a tous ces Français héros humbles et silencieux, Justes parmi les nations, ces non-Juifs qui ont aidé des Juifs au risque de leur vie et ont ainsi contribué à protéger ces juifs de la déportation. La France compte plus de 3760 Justes envers qui nous exprimons une nouvelle fois notre reconnaissance
 
Au delà de ces Français non-Juifs il y a eu une résistance spécifiquement juive, des juifs qui ont sauvé des juifs, à travers des réseaux composés de femmes et d’hommes d’exception près à risquer leur vie pour sauver d’autres Juifs
 
Je voudrais citer ici ces réseaux de résistance juifs : l’Armée Juive (AJ) qui aidait à ravitailler les détenus des camps d'internement ; le Mouvement de jeunesse sioniste (MJS) qui a agit pour faire sortir des internés des camps de détention et de les cacher ; l’Œuvre de Secours aux enfants. L'action de l'OSE pour le sauvetage des enfants juifs s'étendait à toute la France avec aussi son caractère médico-social important ; le Comité Amelot, principal recours pour les Juifs émigrés lorsque débutèrent les persécutions ; La Sixième-Eclaireurs Israélites de France, qui menait notamment des actions pour le sauvetage des juifs en zone occupée ; le Réseau Westerweel qui a assurait plusieurs transports d'enfants juifs venus d'Allemagne et d'Autriche ; les Aumôniers créant une chaîne de solidarité ; le Réseau Marcel qui sauva la vie de 527 enfants ; le Service André, Groupe d'action contre la déportation ; le réseau SF-WIZO qui s’est consacré à la sécurité des enfants menacés de déportation, plus de 1 000 enfants ont été pris en charge ; l’Hôpital de la Fondation Rotschild qui a fait évader et placer des enfants parmi les détenus juifs qui avaient été transportés à la Fondation pour une brève hospitalisation. 
« Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Et si je ne suis que pour moi, qui suis-je ? Et si pas maintenant, quand ? » Hillel, Maximes des Pères. Et c’est bien construit sur cette maxime que le B’nai B’rith France, le Bnai Brith World Center à Jérusalem et le Comité pour la Reconnaissance de l'Héroïsme des Juifs qui ont secouru d’autres Juifs pendant la Shoah ont souhaité mettre en lumière les Juifs qui ont aidé d’autres Juifs lors de cérémonies pour la « Citation du sauveteur juif » créée en 2011. À ce jour, 162 héros ont été honorés pour leurs activités de sauvetage en Allemagne, en Hongrie, en Grèce, en Slovaquie, en Yougoslavie, en Russie, en Pologne et en Hollande.
 
Aujourd’hui, le Bnai Brith France, le Bnai Brith World Center à Jérusalem et le Comité pour la Reconnaissance de l'Héroïsme des Juifs qui ont secouru d’autres Juifs pendant la Shoah ont décidé d’honorer à Paris, dans ce lieu de mémoire, Mémorial de la Shoah, 9 juifs sauveteurs de juifs qui durant la Seconde Guerre mondiale en France ont joué un rôle particulier dans le sauvetage des juifs
 
C’est donc pour moi un motif de très grande fierté et d’intense émotion que d’ouvrir cette cérémonie de remise de cette « Citation du sauveteur juif » directement ou à leurs proches à Marcel Marceau, Leon Eligoulachvili et Joseph Eligoulachvili, Georges et Fanny Loinger, Nelly Willer, Rachel Grunstein, Liliane Lieber-Klein et Theo Klein
Avec cette cérémonie c’est un hommage à l’histoire de ces femmes et de ces hommes qui par leur courage et leur détermination ont œuvré à la sauvegarde du peuple juif en s’opposant debout à la haine et à l’antisémitisme. Ces femmes et ces hommes courageux et engagés sont les héritiers du message de Jean Moulin dans Premier combat « Je ne savais pas que c'était si simple de faire son devoir quand on est en danger »  et c’est cette leçon que je vous propose de retenir à l’occasion de cette cérémonie. Cette leçon transmise par ces sauveteurs juifs qui nous rappelle que devant l'extrémisme, la haine, il n'y a qu'une attitude faire son devoir par le refus, l'intransigeance et la lutte. Il nous faut donc aujourd’hui plus qu’hier lutter contre le négationnisme et contre toutes les formes de l'antisémitisme. Merci à vous Héros Juifs qui avaient secouru d’autres Juifs »