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Publié le 25 Février 2019

Crif - La Commission Relations avec les Elus a reçu François Baroin, ancien Ministre et Maire de Troyes

La Commission Relations avec les Elus a récemment reçu François Baroin, ancien Ministre, Président de l’A.M.F, et Maire de Troyes.

La Commission Relations avec les Elus, présidée par Bernard Gahnassia, a reçu François Baroin, ancien Ministre, Président de l’A.M.F,  Maire de Troyes.

« J’ai reçu il y a quelque temps, Roger Cukierman à Troyes, et comme vous le savez c’est une ville qui compte beaucoup pour la communauté juive. Troyes est une référence pour les juifs du monde entier avec « Rachi », et nous sommes fiers de pouvoir « revendiquer » cet héritage. La commune est une fille de la révolution française. La Commune rassemble et est devenue une référence pour tous les français. 

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Qu’est-ce qui nous rassemble ? Ils sont au quotidien les acteurs des valeurs de notre République. Ils en sont ses fantassins. Ils font vivre notre devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » et mettent en oeuvre quotidiennement avec leurs équipes municipales, notre pacte social. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme dans l’espace public en font partie. La lutte contre les discriminations, notamment dans nos services publics ou dans nos écoles ne sont pas acceptables. La contestation des faits historiques dans certaines écoles par exemple n’est pas acceptable. Les valeurs fondamentales de notre pays, permettant de garantir l’unité nationale, ne doivent pas être remise en cause. La loi doit être respectée. Il ne faut rien lâcher, et le Président des Maires de France comme tous les élus municipaux ont chevillé au corps cette responsabilité.

Les discriminations, le racisme, et l’antisémitisme, doivent être pénalement sanctionnés. Nous devons comme Maire, aux côtés de l’Etat, réaffirmer constamment notre volonté de combattre toute atteinte ou remise en cause de nos valeurs communes. Nous ne pouvons accepter la remise en cause de la tranquillité publique ou de l’ordre public. Sur ces sujets, l’Association des Maires de France est et sera toujours en soutien des politiques menées par l’Etat. 

Les Maires ont été confrontés ces dernières années à de multiples remises en cause de notre pacte républicain. Ainsi pour les aider en 2015, l’Association des Maires de France a publié après de nombreuses consultations, un Vade-mecum de la laïcité. L’Association des Maires de France avait ainsi pris ses responsabilités en proposant un référentiel mais aussi en questionnant les services de l’Etat sur certaines difficultés rencontrées par les communes dans la mise en oeuvre pratique et quotidienne. Différents sujets ont été évoqués :  les créneaux horaires des services publics, comme les piscines, la neutralité des bâtiments et des services publics, l’application de la loi qui interdisait le voile à l’école. Nous avons la conviction que la laïcité est une liberté qui permet à chacune et à chacun de vivre sa religion. La laïcité permet aussi à l’Etat et aux collectivités publiques de se tenir à égale distance de toutes les religions. La laïcité est ainsi un élément de la neutralité républicaine. La religion relève de l’intime, cela ne doit pas aller dans la sphère publique. 

Que se passe-t-il au niveau de l’Etat ? 

La question des dotations de l’Etat aux collectivités locales est au coeur des discussions et des revendications que l’Association des Maires de France portent auprès du Gouvernement. Ces revendications ont toujours existé, sous ce gouvernement comme sous les précédents. Ces dotations aux collectivités locales sont des moyens financiers que l’Etat doit aux communes, aux départements et aux régions. Ces dotations visent à financer des services publics, à mettre en oeuvre des politiques publiques et à développer nos territoires. Ces dotations sont aussi la contrepartie financière des missions ou services que l’Etat a transféré aux collectivités locales. Les Maires ne contestent pas la nécessité de participer à la réduction des déficits publics, néanmoins, je veux rappeler que les collectivités locales ne peuvent voter leur budget en déséquilibre, contrairement au Budget de l’Etat ou au Budget de la Sécurité Sociale. Les collectivités locales connaissent le principe de la règle d’or. Les instances de l’Association des Maires de France représentatives de la pluralité politique, territorial et géographique de notre pays, ont alerté les Gouvernements successifs sur les conséquences négatives pour notre économie de la réduction drastique des dotations aux collectivités locales. La baisse de ces dotations a mis un coup d’arrêt aux investissements publics, lesquels sont essentiellement pour ne pas dire exclusivement portés par les collectivités locales. Nous avons la conviction, qu'aucun territoire ne peut se développer sans investissement. Au cours de ces 4 dernières années nous avons perdu 30% d’investissement, c’est beaucoup.

Bercy a publié cette année la liste des communes qui ont augmenté la taxe d’habitation. Sur ce point, nous avons exprimé avec force et conviction notre mécontentement au Président de la République et au Premier Ministre. Nous ne pouvons accepter être ainsi stigmatisés. Les communes ne sont pas des succursales de l’Etat. La libre administration des collectivités locales est un principe constitutionnel. Cette libre administration permet aux communes, aux départements et aux régions de porter des projets de développement dans leurs territoires. Cette stigmatisation ne tient pas compte des projets locaux et des considérations de nos territoires, elle est une remise en cause de la décentralisation et conduit à une forme de populisme que nous pouvons accepter. Je veux rappeler que la grande majorité des maires sont bénévoles et servent quotidiennement avec passion, dévouement et surtout responsabilité leurs administrés et leurs territoires. 

Que pensez-vous de la décision d’enseigner l’arabe à l’école ?

Le Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse est un grand ministre. Jean-Michel BLANQUER a développé quelques principes simples dans l’intérêt de la formation et de l’éducation de nos enfants. Je veux citer par exemple, le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les réseaux d’éducation prioritaire. Les communes ont accompagné matériellement ce dédoublement des classes de CP et CE1, néanmoins la facture est lourde pour les budgets des communes. Concernant, l’enseignement de l’arabe en classe de primaire, comme d’autres langues étrangères, celui-ci est proposé aux familles par le Ministère de l’Education Nationale. Ces enseignements relèvent de la compétence des services de l’Etat et sont organisés sous leur responsabilité. Les communes mettent leurs écoles à la disposition des services académiques pour tous les enseignements obligatoires et facultatifs prévus par les programmes scolaires. La responsabilité des Maires est celle-ci et uniquement celle-ci. 

Que pensez-vous de l’augmentation des emplois dans les collectivités locales ?

Le transfert de compétences de l’Etat vers les Collectivités Territoriales a entrainé un transfert des personnels vers la fonction publique territoriale. Je veux néanmoins préciser que cette vague de transfert a été compensée par une rationalisation des missions et des personnels dans les collectivités locales. Dans de nombreuses collectivités, les effectifs des personnels territoriaux sont maitrisés par des départs en retraite ou des départs volontaires. Il est aussi important de rappeler que les fonctionnaires territoriaux sont des hommes et des femmes en charge de missions de service public et donc au service de nos administrés et nos territoires. 

Concernant la montée de l’antisémitisme actuel, le CRIF a un rôle majeur sur l’expression et sur ce que ressentent les juifs en France. Il faut que tous les acteurs soient mobilisés notamment dans la lutte contre les « fakenews ». Le CRIF peut compter et s’appuyer sur les maires de France, lesquels sont les premiers fantassins de la République sur tout le territoire national.  L’appel au retour en Israël n’est pas bon, je ne peux pas imaginer la France sans les juifs. L’histoire de France c’est aussi l’histoire des juifs en France. Il ne faut rien laisser passer, ne jamais céder et surtout ne jamais démissionner. Les pouvoirs publics doivent tout mettre en oeuvre afin de garantir dans le respect de l’ordre public, l’expression des convictions personnelles, philosophiques et religieuses. Il est de notre responsabilité collective de garantir nos libertés et nos valeurs fondamentales que nous devons avoir en partage.