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Publié le 14 Mai 2019

Israël/Actu - Le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem : un an après

Le 14 mai 2018, les États-Unis transféraient leur ambassade en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. D’autres chefs de gouvernement envisageaient d’imiter l’initiative américaine. Un an plus tard, qu’en est-il réellement? Le Figaro fait le point.

Publié le 14 mai dans Le Figaro

 

 

À contre-courant des positions de la communauté internationale, les États-Unis creusaient il y a un an le premier sillon pour la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. C’est en grande pompe d’un côté, dans un bain de sang à la frontière de la bande de Gaza, qu’avait été inaugurée le 14 mai 2018 l’ambassade américaine en Israël, transférée de Tel Aviv à la ville Sainte. D’autres pays avaient alors signalé leur intention de déménager. Mais un an plus tard, force est de constater que ces grandes annonces n’ont pas été suivies de réels effets. Jérusalem n’a officiellement accueilli qu’une seule autre ambassade: celle du Guatemala.

Le statut de Jérusalem est disputé depuis la création d’Israël en 1948. Pour l’État hébreu, la ville est liée au peuple juif depuis 3000 ans. En 1967, Israël annexe la partie est à l’issue de la Guerre des Six Jours. Aujourd’hui encore, l’Onu considère Jérusalem-Est sous occupation israélienne. Les Palestiniens estiment de leur côté que Jérusalem est leur capitale depuis la proclamation de leur État en 1988. Dans les faits, le siège du gouvernement palestinien se situe à Ramallah, au nord de Jérusalem. Quant à Israël, les capitales étrangères préférent installer leurs ambassades à Tel-Aviv, capitale économique, tant que le statut de Jérusalem n’est pas résolu par la négociation. La décision du président américain n’aura pas réussi à changer cet état de fait.

L’Amérique du Sud divisée

Le 16 mai 2018, le Guatemala emboîtait le pas de Donald Trump. Son président Jimmy Morales y voyait le moyen de resserrer les liens avec les États-Unis et de conforter les relations extrêmement fortes avec Israël depuis 70 ans. Le Guatemala a été le deuxième pays du monde, après les États-Unis, à reconnaître Israel en 1948. La religion du chef de l’État guatémaltèque, évangélique, pèse aussi dans ce choix politique: les évangéliques estiment que la reconstruction d’un temple à Jérusalem par les juifs est censée faciliter le retour du Christ.

Le Paraguay a lui fait marche arrière, à la faveur d’un nouveau président. Le 21 mai 2018, le président Horacio Cartes inaugurait l’ambassade à Jérusalem. Mais le nouveau dirigeant Mario Abdo Benitez, entré en fonction à la mi-août, annonçait le mois suivant le retour de son ambassade à Tel-Aviv. En représailles, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a rappelé l’ambassadeur d’Israël au Paraguay. Immédiatement, en guise de «marque d’estime pour la position courageuse du gouvernement paraguayen», les Palestiniens décidaient d’ouvrir une ambassade à Asunción, capitale de l’État sud-américain.

Le Honduras s’était prononcé en faveur d’un déménagement, qui n’a pas encore eu lieu. Le président Juan Orlando Hernandez a fait savoir en mars dernier qu’un bureau commercial s’installerait à Jérusalem en guise de première étape. «Ce sera une extension de notre ambassade à Tel Aviv», avait-il déclaré dans un communiqué. Au Brésil, Jair Bolsonaro avait promis lors de sa campagne de procéder au transfert de leur ambassade dans la ville sainte. Le candidat brésilien bénéficait d’un fort soutien des évangéliques. Finalement, le président Bolsonaro a annoncé fin mars, lors d’une visite en Israël, l’ouverture d’un bureau diplomatique. Le Brésil étant le premier exportateur mondial de viande halal, le chef d’État n’a pas souhaité rentrer en conflit avec les pays de confession musulmane.

Ailleurs, des actes discrets de représentation

C’est en toute discrétion que l’Australie a ouvert en mars un bureau de commerce et de défense à Jérusalem. Selon Canberra, ce bureau n’a pas de statut diplomatique officiel: le gouvernement se montre prudent depuis le tollé provoqué par les annonces du premier ministre en décembre dernier. Scot Morrison avait officiellement reconnu Jérusalem-Ouest comme capitale d’Israël et s’était engagé à y déménager son ambassade. La menace, notamment, de l’Indonésie de rompre un accord bilatéral avait poussé le premier ministre australien à rétropédaler.

Les dirigeants européens ont dans la grande majorité condamné le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, dont la reconnaissance en tant que capitale de l’État hébreu est contraire au droit international. Certains pays aux voix dissonnantes ont donc opté pour une représentation d’une portée symbolique moindre. C’est le cas de la République tchèque qui a ouvert une Maison tchèque à vocation commerciale dans la ville sainte, et dénuée de mission diplomatique. À l’inverse, la Hongrie a ouvert en mars un bureau commercial dont le statut diplomatique est assumé par le gouvernement.

La première ministre roumaine, Viorica Dăncilă, s’est attiré les foudres de son président en annonçant le 24 mars le tranfert à venir de leur ambassade à Jérusalem. Klaus Iohannis a immédiatement dénoncé une ingérence dans ses attributions, rappelant qu’il était le seul habilité à prendre une telle décision. La Slovaquie et la Lituanie ont récemment fait savoir qu’il envisageait l’ouverture de missions à Jérusalem. L’Union européenne a pourtant répété récemment que ses membres respecteraient le consensus international et continueraient de s’opposer à l’nstallation de missions diplomatiques à Jérusalem.