Lu dans la presse
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Publié le 8 Juillet 2020

France - Joseph Kessel, chasseur d’horizons, à l’honneur dans "La Grande Table d’été"

A l’occasion de son entrée dans « La Pléiade », France Culture propose une approche originale de l’œuvre protéiforme de l’auteur des « Cavaliers ».

Publié le 8 juillet dans Le Monde

Quelle merveilleuse idée, pour accompagner la sortie de son œuvre dans la prestigieuse collection « La Pléiade « chez Gallimard, que d’imaginer cette « Table d’été » autour – et même presque avec, tant il se donne ici à entendre – de Joseph Kessel (1898-1979). Académicien, grand reporter, résistant, il est l’auteur de romans connus de tous – puisque souvent enseignés : de Belle de jour (1928), dont Buñuel tira un film devenu culte, au Lion (1958) en passant par Les Cavaliers (1967).

Pour évoquer cet homme inclassable, séduisant séducteur, auteur de quelque quatre-vingts livres, trois invités : Serge Linkès, qui a dirigé l’édition en deux tomes de « La Pléiade « ; Gilles Heuré, journaliste qui, après s’être occupé de l’édition « Quarto », publie un Album Kessel, et Dominique Missika, autrice d’Un amour de Kessel (Seuil).

Homme sans frontières

Comme le rappelle Gilles Heuré, pour Kessel, « le style est une machine à crémaillère » – il est donc hors de question de « laisser le lecteur en plan ». Parmi les auteurs que Kessel admirait : Dumas, Maupassant, Dostoïevski ou encore Tolstoï (Guerre et paix était sa bible). S’il considérait perméables les frontières entre reportage et roman, il n’est pas certain que son style hyperbolique, si bien accueilli par Pierre Lazareff alors directeur de Paris-Soir, soit encore toléré dans les colonnes des journaux d’aujourd’hui…

Son insatiable curiosité l’emmène d’Afghanistan au Yémen, de Syrie en Ethiopie puis en Chine. En Israël aussi, dès la création de l’Etat hébreu, en 1948 : il rappellera son identité judaïque lors de son entrée à l’Académie française, en 1962.

Homme sans frontières, Kessel est, selon la belle expression de Gilles Heuré, « un chasseur d’horizon », et sa vie une aventure dans un siècle de guerres et de révolutions. « Plus long le chemin, plus riches ses promesses », disait-il. Excessif, intimidant, auteur d’une œuvre multiforme et hétérogène, c’était aussi, comme le rappelle Olivier Weber, auteur d’un Dictionnaire amoureux de Joseph Kessel (Plon, 2019), un homme doué d’une profonde empathie. C’est donc heureux que, voyageurs immobiles mais auditeurs attentifs, nous partons un peu avec lui grâce à cette belle émission.


« La Grande Table d’été », présenté par Olivia Gesbert, réalisé par Alexandra Longuet (72 min). Disponible sur le site de France Culture et sur les plates-formes de podcast.