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Publié le 21 avril dans Le Parisien
« Je vais être franc avec vous ». Cette phrase, Emmanuel Macron l'a répétée à de nombreuses reprises pendant les deux heures et dix minutes d'audioconférence avec les autorités spirituelles du pays. Toutes les grandes religions étaient représentées ainsi que les différentes loges maçonniques. D'emblée, le président a été très clair : les lieux de cultes ne rouvriront pas le 11 mai, mais peut-être début ou même mi-juin en fonction de l'évolution de la situation.
« La pire des choses serait de rouvrir trop vite, trop fort et d'être ensuite amené à refermer », a expliqué Emmanuel Macron. Et aucun grand rassemblement — religieux ou autre — ne sera autorisé avant la fin de l'été. « Toute action impose la prudence, a développé le chef de l'Etat, les choses changent chaque jour, il faut avoir de l'humilité. »
Emmanuel Macron a d'ailleurs demandé aux responsables spirituels de participer à l'explication de tout cela auprès des Français. Le grand rabbin Haim Korsia, François Clavairoly président de la fédération protestante de France, Éric de Moulins-d'Amieu de Beaufort président de la Conférence des évêques de France, Mohammed Moussaoui président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Olivier Reigen Wang-Genh pour le culte bouddhiste, et les grands maîtres des différentes loges maçonniques ont tous pris la parole les uns après les autres.
Selon plusieurs participants, il y a eu un point commun à chacune des interventions : une demande à ce que le gouvernement prête davantage d'attention aux plus faibles, aux plus fragiles. A cet égard, la restauration d'un droit de visite dans les Ehpad, et à l'hôpital auprès des mourants, a été saluée par plusieurs intervenants.
Emmanuel Macron a aussi profité de cet échange pour livrer sa vision de la difficulté du moment. Pour lui, les Français sont dans une « aspiration paradoxale, dans une tension entre l'envie de retrouver leur liberté, leur vie d'avant, et en même temps la peur du virus. Toute l'action gouvernementale doit être pensée en fonction de cette injonction », a lancé le chef de l'Etat. Puis Emmanuel Macron a développé avec cette prédiction quasi philosophique : « On ne retrouvera pas la vie d'avant, a-t-il asséné, mais nous devrons essayer de garder le sens de ce que cette suspension (NDLR : le confinement) nous a apporté ».
Un participant décrypte : « Emmanuel Macron trouve que cette période montre que les Français sont un grand peuple, capable de solidarité et de discipline, et ça il faudra le conserver dans le monde d'après ». Un peu plus tard, le chef de l'Etat a eu cette autre phrase, sombre : « Nos sociétés réapprennent à vivre avec leur finitude ». Mais les échanges ont aussi porté sur l'espérance. Le grand rabbin de France, Haim Korsia conclut : « C'était beau de voir tout le monde espérer ensemble ».