- English
- Français
Publié le 29 janvier dans i24News
À l’entrée, un arbre à encens disposé sur le mur donne le ton: les arômes et les épices caractérisent la culture yéménite. Ils ont notamment joué un rôle prépondérant dans les échanges commerciaux en étant les principales exportations du royaume d’Arabie.
Le visiteur prend part à cette expérience des sens tout au long du parcours. En effet, l’encens, la myrrhe et le baumier lui sont donnés à sentir pour mieux comprendre l’importance qu’ils ont eu dans la création du lien fort entre l’ancienne Arabie du sud -l'actuel Yémen- et Israël, séparés de 2.400 kilomètres.
"Bien que le royaume d’Arabie soit éloigné, exotique et de culture étrangère, nous avons voulu montrer que ses liens avec la Terre d’Israël étaient bien réels et qu’il représentait une véritable plaque tournante commerciale dans la région,” a déclaré Oree Meiri, l’une des commissaires de l’exposition à i24NEWS.
À la fin du IVe siècle de notre ère, les rois de Himyar - le dernier grand royaume d'Arabie du sud avant l'avènement de l'islam - ont adopté un monothéisme d'inspiration juive comme religion officielle.
Au cours des cent premières années de domination musulmane, de nombreux juifs travaillaient dans le commerce international, principalement dans la ville portuaire d'Aden. Dans le même temps, ils avaient établi des liens avec les communautés juives de Babylonie, d'Égypte et d'Israël.
Parmi les objets anciens exposés, dont certains n'ont jamais été vus du public auparavant, on peut admirer des brûleurs d’encens, des manuscrits du Cantique des cantiques, le livre d’Esther avec une traduction en judéo-arabe, des bijoux, une statuette composée de deux chameaux, -seuls moyens de transport des épices- et des pièces de monnaie.
Les photographies de Naftali Hilger -qui s'est rendu au Yémen à plusieurs reprises jusqu'au début de la guerre civile en 2015- font également partie intégrante de l’exposition. Elles documentent des paysages à couper le souffle et des instants de la vie quotidienne et religieuse de la petite communauté juive restée au pays.
Dès leur arrivée en Israël, pour la grande majorité entre 1949 et 1950, grâce à l’opération clandestine "Tapis volant", les Juifs originaires du Yémen ont importé et conservé des traditions uniques, qui leurs sont propres, mises en lumière dans cette exposition.
"Au fur et à mesure de votre découverte des salles, vous vous rendez compte qu'elle sont empreintes d'histoires personnelles sur plusieurs générations. C'est ce qui rend cette exposition si authentique. Nous avons choisi de mettre l’accent sur la beauté, la force et la richesse de la culture juive yéménite, et non sur les persécutions et les tragédies dont ils ont été victimes," a déclaré Amanda Weiss, la directrice du musée Bible Lands à i24NEWS.
Une coutume ancienne préservée par la communauté juive du Yémen jusqu'à il y a quelques générations était notamment de faire la bénédiction sur les épices lors de la Havdala à la fin du Chabbat "pour bénir sur ce qui est terminé."
L’importance et l’influence de l’héritage yéménite sont bien présentes au sein de la société israélienne et s’observent essentiellement dans l’orfèvrerie, les broderies mais aussi dans l’art culinaire.
"Les robes que portent les femmes pour les cérémonies de henné, pendant leur mariage, confectionnées avec des tissus colorés et ornées de bijoux traditionnels, reflètent les racines yéménites. En ce qui concerne la cuisine, les épices fortes sont énormément utilisées en Israël et évidemment très appréciées," souligne Amanda.
Un panorama incroyablement riche et lumineux qui offre une perspective complète d’une culture traditionnelle qui s’inscrit inévitablement dans l’époque actuelle; une sublime rencontre qui allie passé et présent, à la croisée du temps et de l’Histoire. À ne surtout pas manquer!