Tribune
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Publié le 30 Janvier 2013

Égypte : retour sur une révolution qui sauvera La Révolution

 

Par Dario S. pour MediArabe

 

Les 600.000 Frères musulmans ne peuvent pas représenter les 85 millions d’Égyptiens.

 

Dès le 3 janvier dernier, le colonel Omar Afifi a appelé les Égyptiens à se préparer pour faire face aux islamistes et les empêcher de confisquer la révolution du 25 janvier. Dans une vidéo tournée à visage découvert, Afifi a appelé les Égyptiens à s’organiser en petits groupes, à se préparer physiquement à la confrontation. Il serait à l’origine des Black Bloc qui incendient les permanences des Frères musulmans, depuis vendredi dernier.

 

Dans la  vidéo, Afifi a traité le président Mohamed Morsi et le Guide des Frères musulmans, Mohamed Badih, de tous les noms, les mettant au défi de le poursuivre en justice, s’ils en ont le courage... Le colonel, à visage découvert, a mis en garde contre « les dangers des Frères musulmans, qui ne représentent que 600.000 individus en Égypte, sur 85 millions d’habitants. Mais leur virulence est telle qu’ils s’apprêtent à confisquer le pouvoir, exactement comme les mollahs iraniens l’avaient fait dès la chute du Chah d’Iran. Les religieux n’ont pas hésité à exécuter les révolutionnaires laïques pour s’octroyer l’ensemble des pouvoirs. On a vu ce qu’est devenue la République islamique », a-t-il insisté.

 

Pour ne pas en arriver là, et pour lutter contre la menace islamiste, Afifi a appelé les jeunes Égyptiens à « s’organiser en petits groupes mobiles pour effrayer les Frères musulmans, qui ne sont qu’une poignée ». Pour lui, « leur puissance tient uniquement à la peur qu’ils répandent dans la société, en toute impunité, grâce au discours religieux. Il suffit de leur résister pour les effrayer ». De ce fait, Afifi demande aux jeunes, dans les immeubles, dans les quartiers, dans les universités, « à se tenir prêts à la confrontation, notamment en se préparant physiquement. Les sit-in dans les tentes n’avancent à rien. Car les “campeurs” dépendront alors de ceux qui les nourrissent !! (...). Il faut casser les Frères musulmans, les poursuivre partout, incendier leurs permanences... Les choses sont claires : les Égyptiens n’ont pas besoin d’être mobilisés pour le 25 janvier. Le peuple n’en peut plus et est décidé à en finir avec cette situation délabrée. L’économie est dans un état catastrophique ; la Livre s’est effondrée... Les Égyptiens n’ont pas renversé la dictature de Moubarak pour installer celle des islamistes... »

 

Cet appel, qui a été largement relayé par les réseaux sociaux en Égypte et au sein de la diaspora, et diffusé par plusieurs sites libéraux, semble avoir été largement entendu. Selon plusieurs sources, les groupes de jeunes, appelés les Black Bloc, qui ont incendié les permanences des Frères et qui bravent les forces de l’ordre et le couvre-feu dans les villes situées sur la Mer rouge et le canal de Suez, auraient été constitués à la suite de cet appel. Au Pays du Nil, les langues se délient et de plus en plus d’Égyptiens reconnaissent désormais leur erreur d’avoir élu Mohamed Morsi à la présidence de la République. Mais ils ajoutent aussitôt que « ces quelques mois du pouvoir islamiste ont dévoilé le vrai visage de la Confrérie ». Les Égyptiens accusent Morsi d’avoir « décrété le couvre-feu uniquement à Ismaïlia, Suez et Port-Saïd, afin de sécuriser le canal de Suez convoité par le Qatar ». Mais leur orgueil les empêche de céder cette infrastructure à l’étranger, quel qu’il soit.

 

L’hostilité aux Frères musulmans, qui a désormais touché les Salafistes, est telle que la deuxième révolution du 25 janvier 2013, décrétée pour sauver la révolution du 25 janvier 2011, risque de ne pas s’arrêter avant la chute de Mohamed Morsi. Si les Égyptiens affirment que le pays a des centaines, voire des milliers d’officiers solidaires avec Omar Afifi, ils ne cachent pas leur fierté que « l’avenir de toute la région dépendra de celui de l’Égypte ». Car, précisent-ils, « la chute des Frères musulmans au Caire entraînera celle des islamistes en Tunisie et affaiblira sérieusement ceux de Libye ». Il appartient à l’avenir de confirmer ou d’infirmer cet optimisme.