Tribune
|
Publié le 4 Avril 2014

70 membres du Congrès appellent Obama à interpeler l'Arabie Saoudite sur les Droits de l'Homme

Par Asif Arif, Elève-Avocat au Barreau de Paris, Chargé d'enseignement à l'Université de Paris Dauphine et Directeur du site internet Cultures & Croyances, publié dans le Huffington Post le 4 avril 2014

A l'heure où Barack Obama envisage de se rendre en Arabie Saoudite, soixante-dix membres du Congrès des Etats-Unis d'Amérique l'ont interpelé, à travers une longue missive de deux pages, afin qu'il évoque, avec les dirigeants saoudiens, la délicate question de la situation des Droits de l'Homme en Arabie Saoudite. Il est vrai que la question des Droits de l'Homme en Arabie Saoudite est fondamentale et centrale; alors que les Saoudiens tentent de se racheter une image en la matière, plusieurs militants sont emprisonnés simplement parce qu'ils ont prêté leur voix à une cause spécifique.

L'affaire des "women drivers"

Plusieurs organisations internationales se sont soulevées contre l'interdiction faite aux femmes de pouvoir conduire en Arabie Saoudite. Première et unique interdiction de la sorte, l'Arabie Saoudite est la pionnière en la matière; on se souvient d'ailleurs de ce chanteur qui tournait en dérision cette interdiction totalement farfelue. Face à une majorité de la population ultra-conservatrice, la seule solution qui pourrait faire bouger les lignes semble être la voie diplomatique. Pour ce faire, il conviendrait qu'un pays, dont le poids international ne fait aucun doute, agisse afin de garantir à ces femmes de paisibles lendemains. Or l'idée n'est pas de favoriser une diplomatie lente et procédurale; il s'agit bien de prendre des actions concrètes avec un plaidoyer solide.

C'est en ce sens que les membres du Congrès appellent Obama. Ils l'enjoignent d'intervenir afin de mettre un terme à toutes ces discriminations sociales et afin que les femmes puissent enfin retrouver leur droit. Non seulement l'Arabie Saoudite viole ouvertement les droits des femmes, mais il est également un pays qui conteste l'égalité homme-femme introduite par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme - laquelle suppose une égalité en droit. Les soixante-dix membres du Congrès américain demandent ainsi à Obama de rencontrer l'ensemble des militants pour les Droits de l'Homme sur place, à Riyad… Lire la suite.

Les militants des Droits de l'Homme et les coupables d'apostasie

Les soixante-dix membres du Congrès ont également mis en avant les persécutions subies par les militants des Droits de l'Homme qui, pour avoir daigné remettre en cause le système juridique saoudien existant, subissent les pires sévisses - tortures, traitements inhumains. Les Députés demandent ainsi à Obama de réagir et de combiner des questions économiques et politiques avec l'ensemble des questions liées aux Droits de l'Homme.

Par ailleurs, dans la lettre, l'attention d'Obama est attirée sur plusieurs personnes emprisonnées en raison de leur revendication religieuse. Deux musulmans ahmadis, Sultan An Anzi et Sauf Falhi Anwad Al Anzi, sont détenus depuis mai 2012, sans que les familles n'aient de nouvelle. Aujourd'hui, personne n'est capable de déterminer où ils sont localisés; on se souvient en effet que les membres de cette minorité musulmane sont considérés comme des "hérétiques" en Arabie Saoudite. En décembre 2011, 35 chrétiens ont été expulsés pour "réunion illicite" simplement alors qu'ils priaient à Jeddah.

En conclusion, les membres du Congrès demandent à Obama que, si son administration a pris quelques actions à travers les canaux diplomatiques, désormais, l'action devait être plus large et devrait inclure un plaidoyer du Président des Etats-Unis d'Amérique en faveur des Droits de l'Homme et de la paix dans le monde.