Al-Fateh’ (Le conquérant), web magazine négationniste et antisémite du mouvement islamiste palestinien Hamas, exhorte les jeunes Palestiniens à devenir shahids (martyrs) et les incite au jihad contre « les ennemis de l’islam », notamment pour détruire l’Etat d’Israël. Ainsi pourrait se résumer un récent rapport d’IMPACT-SE, institut de recherche réputé pour ses études de manuels scolaires du Moyen-Orient.
Le titre du web magazine, Al-Fateh’, est repris du surnom donné « au sultan ottoman Mehmet II après sa conquête en 1453 de Constantinople, capitale de l’empire chrétien de Byzance dont il fit la capitale de son empire ». Il est incarné sur le site par « une animation présentant un enfant sur un cheval brandissant un sabre ».
Ce web magazine a été lancé par le Hamas, branche palestinienne des Frères musulmans, en septembre 2002.
Après avoir étudié des manuels scolaires de pays arabes et de l'Iran, IMPACT-SE (Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education) a analysé tous les numéros d’Al-Fateh’ jusqu’en avril 2009, soit 145 numéros.
Ce qui permet « une introspection hors pair de l’idéologie de ce mouvement et de son approche éducative ».
IMPACT-SE n’indique cependant pas la part de cette idéologie dans le contenu du site.
« L’instrument éducatif du Hamas » sur Internet
Enregistré primitivement au Liban, son site Internet est basé à Londres depuis sa rénovation en mars-avril 2007. Le « Hamas a nié tout lien avec ce site pour éviter que les pays abritant le serveur ne le ferment ».
Mensuel en septembre 2002, ce webmagazine devient bimensuel en octobre 2003.
Son audience a cru, selon ses administrateurs, « de 34 millions de visiteurs » à « 48 millions » de 2002 à 2006. IMPACT-SE n’a pu vérifier ces statistiques.
Le site s’ouvre sur une page qui présente 30 à 40 liens renvoyant à des rubriques et colonnes, dont certaines sont permanentes : « Contes de l’oncle Izz al-Din », « Testament d’un Shahid », « Images des enfants de Palestine ».
Les talentueux graphistes d’Al-Fateh’ mêlent des messages haineux à des activités anodines, tel le coloriage de dessins.
Ainsi, l’enfant est invité à colorier une illustration sur un Juif, identifiable par sa kippa, pendant la Guerre d’Indépendance (1948). Ce Juif souriant brandit un couteau qui dégouline du sang d’un Arabe qu’il vient de poignarder et qui git près de lui.
Cynisme et haine
L’endoctrinement cynique, omniprésent, exhorte au culte du shahid « afin d’engendrer la génération suivante » d’islamikazes.
Sont préconisés un « engagement total au djihad, un refus de tout compromis ou règlement politique, et le rejet des accords conclus entre Israéliens et Palestiniens ».
Ce web magazine endurcit et désensibilise les enfants par des photos d’une shahida.
Une seule fois, l’Internaute Yasmin Shamalawi a rejeté la « violence comme moyen pour confronter les autres » (n° 129, août 2008).
L’Occident ciblé et méprisé
Perçu comme allié d’Israël, l’Occident est « corrompu, impérialiste et l’ennemi perpétuel de l’islam qui, en guerre contre lui, en triomphera. Responsable d’attaques contre les pays musulmans », il est « dépeint comme inférieur au monde islamique » du point de vue moral et scientifique.
La ville de « Séville en Andalousie implore les lecteurs de prier pour qu’elle revienne aux musulmans comme le reste des villes espagnoles ».
L'Etat d'Israël nié et diffamé
Tout lien du peuple juif avec Eretz Israël est nié. Ne figurant sur aucune carte, l’Etat Israël est dénommé « Etat maudit » et « entité usurpatrice voleuse ».
Les Israéliens sont caricaturés, affublés d’épithètes racistes et antisémites - « libérer la Terre de Palestine de l’impureté des Sionistes, descendants des singes et des porcs » (n° 129, 1er août 2008) -, diabolisés notamment via l’image de « la mort de Mohamed al-Dura ».
Les Juifs et l’Etat d’Israël délégitimé sont diffamés : « ennemis de l’humanité », « assassins des prophètes ».
Leur diabolisation et déshumanisation visent « à préparer les esprits au meurtre des juifs et à justifier les nombreux appels dans ce sens » sur le site.
Substituer « l’établissement d’un Etat islamique sur tout le territoire de la Palestine », désigné comme WAQF (propriété islamique) est une obligation religieuse. Dans l’illustration intitulée « Dieu sauve la Palestine », les murs de Jérusalem forment le mot « Palestine » en arabe. Une main brandit un fusil. C'est en fait « le logo du Hezbollah qui l'a emprunté aux Iraniens qui l'utilisent depuis 1979 comme symbole de la révolution islamique. Toutefois, il y a ici une différence. Sur le bras qui saisit le fusil est tracée une carte de la Palestine, et juste en-dessous, nous voyons le tronc et les racines d'un arbre peint dans la couleur du sang, l'expression graphique d'Al Fateh-Hamas pour exprimer sa façon de libérer la Palestine ». (n° 109, 1er octobre 2007)
Al-Fateh’ loue le Hamas et ses dirigeants, donne comme exemple de « résistance armée » le Hezbollah, milice chiite libanaise soutenue par l’Iran, et encourage les rapts de soldats israéliens.
Dans la courte histoire « Izz al Din à la prison de Nafha », une grand-mère palestinienne et sa petite-fille vont rencontrer l’oncle Izz al Din, détenu dans une prison israélienne. La grand-mère allègue que « les Juifs », accusés de mentir, « ont tué les prophètes et les messagers de paix, et que la seule façon de libérer cet oncle et les autres prisonniers palestiniens est que les combattants du jihad capturent des soldats israéliens en vue d’un échange de prisonniers » (n° 35, 1er septembre 2004).
Lors des guerres d’Israël contre le Hezbollah (2006) et le Hamas (2008-2009), l’endoctrinement haineux redouble d’intensité.
Rares réactions internationales
« Cette doctrine et son support éducatif sont en contravention des résolutions de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'Éducation, la Science et la Culture) et de la Convention internationale des droits de l’enfant », conclut le rapport d’IMPACT-SE.
Ce rapport (2009) cite en annexes des articles de la Charte du Hamas se rapportant à l'Education et les standards éducatifs internationaux fondés sur les déclarations et résolutions de l'UNESCO.
En 2009, lors d’une tournée européenne, IMPACT-SE avait sensibilisé des politiciens européens sur les dangers de ce web magazine.
Le 20 janvier 2010, Louise Joyce Ellman, membre travailliste de la Chambre des Communes (Londres), avait publiquement demandé à Gordon Brown, alors Premier ministre et d’autres membres du gouvernement britannique de fermer le site du web magazine situé au Royaume-Uni. Le 28 janvier 2010, elle avait aussi cité ce rapport.
Le ministère britannique de l’Intérieur examine sa requête…
Cet article a été publié sous une forme plus concise dans le numéro 632 de janvier 2011 de L'Arche
Photo : D.R.