Tribune
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Publié le 30 Avril 2008

Antonio Jose da Silva (1705-1739) «O Judeu»

L’auteur portugais Antonio Jose da Silva vient d’entrer, après presque trois siècles, au répertoire de la Comédie française.


Sa pièce inspirée de la fin de Don Quichotte surprend par une mise en scène qui combine personnages et marionnettes, et la force de sa satire sociale est encore perceptible de nos jours.
Mais c’est surtout son auteur qui nous intéresse ici : « O Judeu » : « Le Juif » a déjà inspiré un roman (1906) et un film (1994) du même nom. Né à Rio de Janeiro, de parents convertis, il fut amené à Lisbonne en 1713, à la suite de soupçon de judaïsme pesant sur sa mère née Lourença Coutinho. Lui-même n’échappe guère longtemps à l’Inquisition. Après ses études à l’université de Coimbra, il subit une première fois la prison et la torture qui le laissera invalide. Cependant, ses pièces avaient beaucoup de succès.
Arrêté de nouveau comme "judaïsant" en 1737, il fut garrotté et brûlé sur le bûcher deux ans plus tard à l’âge de 34 ans. Sa jeune femme lui survécut très peu.
Cet homme au destin tragique, connu sous le nom de « O Judeu », est la gloire du théâtre portugais du XVIIIe siècle. Mais ses œuvres complètes furent publiées anonymement entre 1744 et 1746. Le théâtre de Lisbonne s’élève sur la place du Rossio là où autrefois se dressait le bûcher de l’Inquisition.
Mireille Hadas-Lebel