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Je voudrais souligner le caractère partiel et inexact du récit qu’il donne de cette soirée.
Les propos tenus par Hamida Ben Sadia, Secrétaire Générale de la Convention Laïque pour l’Egalité des droits des musulmans de France, sont assez scandaleux pour ne pas être déformés dans un sens plus scandaleux encore. Elle n’a pas réclamé « la partition de Jérusalem et le retour des réfugiés de 1948, laissant à l’autorité Palestinienne le soin de décider du reste ». Elle s’est dite résolue à soutenir sur tous les sujets, l’autorité Palestinienne.
Ce qui est dommage c’est qu’aucune allusion n’est faite à la réponse, ou plutôt aux réponses, qui ont été apportées à Hamida Ben Sadia. Il est triste de se concentrer sur une pensée brouillonne quand trois exposés majestueux sont venus en démontrer les dangers et le caractère illégitime. Il est malheureux de retenir quelques mots d’Hamida Ben Sadia quand Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy et Elie Barnavi sont venus balayer toute le crédit ou la sympathie que ces propos auraient pu entraîner. Je ne me souviens pas d’un « silence gêné » mais de trois déluges d’applaudissements pour saluer le refus du droit au retour des réfugiés palestiniens.
Enfin et pour finir, il est facile de rester certain de détenir la vérité d’une soirée qui exigeait la confrontation et l’écoute. Bien sûr, certains propos et certaines attitudes ont déçu nos attentes, voire blessé nos consciences. Mais pourquoi ne pas faire allusion au courage exemplaire de Malek Boutih, qui a trouvé les mots justes et courageux que tous attendaient? Pourquoi refuser d’être sensible à l’événement que constitue la présence de tant de Français d’origine arabo-musulmane à une soirée qui avait notamment pour but de réhabiliter le sionisme ? Pourquoi ne retenir que ce qui accentue nos aigreurs et nos ressentiments, et s’obstiner à ne pas voir ce qui justifie nos espoirs ? Pourquoi, cher Clément Weil-Raynal, n’avoir retenu qu’une seule et maigre fausse note de la mélodie timide mais heureuse, que l’on pouvait entendre au Bataclan le 10 juin dernier ?
Les pessimistes ont pour eux l’avantage d’être à peu près sûrs de ne jamais se tromper. Mais rien n’aurait été fait en ce monde sans la persévérance de quelques optimistes lucides, qui ont accepté d’être traités de naïfs en attendant que la réalité ne justifie leurs illusions.
Patrick KLUGMAN
Président de l’UEJF