Tribune
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Publié le 5 Janvier 2010

Gaza : le double langage des Verts

La décision égyptienne de refuser d'autoriser à la fin du mois de décembre 2008 la « Marche pour Gaza » composée de 1400 militants propalestiniens (dont 300 français) à partir de Rafah, ville à cheval sur l'Egypte et la bande de Gaza, pour marquer le premier anniversaire de l'offensive israélienne contre le Hamas et pour réclamer « la levée du blocus sur Gaza » a provoqué la colère des Verts. Décryptage :



Les Verts ont publié un premier communiqué de presse (1) pour exiger des autorités égyptiennes qu’elles lèvent toute restriction à la liberté de circulation des marcheurs et qu’elles ouvrent le passage au poste-frontière de Rafah. Enfin, les Verts ont appelé les autorités françaises, notamment Nicolas Sarkozy, le président de la République, et Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères, à intervenir d’urgence dans ce sens auprès des autorités égyptiennes. Dans un second communiqué, intitulé « Gaza, lettre à M. Kouchner » (2), les Verts ont demandé à être reçus en urgence de manière à étudier avec le ministre une intervention de la France pour faire respecter le droit « de manifester auquel les autorités égyptiennes ne s’étaient pas initialement opposées, le droit de circulation, la protection des membres de la délégation internationale et le libre accès pour celle-ci au point de passage. » Dans ce communiqué, on apprend par ailleurs que parmi les marcheurs ont trouvé la sénatrice Alima Boumediene-Thiery, la députée européenne Nicole Kill-Nilsen et le Président de la Commission Transnationale des Verts, Jérôme Gleizes



Cependant, nous pensons que les Verts feignent d’ignorer le contexte politique (de cette marche). Rappelons alors que le Hamas -qui contrôle militairement la bande de Gaza- s'est félicité de la venue des militants propalestiniens internationaux, parce que cette marche lui assure en vérité une nouvelle visibilité. « Nous ne sommes pas seuls à Gaza. Nous avons beaucoup d'amis en dehors de Palestine qui sont venus aujourd'hui manifester contre le siège (de Gaza), contre l'occupation israélienne, contre les crimes israéliens à Gaza et dans toute la Palestine », s’est empressé de déclarer le porte-parole du Hamas à Gaza, Taher al-Nounou.



Le grand bazar chez les Verts ?
Dans ces conditions, on se demande bien pourquoi des élus Verts ont participé à une marche dont l’objectif politique réel (inavoué) est de renforcer le Hamas, de lui donner une lisibilité et une visibilité. On ne peut pas à la fois condamner le Hamas et participer à cette farce, sans risquer de se compromettre.



Condamner le Hamas ?
Lors d’une réunion entre une délégation du CRIF, conduite par son président Richard Prasquier, et une délégation des Verts, conduite par Cécile Duflot, secrétaire nationale, le mardi 8 décembre 2009, au siège des Verts, Cécile Duflot avait parlé du Hamas, en ces termes : « Le Hamas est préjudiciable à la population de Gaza, c’est une évidence. Il est dangereux, notamment pour les femmes. » Elle avait regretté par ailleurs que le Hamas ait progressé dans une situation sociale extrêmement difficile et « d’oppression des Palestiniens ».



Finalement, Cécile Duflot serait bien inspirée de se rappeler de ce qu’elle disait ce jour-là.




Marc Knobel




Notes :