Le voici enfin, leur héros des temps modernes, l’implacable et l’auguste M’bala M’bala, dit Dieudonné. Si beau en son miroir, levant les bras au ciel -tel un pitre impitoyable- et commençant par chauffer la salle. Il annonce enfin le clou de son spectacle : le roi, l’empereur des négationnistes : dixit Sieur Faurisson.
L’ovation monte dans la salle, des gens se lèvent. Hourra ! Il est enfin là le « divine vieillard » ! Et d’un coup, d’un seul, un autre homme surgit, affublé d’une tenue rayée -celle des déportés- avec son étoile jaune, bien visible, sur la poitrine. L’homme est venu remettre le plus beau des trophées, celui de l’insolence.
Quelle belle scène que voilà, n'est-il pas ? Que d’impudence ! La claque suprême ! L’excellence dans la perfidie et le voyeurisme ! Faurisson est enfin auréolé de gloire, le maître du négationnisme peut chanter son couplet favori: « je vous l'avais bien dit » et verser une larme au passage, jouant et excellant en martyrologie : la sienne. N’a-t-il pas été -dit-il- victime de « traitements spéciaux » faisant perfidement allusion au « traitement spécial » utilisé par les nazis pour éviter de laisser une trace écrite de l’extermination des déportés juifs? Ne serait-il pas lui le si frêle chantre de la "vérité", comme un « palestinien » en son propre pays ?
La salle exulte alors. C’est le triomphe, les rires et les gloussements fusent, tous et toutes comme des poules qui jacassent. N’est-ce pas cela au fond, le clou du spectacle? Dieudonné M’bala M’bala a réussi à galvaniser cette foule : Ils auront bien ri, n’est-ce pas là l’essentiel ? Ils auront peut-être aussi été charmés par tant de faurissonneries. Dieudonné peut alors embrasser SON Robert...
Par la suite, Dieudonné trouvera sûrement autre chose. Peut-il y avoir plus grande insolence encore que d'inviter Faurisson ? L’évêque intégriste et antisémite, monseigneur Williamsson, peut-être ? L’avenir nous le dira. Mais, tant que les vautours se précipiteront pour voir son spectacle, Dieudonné pourra leur en donner pour leur argent, au centime près...
Marc Knobel