Tribune
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Publié le 8 Juillet 2005

L’hydre terroriste

Les quatre attaques terroristes qui ont ensanglanté Londres le jeudi 7 juillet 2005, marquent à quel point nos démocraties sont particulièrement vulnérables. N’importe quelle cellule dormante d’Al Qaida en Europe, peut méticuleusement, presque mathématiquement repérer des cibles et préparer un attentat ou plusieurs attentats spectaculaires, en plaçant des bombes sous les sièges d’un bus, d’un train ou d’un métro ou en envoyant un kamikaze se faire sauter au milieu de la foule. Les images de dévastation, que nous avons tous vu hier, rappellent les images poignantes et horribles des avions lancés sur le World Trade Center à New York et le Pentagone, le 11 septembre 2001 (2978 morts) ; l’attentat au camion-citerne qui explose devant une synagogue de Djerba faisant 21 morts, le 11 avril 2001 ; la désolation occasionnée par l’explosion d’une voiture piégée à Bali, en Indonésie le 12 octobre 2002 (202 morts) ; Les cinq attentats qui ont ensanglanté Casablanca, le 16 mai 2003 (45 morts) ; les quatre attentats à la voiture piégée à Istanbul, en Turquie (63 morts) les 15-20 novembre 2003 et la série d’attentats qui ont ravagé Madrid le 11 mars 2004 (191 morts). Lorsque nous voyons les atroces images de ce bus impérial londonien, qui a été complètement ravagé à Woburn Square, près de Russel Square, nous pensons également aux innombrables attentats qui ont ensanglanté Israël ces dernières années, ces bus éventrés, ces passagers dont la vie a été ôtée par des terroristes fous.




Ne pas trouver de justifications au terrorisme

Dans nos pays respectifs, il se trouvera toujours quelques bonnes âmes pour tenter de « comprendre » quelles ont été les motivations de ces terroristes. Les uns expliqueront que les Palestiniens souffrent, les autres diront que les terroristes frappent parce que les américains et les anglais sont en Irak. Cette propension à trouver des justifications -fussent-elles indirectes- est totalement malheureuse. Si l’on regarde ce qui s’est passé hier, quelle justification peut-on donner aux attentats ? Les attentats ont été commis dès l’ouverture du sommet du G8, alors que les dirigeants du G8 ont mis à l’ordre du jour l’environnement, la lutte contre le Sida, ou l’aide aux pays en voie de développement, notamment le continent africain. Les terroristes se moquent d’ailleurs bien des éventuelles contributions et solidarités internationales puisqu’ils sont dans une logique de guerre et qu’ils veulent imposer l’islamisme partout dans le monde. Ces terroristes sont assoiffés de sang, n’ont aucune pitié, aucune considération pour la vie humaine et sont dans une logique implacable et raciste.


Ne pas faire d’amalgame

Il faut donc réagir promptement contre le terrorisme, la mobilisation doit être internationale et particulièrement efficace. A ce sujet, les Israéliens savent être particulièrement vigilants, et la sécurité est drastique en Israël. Des moyens supplémentaires doivent donc être mis en œuvre, partout et toujours contre l’hydre terroriste. Il serait particulièrement dramatique que la vigilance se relâche sous le fallacieux prétexte que le terrorisme frappera ailleurs. Les terroristes peuvent choisir n’importe quelle cible, partout dans le monde. Et nous gardons tous en mémoire les attentats sanglants qui ont frappé notre pays (en 1995, l'attentat du RER Saint-Michel, reste l'attentat le plus meurtrier que la France ait connu depuis 30 ans. Il a fait 8 morts et 150 blessés dont certains ont du être amputés.)

Ceci étant, le fait d’être particulièrement déterminé dans la lutte qui doit être menée contre le terrorisme, ne prédispose pas de faire n’importe quoi. De la même manière convient-il de garder son sang-froid. Les Londoniens, avec ce flegme britannique que l’on connaît, nous ont d’ailleurs montré qu’il faut en toute circonstance faire preuve d’un sang-froid impressionnant et d’une détermination rare. Céder à la peur revient à jouer le jeu des terroristes qui rêvent de nous effrayer et de nous empêcher de vivre comme nous le souhaitons. Il faut être déterminé à défendre nos valeurs et nos pays, tout en continuant de vivre normalement -comme le font les israéliens- pour empêcher les terroristes de gagner la guerre. Pour terminer, il faut -faut-il le rappeler ?- éviter les généralités confuses et les préjugés racistes. Les islamistes pervertissent leur religion. Ne tombons pas dans le piège qui est tendu par les extrémistes et qui consisterait à voir en tout musulman un vecteur d’Al Quaida ! Les pays arabes et musulmans sont également frappés par le terrorisme. Combien d’attentats sanglants ont touché des civils irakiens ces derniers mois ? Combien de journalistes, de femmes ont été visés par ces attentats ? Il faut rappeler pour terminer et à cet égard le combat courageux des femmes en Algérie qui se battent contre le GIA. Il faut rappeler le combat de beaucoup de gens, de beaucoup de démocrates dans le monde arabe, de beaucoup d’intellectuels qui se battent contre l’obscurantisme.

La lutte contre le terrorisme n’est pas une guerre menée contre l’Islam mais contre des terroristes.

Marc Knobel

P.S.: Nous rappelerons qu'hier après midi, depuis Downing Street, Tony Blair déclare que les auteurs des attentats "agissent au nom de l'Islam" et le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, a estimé que les attaques présentent "toutes les caratéristiques" d'Al-Qaida.