Tribune
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Publié le 10 Mars 2006

La presse en folie


J’ai aimé :
J’ai aimé cet article d’André Glucksmann « Choc des civilisations ? Non : des philosophies », Le Monde (3 mars 2006) :
« Depuis des siècles, Jupiter ou le Christ, Jehovah et Allah ont essuyé force plaisanteries et marques d'irrespect. A ce jeu, du reste, les juifs sont les meilleurs critiques de Yaveh - ils en ont même fait une spécialité. Cela n'empêche pas le vrai croyant de toute confession de croire et de consentir à laisser vivre ceux qui ne croient pas comme lui. La paix religieuse s'instaure à ce prix. Par contre, plaisanter des chambres à gaz, s'amuser des femmes violées et des bébés éventrés, sanctifier les décollations télévisées et les bombes humaines annonce un avenir insupportable. »
J’ai été surpris :
J’ai été surpris par cette remarque de Amitai Sandarovich, dessinateur du journal Yediot Ahronot, qui réagit aux efforts de l'Iran pour se moquer de l'Holocauste par un concours inhabituel : Il demande aux artistes juifs de dessiner eux-mêmes des caricatures anti-sémites. :
« Nous avons reçu des douzaines de messages de Juifs du monde entier qui nous ont dit que les Juifs doivent lutter contre l'incendie avec l'humour, a ajouté Sandarovich. « Nous ne brûlerons pas d'ambassades ou de drapeaux. Nous ne menacerons personne. Nous nous contenterons de faire des caricatures pour nous moquer de nous-mêmes."
J’ai été interloqué :
J’ai été interloqué de lire dans Le Courrier international (2 mars 2006), cette réflexion cocasse et provocatrice d’un dessinateur israélien Amitaï Sandy qui tance les dessinateurs iraniens et affirme sur le site Walla :
« Il n'y a que les juifs pour créer les dessins les plus chargés de haine antisémite. Aucun négationniste iranien ne pourra jamais rivaliser avec notre science de la caricature antisémite. »
J’ai adoré :
Sur le site Internet de la mairie de Thionville, j’ai adoré ces mots pour présenter des Contes musicaux juifs, chrétiens et musulmans par Jean-Jacques Fdida, conteur, Anello Capuano, oud, neil d’une Musique arabo-andalouse, un spectacle réservé aux scolaires, qui se tiendra à Thionville, le vendredi 31 mars, à 20 heures 30 :

« Histoire de se remémorer que juifs, chrétiens et musulmans s'abreuvent aux sources du même Livre. Histoire de goûter à ce qui nous différencie. Histoire de laisser dire aussi par la musique que la parole orientale nous inspire. Histoire encore de se laisser surprendre par les mélodies et la malice de ces histoires toujours débordantes de vie sitôt désenfouies. »
J’ai vomi :
J’ai vomi l’enregistrement vidéo diffusé dimanche 5 mars par Al-Jazira, le numéro deux d'Al-Qaïda. l'Egyptien Ayman al-Zawahri, critique les caricatures du prophète Mahomet parues dans plusieurs journaux européens, en ces termes :

« Ils l'ont fait exprès et ils continuent de le faire sans s'excuser, bien que personne n'ose blesser les juifs ou remettre en cause les allégations juives sur l'Holocauste ou même injurier les homosexuels. » Le prophète Mahomet et Jésus-Christ « ne sont plus sacrés tandis que les sémites, l'Holocauste et l'homosexualité sont devenus sacrés », ajoute le numéro deux du réseau terroriste Al-Qaïda. A ce sujet, il s'en prend à la France, pays qui punit les personnes mettant en cause l'Holocauste mais qui empêche les jeunes musulmanes de se rendre voilées à l'école.

J’ai été soufflé :
J’ai été soufflé de lire ces remarques de gosses de Bagneux (Le Monde, 4 mars 2006) :
Abou Decoure, 24 ans, animateur social, confie : « On a peur de prononcer le mot "juif". Que ce soit pris pour de l'antisémitisme. » Il ajoute : « Quand on dit qu'un musulman est un poseur de bombe, c'est pas grave. Quand on dit qu'un juif a de l'argent, c'est de l'antisémitisme. Ça me gêne. »
« Oui, parce que l'amalgame est possible pour l'un et pas pour l'autre, renchérit Djibril Issaka. Je préférerais qu'on dise de moi que j'ai de l'argent plutôt que je pue. Même le film La vérité si je mens ou Gad Elmaleh font rire les gens avec cet amalgame juif égal argent. »
Un autre habitant du quartier, âgé de 19 ans, lâche : « Les juifs jouent toujours la victime. Cette histoire va créer de l'antisémitisme. Si c'était un Arabe ou un Noir, personne n'aurait bougé. » Il cite des cas : un imam visé par des balles en Corse, en 2004, Brahim Bouraam, jeté dans la Seine, en 1995, par des skinheads...
J’ai aimé me rappeler de :
J’ai aimé me rappeler de Lucien Ginzburg, né à Paris le 2 avril 1928, de parents juifs russes ayant fui la révolution de 1917. Serge Gainsbourg que j’ai aimé, a incarné l’innovation et l’audace artistiques, combinées à un art inégalé de la provocation qui fit la légende de son alter ego “Gainsbarre” Si « Gainsbarre », qui a flanché dans la nuit du 1er au 2 mars 1991, vivait encore aujourd’hui, que dirait-il ?
J’ai apprécié :
J’ai apprécié cette écriture, lorsque j’ai lu ces quelques mots de l’écrivain Denis Donikian sur le site arménien de Yevrobatsi. Et par ces autres mots que je veux terminer cette revue de presse :
« Descendre ma rue vers la gare était un de mes enchantements. Des hirondelles surgissaient de toutes parts et plongeaient en un vol courbe avant de remonter jusqu’à leurs nids placés sous le rebord d’un toit à moins de trois mètres du sol, au-dessus du trottoir. Elles formaient une petite colonie et d’année en année fidèle à ce coin de France. En détruisant les nids d’où fientaient les oisillons, le nouveau propriétaire de la maison a brutalement désenchanté la rue. Cet effacement me fait penser qu’un jour, comme le prédisait je ne sais plus quel écologiste alarmiste, nous pourrions vivre des printemps sans oiseaux. Mais pourrions-nous encore vivre ? Et pourrions-nous supporter un printemps sans oiseaux et un azur sans ailes ? »
Marc Knobel