J’ai éprouvé de la colère :
J’ai éprouvé de la colère en lisant dans L’Express (29 mars 2006) qu’au lendemain de la courte victoire aux législatives israéliennes du parti centriste Kadima, mené par le Premier ministre par intérim Ehud Olmert, l'Iran semble pressé d'en découdre. « Aujourd'hui, nous avons d'un côté le Hamas révolutionnaire et islamique, et de l'autre côté le nouveau parti Kadima. [...] S'ils devaient être confrontés, les Palestiniens, avec le soutien des musulmans, remporteraient sans aucun doute de grandes victoires », a ainsi commenté à la télévision le général Yahya Rahim Safavi, chef des Gardiens de la Révolution iraniens - les Pasdaran, une armée créée au lendemain de la Révolution islamique de 1979.
J’ai réfléchi :
J’ai réfléchi lorsque j’ai lu ce commentaire de l’écrivain israélien Amos Oz, qui scrute l’état de la société israélienne. L’Express, (16 mars 2006) :
« Je pense que la situation d'Israël est bien meilleure aujourd'hui qu'elle ne l'était autrefois. Celui qui se serait endormi il y a trente ans et se réveillerait aujourd'hui verrait des différentes énormes: il découvrirait qu'Israël a conclu des traités de paix avec la Jordanie et l'Egypte. Que les pays arabes sont prêts à reconnaître Israël si celui-ci se retire des Territoires. Que la Syrie, notre pire ennemi, est isolée de toutes parts. Que les Américains sont en Irak. Que Tsahal est plus forte que jamais... En revanche, il y a de quoi être pessimiste quand on examine l'état de la société israélienne, l'extension des poches de pauvreté et l'écart des revenus. Le tissu social est extrêmement divisé, entre Juifs, Arabes, religieux, laïques, riches, pauvres, le pis étant la situation des 20% d'Arabes israéliens, qui sombrent dans une islamisation inquiétante. Je le vois chez mes propres étudiants. D'une année sur l'autre, les filles se voilent, les garçons portent la barbe, et ils répètent le discours de propagande: «Israël n'a pas le droit d'exister, il faut mettre tous les Juifs à la mer!» Mais, dans la foulée, ils me disent que leurs parents seraient très flattés de me recevoir un jour chez eux. »
J’ai éprouvé du dégoût :
J’ai éprouvé du dégoût lorsque j’ai lu ces quelques lignes dans le portrait que consacre Libération (30 mars 2006) à la jeune iranienne de 17 ans qui a mené Ilan Halimi à Youssouf Fofana, responsable présumé du rapt et du meurtre :
« Fofana persuade Yalda qu'ils sont dans la même galère sociale. « On est des Arabes et des Noirs, faut qu'on se soutienne.» Elle lui demande s'il est raciste. Il répond non. Mais « d'après lui, les Juifs étaient les rois car ils bouffaient l'argent de l'Etat et il était noir, il était considéré comme un esclave par l'Etat ». Elle s'inquiète de ce qu'il compte faire si la famille d'Ilan ne peut verser la rançon. « Ce n'est pas possible », répète-t-il. Les Juifs sont « des victimes idéales » car, « s'ils n'ont pas d'argent, la communauté s'arrangera pour payer». »
J’ai été intéressé :
J’ai été intéressé par ces réflexions de l’écrivain israélien Avraham B. Yehoshua dans Le Figaro (27 mars), sur le consensus en Israël sur la manière de parvenir à la paix : « En tout cas, une très large majorité de mes compatriotes savent désormais qu'un partage en deux Etats du territoire équivalent à l'ex-Palestine mandataire est inévitable. De même, ils n'ignorent plus que, faute d'un partenaire de négociation, nous allons être obligés de faire en Cisjordanie comme à Gaza, c'est-à-dire de procéder à un retrait unilatéral. Comprenez bien : la deuxième Intifada et, en janvier dernier, la victoire du Hamas aux élections palestiniennes ont révélé en pleine lumière que les chances d'une négociation avec les Palestiniens sont quasiment nulles. La confiance mutuelle s'est évanouie. Mais comme nos deux peuples auront à jamais des relations de voisinage proche, un désengagement israélien de la majeure partie des Territoires est un geste vital qui peut contribuer à juguler la violence. »
J’ai approuvé :
Le 2e Congrès mondial des « Imams et Rabbins pour la paix » a clos ses travaux le 22 mars à Séville (Espagne). J’ai approuvé dans la déclaration finale du congrès l’engagement des leaders religieux musulmans et juifs, à « bâtir des passerelles de respect, d'espoir et d'amitié » : « Nous nous engageons solennellement à continuer à inciter les uns les autres pour construire des passerelles de respect, d'espoir et d'amitié, à combattre l'animosité et l'hostilité, à démolir toutes les barrières et les obstacles, à renforcer la confiance mutuelle, au service du noble objectif de la paix universelle, notamment dans la terre que nous considérons tous Sainte. »
J’ai aimé (I) :
J’ai aimé cette description d’Israël, faite par un journaliste du quotidien Metro qui s’est rendu dans ce pays (27 mars) : « Un départ pour Israël ne ressemble à un aucun autre. Il est chargé de références, et l'on sait que, spirituels, religieux ou historiques, les chemins laisseront des traces indélébiles. L'arrivée à Tel-Aviv est marquée par l'architecture de l'aéroport Ben-Gourion. Ce premier pas se fait dans l'histoire contemporaine, le XXI e siècle réclame son dû. Nous ne nous attarderons pas à Tel-Aviv, cap sur Jérusalem, la tant attendue, cette ville mythique ouvrira et fermera notre périple. Mais avant de parcourir les splendeurs des paysages, le mémorial du souvenir de Yad Vashem nous attend. Ici commence l'histoire, récente celle-là, de la Shoah. La douleur est présente, inoubliable, dans les noms qui s'alignent, dans les témoignages poignants, dans les larmes retenues des témoins, dans les étoiles du mémorial des enfants. De ces larmes, de ces souffrances, Israël est né. Quelques hommes ont racheté la folie des autres, l'allée des Justes leur rend hommage. Un peu de douceur après toute cette nuit ».
J’ai aimé (II) :
J’ai aimé cette autre description, faite par un autre journaliste de La Grande époque (24 mars) qui s’est rendu à Jérusalem :
« Mon premier arrêt dans la vieille ville fut à l’église du Saint-Sépulcre, érigée sur l’ancien Golgotha, où la bible nous raconte que Jésus y a été crucifié, enterré et d’où il est ressuscité. Immédiatement en entrant dans l’église, je me suis senti différent. Il y a quelque chose dans l’air, une présence. Je ne suis pas religieux, mais je l’ai sentie.
À l’intérieur des portes géantes, j’ai fait l’expérience de la dalle de pierre où le corps du Christ aurait reposé après sa crucifixion. Elle est parsemée de bougies et couverte de pèlerins émus. Ils sont à genoux, baisant la pierre et priant. C’est une scène intense.
Tout près de là, se trouve le tombeau du Christ. Il est intégré dans une imposante structure de la grandeur d’une maison. Des chandelles se trouvent tout autour du tombeau, certaines grandes, d’autres petites et au-dessus de la porte on aperçoit une peinture représentant Jésus montant au ciel. Une longue file de gens qui attendent pour entrer serpente à l’extérieur.
En me tenant debout à l’extérieur, je suis touché par la vue de gens qui sortent du tombeau. Leur visage est empreint de dévotion, un mélange profond de joie et de tristesse. Ils pleurent et s’embrassent les uns les autres, tout en faisant le signe de croix. C’est la scène la plus spirituelle que je n’ai jamais observée et ressentie. Je me sens interpellé à entrer moi aussi.
Je me suis joint à des juifs orthodoxes qui priaient intensément. Leurs corps oscillaient vers l’avant et vers l’arrière comme en état de transe, ils semblaient incapables de se contrôler. Leurs prières sont à peine perceptibles, mais le murmure constant est envoûtant. En plaçant doucement ma tête sur la muraille, j’ai essayé de comprendre la puissance de l’endroit où je me trouvais. Après une minute ou deux, je me suis éloigné humblement.
Ma semaine au complet a été remplie de tels moments, expériences marquantes de spiritualité personnelle et collective. Il est presque impossible de traverser la vieille ville sans rencontrer quelque chose de saisissant pour les chrétiens, les juifs ou les musulmans.
Que vous le croyez ou non, on ne peut pas échapper à l’esprit enivrant qui est si enveloppant à l’intérieur des murs de la vieille ville. Le temps que j’ai passé là-bas m’a permis de reconsidérer mes propres convictions religieuses. Comme des millions de personnes avant moi, j’ai été touché par mon séjour à Jérusalem. »
Pour terminer cette revue de presse, je voudrais rendre hommage au peintre algérien Kamel Yahiaoui, qui est le seul artiste de culture musulmane à avoir osé rendre publiquement hommage aux victimes juives de l’extermination nazie. C’est le centre culturel algérien de Paris qui lui a offert cette occasion, en février dernier (Charlie Hebdo - 15 mars). Kamel Yahiaoui a reçu des mails d’injures, sa famille subit des pressions et on lui a fait comprendre qu’il n’a pas intérêt à mettre les pieds en Algérie.
J’ai hurlé :
J’ai hurlé de rage en lisant dans Libération (5 avril) que Patrick Binder, un élu FN d’Alsace dénonce les subventions accordées aux lycées pour financer les visites des camps d’extermination.
Marc Knobel