Tribune
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Publié le 6 Mai 2009

Les Français condamnent les propos racistes et antisémites, mais…

A la demande de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et du Service d’information du Gouvernement, l’institut CSA a réalisé un sondage en face à face du 18 au 21 novembre 2008, auprès d’un échantillon national représentatif de 968 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et catégorie d’agglomération (1).



Dans un précédent article, publié le 29 avril 2009 sur le site Internet du CRIF (2) nous commentions une partie de ce sondage et nous apprenions que :



- L’antisémitisme est perçu par 2% de nos compatriotes comme étant un danger pour la société française.
- 5% de nos compatriotes perçoivent que les juifs sont victimes de racisme.



Cette fois, nous nous intéressons à une autre question posée par l’institut CSA.



1) A votre avis, les personnes qui tiennent publiquement des propos racistes, comme par exemple « sale arabe », doivent-elles être condamnées sévèrement par la justice, condamnées mais pas sévèrement ou bien pas condamnées ?



Novembre 2008
%
Rappel novembre 2007
%
Rappel novembre 2006
%
Oui…………
80
69
76
Oui, elles doivent être condamnées sévèrement par la justice………
37
27
33
Oui, elles doivent être condamnées mais pas sévèrement………………………………………………..
43
42
43
Non, elles ne doivent pas être condamnées………………………………………………………
14
22
17
Ne se prononcent pas
6
9
7




2) A votre avis, les personnes qui tiennent publiquement des propos racistes, comme par exemple « sale juif », doivent-elles être condamnées sévèrement par la justice, condamnées mais pas sévèrement ou bien pas condamnées ?



Novembre 2008
%
Rappel novembre 2007
%
Rappel novembre 2006
%
Oui…………
85
78
79
Oui, elles doivent être condamnées sévèrement par la justice………
45
44
38
Oui, elles doivent être condamnées mais pas sévèrement………………………………………………..
40
34
41
Non, elles ne doivent pas être condamnées………………………………………………………
9
13
17
Ne se prononcent pas
6
9
4



3) A votre avis, les personnes qui tiennent publiquement des propos racistes, comme par exemple « sale nègre », doivent-elles être condamnées sévèrement par la justice, condamnées mais pas sévèrement ou bien pas condamnées ?



Novembre 2008
%
Rappel novembre 2007
%
Rappel novembre 2006
%
Oui…………
78
82
nc
Oui, elles doivent être condamnées sévèrement par la justice………
38
37
nc
Oui, elles doivent être condamnées mais pas sévèrement………………………………………………..
40
45
nc
Non, elles ne doivent pas être condamnées………………………………………………………
16
10
nc
Ne se prononcent pas
6
8




Là encore, ces résultats sont à prendre avec une certaine prudence :



1) La question est-elle suffisamment claire, sans aucune ambiguïté et le sujet questionné saura-t-il exactement ce que l’on attend de lui ?
2) Le libellé de la question affecte-t-il la ou les réponses ?
3) Nous rappelons également que les sondés (lorsqu’ils sont interrogés) peuvent hésiter, ou à contrario se lâcher.



De fait, nous déduisons de ces questions que :



- L’antisémitisme et le racisme restent des attitudes liées.
- Les sondés perçoivent probablement que l’expression « sale arabe », « sale juif » ou « sale nègre » n’est pas qu’une simple manifestation générique d'antipathie, d'intolérance ou de rejet. C’est bien plus que cela.
- Les sondés perçoivent le souci (légitime) de protéger les gens qui sont victimes de propos racistes et insultants comme « sale juif » ou « sale nègre ».
Conclusion provisoire :
La plupart des personnes interrogées considèrent de manière générale que les comportements racistes sont condamnables. MAIS, paradoxalement, lorsqu’on en vient à des cas particuliers, les sondés peuvent avoir tendance à trouver des « justifications » à leur comportement raciste, note la CNCDH. Ces résultats démontrent que, loin d’être inutile, la lutte contre le racisme reste toujours nécessaire dans notre pays.



Marc Knobel




Notes:



1) Commission nationale consultative des droits de l’homme, La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, La documentation française, Paris 2009, 259 pages, 19 euros.