Tribune
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Publié le 15 Novembre 2011

Les imbéciles qui veulent boycotter le 10ème festival de Jazz Klezmer, par Marc Knobel

Mon sang n’a fait qu’un tour lorsque j’ai cliqué sur cet article : «La musique Klezmer ne doit pas servir à blanchir l’Etat d’Israël de sa politique d’apartheid», (publié sur les sites du BDS(Boycott, Désinvestissement, Sanction contre Israël) France et de la Campagne civile pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP)). Après une présentation plus qu’alambiquée du Klezmer, il est écrit sur le site Internet de la campagne BDS: « parmi les partenaires et sponsors du festival figurent le service culturel de l’ambassade d’Israël et le KKL, qui se servent de l’histoire culturelle juive ou de toute autre opportunité culturelle pour blanchir l’Etat d’Israël de sa politique de persécution et d’exclusion du peuple palestinien. » Un peu loin, je lis ceci : « Le KKL, qui a été fondé il y a plus d’un siècle, est un instrument d’épuration ethnique qui sert à acquérir, par tout moyen, des terres palestiniennes au seul bénéfice de citoyens juifs ». Puis, le BDS s’adresse aux autres partenaires de ce festival (Télérama, la Mairie de Paris, le New Morning, Les nuits capitales, Urban Nomad, Mondonix, la Bellevilloise, Nova, TSF Jazz, le Divan du Monde) pour leur demander de ne pas s’associer à celui-ci. Bref, de le boycotter !




Voilà pour le contexte.



Que dire ?



Que, premièrement, le crétinisme n’a plus de limite.



Que, deuxièmement, cette obsession anti-israélienne relève d’une grave, très grave pathologie.



Comment dire ?



Les poils du BDS s’hérissent parce qu’ils ont vu que le service culturel de l’ambassade d’Israël et le KKL s’associent à ce projet.



Je comprends la déception du BDS, qui rêverait plutôt que le festival de Jazz Klezmer soit parrainé par… la Délégation générale de Palestine en France et/ou l’OLP (sic)!



Mais, il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités.



Alors, je veux répondre.
1) Sur la notion d’apartheid ? De quoi parlons-nous en réalité ? D'apartheid ou d'état de guerre ?



-Est-ce qu'un Etat au monde - la France par exemple - accepterait que son territoire subisse le terrorisme, que sa population soit mise en danger ?



-Quel Etat au monde accepterait que sa capitale soit visée ?



-Lorsqu'un kamikaze menace de se faire sauter, les forces de l'ordre doivent-elles laisser faire et se contenter de compter le nombre de victimes ?



-Lorsque des soldats pénètrent dans un village ou que le bouclage des territoires devient effectif, est-ce pour créer un imaginaire bantoustan ou traquer les terroristes qui s'y camouflent ? Ou est-ce encore pour trouver des armes et se substituer à une Autorité palestinienne trop souvent inerte en la matière et qui instrumentalise (aussi) le terrorisme ?



-Lorsque les Israéliens prennent des routes de contournement, est-ce par racisme ou pour se protéger de caillasses, de tirs contre les véhicules et attentats ?



Pourquoi faut-il que le BDS utilise de tels termes pour légitimer une cause pour laquelle il éprouve de la sympathie ?



Nous rappelons alors que les pressions qui ont été faites par une multitude d'organisations non gouvernementales africaines et arabes, lors de la conférence mondiale sur le racisme qui s'est tenue à Durban en 2001, par exemple, les insupportables manipulations et dérives antisémites qui ont culminé dans un paroxysme inouï, auraient dû marquer les consciences. Elles visaient à disqualifier l'Etat d'Israël, à le mettre au ban des nations, à lui dénuer toute légitimité et droit d'exister, sous prétexte qu'il pratiquerait l'apartheid et pis encore - ou plus pitoyable encore - qu'un « génocide » serait commis contre le peuple palestinien !



Quel est le but recherché ? Salir Israël, le jeter en pâture, vilipender et outrager le monde juif ?



Mais, finalement, il n’est pas étonnant qu'en France tout un courant (notamment d’extrême gauche) se prête - et avec quelle délectation - à ce jeu pervers qui consiste à délégitimer Israël. Comme une revanche de l'histoire dans le pays même (la France) ou l'idée de fonder un Etat juif fut conçue au moment ou l'antisémitisme se donnait libre cours pendant l'affaire Dreyfus…



2) Sur le boycott et les pressions ?



Même si certains s’en défendent, l’appel au boycott est sans équivoque : c’est Israël qu’il faut boycotter, non pas son gouvernement ou sa politique, ni même les seules entreprises ou personnes habitant dans les territoires conquis après la guerre de 1967. Mais ce sont ses producteurs, scientifiques, artistes, écrivains ou encore sportifs, accusés collectivement d’être les responsables de la situation des palestiniens et du blocage du processus de paix.



Plus encore, la campagne de boycott d’Israël s’avère être une campagne illégale, à la fois parce qu’elle peut aboutir à des actes de discrimination en raison de l’appartenance à une nation (I), mais aussi parce qu’elle promeut un message d’incitation et de provocation à la discrimination.



3) Sur la méthode ?



Enfin, la méthode utilisée ici est insupportable, c’est une méthode innacceptable - je pèse mes mots. Il fut un temps où l’on interdisait les jardins d’enfants aux Juifs, m’a rappelé mon père, dernièrement. Aujourd’hui, on voudrait interdire aux Juifs et à l’Etat du peuple Juif de célébrer la belle tradition musicale des Juifs ashkénazes.



La réponse ?



Résistons et faisons leur un pied de nez. Réservez dès maintenant votre place pour assister à ce magnifique festival et venez nombreux. Renseignements et locations : 01.43.31.93.60.



Note :



Michaël Ghnassia, le boycott d’Israël ? Que dit le droit ?, Les études du CRIF, n° 19, janvier 2011, 32 pages.



Photo : D.R.