Tribune
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Publié le 17 Octobre 2006

Les journalistes israéliens interdits de parole au Centre d’accueil de la presse étrangère

Un grave incident est survenu le 11 octobre 2006 à Paris, lors de la conférence de presse de l’ambassadeur d’Iran qui se tenait dans les locaux du CAPE, le Centre d’accueil de la presse étrangère. Un organisme dont les locaux sont situés à la Maison de la Radio.


Face à plusieurs dizaines de journalistes français et étrangers, l’ambassadeur d’Iran en France a refusé de répondre à une question du correspondant du Maariv Or Heller, pour la seul raison que ce dernier est israélien.
Or Heller a quitté la salle en protestant. L’immense majorité des journalistes présents n’a pas bronché. Il faut préciser que cet ostracisme, pour ne pas dire ce racisme, à l’égard de tous les journalistes israéliens est presque devenu une habitude au CAPE.
Il y a un an, le correspondant du quotidien Yedioth Aharonoth Sefy Hendler, avait essuyé le même refus de la part d’un représentant du Hezbollah qui tenait une conférence de presse dans les mêmes locaux. A l’époque, une journaliste de RMC Moyen-Orient, Houda Hibrahim, s’était même interposée physiquement pour empêcher le Or Heller (également présent) d’approcher et de filmer le représentant du Hezbollah.
Le 11 octobre, il n’y pas eu d’affrontements physiques, mais un certain nombre de confrères ont donné raison à l’ambassadeur d’Iran et rejeté les torts sur le journaliste israélien. « Or Heller n’avait pas à interroger l’ambassadeur d’Iran. Il n’avait qu’à rester silencieux. Poser une question c’était déjà de la provocation » voilà ce qu’ont estimé en substance un certain nombre de journalistes à l’issue de la conférence de presse qui était organisée, il faut le préciser par le Club de la presse Arabe.
Manifestement, cet incident qui s’est déroulé à Paris démontre que certains voudraient imposer à la presse française un mode de fonctionnement propre aux dictatures moyen-orientales. Nous n’en sommes pas loin. Au CAPE, les journalistes israéliens bénéficient déjà d’un statut de Dhimi. On tolère leur présence mais on leur conseille de demeurer silencieux. Bientôt, si on ne réagit pas, ce sera l’interdiction professionnelle pure et simple
Je m’étonne tout juste que l’Association Reporters Sans Frontières, connue pour le soutien qu’elle apporte régulièrement à la télévision du Hezbollah, n’ait à ce jour pas daigné protester contre le traitement ainsi réservé à mon confrère israélien.
Je m’étonne un peu plus que le ministère des Affaires étrangères, représenté dans l’organigramme du CAPE, n’ait pas réagit non plus à cette affaire.
Clément Weill-Raynal
RCJ, lundi 16 octobre 2006