Tribune
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Publié le 8 Juillet 2008

Les négociations avec l'Iran sont mal engagées

La dernière initiative diplomatique des grandes puissances envers l'Iran aurait-elle déjà pris l'eau ? C'est en tout cas ce qui ressort des commentaires faits lundi à Paris en marge d'un séminaire consacré à l'Otan. La réponse à l'offre des Six (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) transmise vendredi par l'Iran n'a pas été rendue publique. Mais la lettre est «difficile et compliquée» selon le diplomate en chef de l'UE, Javier Solana. Il espère encore pouvoir rencontrer le négociateur iranien Saïd Jalili «avant la fin du mois». Mais le ton est maussade : «je ne veux pas donner des impressions complètement optimistes». Son pessimisme est partagé par la diplomatie française : «Je ne pense pas que ça donne un grand espoir», a dit Bernard Kouchner. L'offre des puissances propose à Téhéran d'engager des négociations globales. Mais l'ouverture des pourparlers est conditionnée par la suspension de l'enrichissement d'uranium, que Téhéran considère comme faisant partie de «ses droits». Pas étonnant, dès lors, que la réponse iranienne ne soit guère encourageante. Selon des sources diplomatiques citées par le New York Times, la lettre de Téhéran ne répondrait pas directement à l'offre et resterait très floue. Elle ne ferait aucune référence à l'enrichissement d'uranium et stipulerait que «le temps de la négociation basée sur une position inégalitaire est révolu».


Le président iranien a donné lundi ce qui ressemble à une fin de non-recevoir à la proposition, en affirmant qu'elle représente un «scénario répétitif». «D'un côté, ils demandent à négocier, et, de l'autre, ils menacent et disent que nous devons nous plier à leurs demandes illégales et renoncer à nos droits», a déclaré Mahmoud Ahmadinejad cité par l'agence officielle IRNA.
Si elle était négative, la réponse à la nouvelle proposition des puissances pourrait ouvrir la voie à de nouvelles sanctions. Le Conseil de sécurité a déjà adopté trois résolutions enjoignant Téhéran d'arrêter l'enrichissement d'uranium. La crise pourrait aussi prendre d'autres formes : Israël n'exclut pas de recourir à la force, en dernier recours, pour arrêter le programme nucléaire iranien. Ce qui n'a pas l'air d'émouvoir le président iranien. «Même si des centaines de pays comme Israël et les États-Unis s'unissent, ils n'oseront pas attaquer l'Iran et ils le savent très bien», a-t-il affirmé lundi. Le chef d'état-major de l'armée iranienne a d'ailleurs averti samedi que son pays fermerait le détroit d'Ormuz, par où transitent environ 40 % du pétrole mondial, si ses intérêts étaient en jeu.
Les six puissances continuaient lundi à discuter de la réponse iranienne. Pour sortir de l'impasse, Javier Solana aurait évoqué la possibilité d'ouvrir une période de prénégociation, pendant laquelle les Six renonceraient à prendre de nouvelles sanctions tandis que l'Iran s'engagerait à ne pas mettre en route de nouvelles centrifugeuses.
Source : Le Figaro, 7 juillet 2007.