Qui peut douter que, pour les éléments les plus extrémistes de l’Islam, cette proximité voulue auprès de ce lieu de triste mémoire serait un symbole fort de victoire sur les valeurs de l’occident.
Le président Obama, parmi bien d’autres, défend néanmoins ce projet de construction au nom du principe de la liberté de culte inscrit dans la constitution américaine. A l’appui de ce raisonnement il faut reconnaître que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, loin de là, et que la quasi totalité des musulmans américains sont des modérés. En outre, bon nombre de musulmans figuraient parmi les victimes du 11 septembre.
Ce faisant Obama et tous les partisans de cette construction demandent une attitude quelque peu évangélique aux familles des 2.749 victimes de Ground zero. Ils leur demandent de pardonner, en passant à côté de cette immense plaie, aux fanatiques qui ont commis ce crime, et qui se sont déclarés eux-mêmes les ennemis du peuple américain. Ces ennemis qui combattent l’Amérique et les valeurs de l’Occident sur tous les continents.
On peut opposer au projet Cordoba une question simple : pourquoi ici ?
L’Islam, même modéré, ne pratique guère ce principe de liberté des cultes. D’une manière générale les chrétiens et autres minorités religieuses de tous les pays musulmans sont persécutés. Imagine-t-on les saoudiens par exemple autoriser l’érection d’une église ? Même les minorités coptes d’Egypte, pays réputé modéré, n’échappent pas à la règle.
On aimerait bien que les Imams pratiquent la réciprocité, eux qui sont si férus de démocratie quand ils vivent en occident et profitent des bienfaits politiques de nos régimes.
Au-delà des arguments des uns et des autres, ne faut-il pas prendre exemple sur ceux qui veulent simplement éviter de heurter la sensibilité des familles des victimes. Ce fut le cas lorsque le Pape Jean Paul II a ordonné aux Carmélites qui voulaient s’installer à Auschwitz de se retirer.
Des sondages estiment à 67 % le pourcentage de la population américaine, juive ou non juive, opposée à ce projet.
L’attitude de certains Juifs américains est intéressante. Le Maire juif de New York, Michaël Bloomberg, s’est déclaré en faveur de cette construction. Il estime que les Musulmans ont le droit de construire leur lieu de prière de la même manière que des Juifs ou des Chrétiens pourraient le faire. Il estime que ce serait trahir les valeurs morales du judaïsme que d’adopter les principes sectaires des ennemis de la démocratie. Un éminent éditorialiste juif américain Neil Steinberg demande quelle serait la distance qui serait acceptable, 10 blocs, 20 blocs.
On reconnaît bien là le libéralisme de nombreux juifs toujours prêts à comprendre, voire à soutenir dans certains cas les idées de nos adversaires. C’est le cas de tous ces films israéliens qui desservent l’image de l’état d’Israël et contribuent à son isolement. Cette attitude libérale, généreuse, peut susciter de l’admiration. Je ne partage pas cette vision.
Ne voit-on pas qu’au bout du compte elle ne sert pas notre survie dans ce monde hostile. Elle revient à fermer les yeux et les oreilles face à une réalité qui nous est cruelle, et finalement à nuire à nos intérêts. C’est en tout cas la leçon qu’on peut tirer de siècles de persécutions pendant lesquels notre crédulité a été mise à dure épreuve.
Pour survivre, il faut, certes, trouver des compromis et faire preuve d’ouverture et de générosité. Elles seront nécessaires et même indispensables dans les négociations avec les Palestiniens sur lesquelles nous fondons tant d’espoirs. Mais il faut aussi éviter la naïveté. Certains diraient le masochisme.
Judaique fm, 20 septembre 2010
Photo : D.R.