Marc Knobel
ISRAEL, PAYS FRANCOPHONE ? :
Nicolas SARKOZY : … Israël est une démocratie et un pays francophone. Sur six millions d’Israéliens, plus d’un demi-million sont francophones. Israël est aussi francophone que la Bulgarie ! Voyons les choses comme elles sont.
DIABOLISE T-ON ISRAEL ?
Nicolas SARKOZY : Par ailleurs, je ne partage pas l’idée qu’il faille tout accepter d’Israël, et cela même si j’ai été le premier à dire que ce que faisait (Ariel) Sharon à Gaza était utile et courageux. Et mon premier voyage comme président de l’UMP était en Israël pour rencontrer Sharon. Historiquement, ce sont toujours les faucons qui ont fait les colombes en Israël. Sharon, l’homme de toutes les guerres, pouvait amener Israël à la paix. Aujourd’hui, le Premier ministre souffre de ne pas avoir cette légitimité. Voilà pourquoi il fallait soutenir Sharon, contrairement à ce que pensaient d’autres à l’époque.
LA QUESTION DE L’EAU AU MOYEN-ORIENT :
Nicolas SARKOZY : Si vous prenez le Moyen-Orient, un homme comme Shimon Peres a une vision et il dit, à juste titre que la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) devrait être l’exemple d’une communauté moyen-orientale de l’eau ; les nappes phréatiques ignorent les frontières. On peut construire la paix au Moyen-Orient sur la question de l’eau. C’est d’ailleurs ce qui se passe entre la Jordanie et Israël.
SUR LES MASSACRES COMMMIS DANS LE MONDE :
Nicolas SARKOZY : La France ne peut pas rester silencieuse quand un massacre est commis dans le monde. Que ce soit au Darfour, au Rwanda, en Tchétchénie, au Tibet. Ce n’est pas faire de l’ingérence dans les affaires des autres pays que de défendre des principes universels ! Ce n’est pas donner des leçons de morale ou déterminer ce qui est le Bien, ce qui est le Mal que de défendre des valeurs universelles. Et parmi ces valeurs universelles, il y a le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et le nécessaire respect des droits de l’homme.
SUR L’ISLAM RADICAL :
Nicolas SARKOZY : …Il n’y a pas pour moi d’affrontement entre l’Islam radical et le reste du monde, en particulier occidental. Ce qui ne veut pas dire que nous devrions faire preuve de faiblesse face à des événements qui mettent en danger la sécurité internationale. Bien au contraire. Il y a en effet le combat des démocraties contre des organisations qui menacent la stabilité internationale, la paix et les droits fondamentaux. Ces entreprises terroristes utilisent la religion comme vecteur de haine de la démocratie, de la liberté, de la modernité et de l’égalité entre hommes et femmes. Ces gens sont en quelque sorte les héritiers de tous les ennemis de la liberté qui ont peuplé l’histoire du monde. Ils sont aujourd’hui issus du monde musulman, et je pense que les musulmans du monde entier devraient se sentir agressés par l’exploitation de leur religion à des fins criminelles et barbares.
SUR LE HEZBOLLAH :
Nicolas SARKOZY : Alors bien sûr, le Hezbollah est aujourd’hui une menace permanente pour Israël. Il faut aider le gouvernement libanais à reprendre le contrôle effectif du Sud-Liban, et cela passe par le désarmement du Hezbollah.
SUR L’ARMEMENT NUCLEAIRE DE L’IRAN :
Nicolas SARKOZY : … On ne peut pas laisser un pays comme l’Iran, un pays comme la Corée du Nord, se comporter de cette façon, avec les risques qu’il y a derrière.
…
Et prenons au sérieux les menaces brandies par certains dirigeants mal intentionnés.
…
… Il est clair que la crise iranienne est sans doute la crise internationale la plus grave actuellement.
Sur L’EFFONDREMENT DE L’URSS :
Nicolas SARKOZY : Quant une dictature s’effondre, et l’URSS était une dictature, c’est toujours une bonne nouvelle.
Le meilleur des mondes est publié par les Editions Denoël, Automne 2006, 15 euros.
Notes :
- Lire le compte-rendu du numéro 1 du Meilleur des Mondes, par Jean-Pierre Allali, sur le site du CRIF
- L’entretien avec Nicolas Sarkozy a été réalisé avec Pascal Bruckner, André Glucsmann, Michaël Prazan et Yasmina Reza. Pages 81 à 93 de la revue.