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« Comprendre ne veut pas dire justifier », voilà l’exemple même de la formule qui ne veut rien dire ou qui plutôt affirme à la fois une chose et son contraire. C’est une formule alibi, une précaution oratoire que l’on emploie précisément avant de justifier l’injustifiable.
Je conseille d’ailleurs à Ouri Avnéry d’ouvrir les pages du dictionnaire Larousse en trois volumes. Voici l’une des toutes premières acceptions du verbe comprendre : « Se représenter avec plus ou moins d’indulgence les mobiles d’une personne, les approuver ».
Ainsi donc, Ouri Avnery et le Monde ont publié, au milieu de l’une des vagues d’attentats les plus meurtriers qu’a connu Israël, un article où l’hypocrisie le dispute à l’ignoble. Un article qui justifie bel et bien la violence aveugle à l’encontre des civils juifs, qui tente de justifier, pardon de comprendre ce qui peut bien pousser un palestinien à aller assassiner de sang froid dans leur lit et sous les yeux de leur mère, deux enfants du Kibboutz Metzer.
Au terme de son raisonnement Ouri Avnéry, qui est l’un des chantres de l’ultra gauche israélienne, parvient à comprendre les raisons de cette violence. Ce sont les Israéliens, dit-il, qui poussent les Palestiniens à agir ainsi. Des Israéliens, affirme Avnéry, qui déportent, font mourir de faim, humilient et assassinent les populations palestiniennes. Les fantasmes d’Avnéri ne sont pas seulement délirants. Ils achèvent si besoin en était de démontrer que son intention réelle est bien de justifier le terrorisme.
Un point encore, avant de conclure : le traducteur du texte d’Avnéry, publié par le Monde n’est autre qu’Etienne Balibar, un professeur de philosophie de l’Université de Nanterre, connu pour son soutien sans nuances à la cause palestinienne.
Il se trouve qu’Etienne Balibar fut en France le professeur de David Gritz, un étudiant tué en juillet dernier dans l’attentat contre la cafétéria de l’université de Jérusalem. Quelques jours après, Etienne Balibar publiait, toujours dans les colonnes du Monde, une tribune dans laquelle il reconnaissait ne pas vraiment comprendre les raisons qui avaient poussé David Gritz à aller vivre en Israël
Clément Weill-Raynal
RCJ, lundi 2 décembre 2002