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C’est cependant madame Coutant-Peyre - avocate et épouse du terroriste Carlos – militante extrême de la cause palestinienne, qui fait l’actualité en cette fin de semaine. Non seulement elle défend les poseurs de bombe bretons qui ont en avril 2000 causé la mort d’une jeune employée d’un Mc Do, mais elle publie opportunément un ouvrage intitulé « Epouser Carlos ».
On l’aura donc vue très souriante, en face d’un Ardisson courtois, affirmer qu’il n’est pas prouvé que son mari a tué qui que ce soit, que l’attentat de la rue Tullier « est l’œuvre du Mossad », qu’il est plus grave de tuer sans risque des gens en avion à 5000m de hauteur que de commettre un attentat en plein Paris, rue Marbeuf et que finalement, le terrorisme est une forme de guerre « économe ». La conversion de Carlos à l’Islam ? « Il fallait trouver des forces, il les a trouvés dans l’Islam ». Thierry Ardisson, fidèle à lui même, s’intéresse plus aux relations intimes du couple qu’aux divagations politiques de la dame, et l’ineffable Amanda Lear s’extasie sur cette « belle histoire d’amour ».
La même dame apparaît beaucoup moins souriante le lendemain sur M6 dans l’émission « secrets d’actualité ». Il faut dire qu’on lui montre une interview donnée par son mari depuis sa prison et que le journaliste s’étonne de la liberté de parole dont il jouit lui permettant de soutenir ouvertement Oussama Ben Laden via le journal de Marc Edouard Nabe La Vérité. Elle trouve ici face à elle beaucoup moins de complaisance, non seulement de la part du présentateur Laurent Delahousse, mais aussi de l’avocat Francis Spiner qui démonte son argumentation avec talent.
Elle était absente du plateau de Marc Olivier Fogiel un peu plus tôt dans la soirée quand il fut question du procès des attentats meurtriers commis par les nationalistes bretons. A la place, un jeune militant d’Emgan - vitrine politique des indépendantistes bretons, proche de la LCR, que l’on a vu souvent défiler pour la Palestine aux côté d’associations aussi respectables que le très antisémite « la Pierre et l’Olivier » de Ginette Skandrani. Il tente maladroitement de justifier la manifestation – qualifiée d’indécente par l’animateur - organisée par leurs soins devant le tribunal où l’on jugeait leurs amis. La défense, copiée sur celle de Mme Coutant-Peyre concernant Carlos, tenait en deux points contradictoires : 1- on n’a de preuve formelle contre aucun des inculpés et 2- ce sont des résistants politiques et pas des terroristes.
Avec Jamel et Shirel, on est revenu aux discours antisémites sur le plateau de Thierry Ardisson – après s’être beaucoup penché sur le décolleté de la chanteuse. On évoque l’agression contre la chanteuse et les propos de Dieudonné. Point commun relevé, la lourdeur de la sanction. Après avoir félicité Shirel pour son comportement face à l’insulte, Thierry Ardisson questionne : « les agresseurs arrêtés risquent un an de prison ferme, qu’en pensez-vous » ? « J’aurais préféré discuter avec eux » répond la chanteuse « mais il y a tant de haine que je ne sais pas si c’est possible ». Quant à Dieudonné, « C’est disproportionné ce qui lui arrive » dit un Jamel plein de compassion.
Compassion bien mal placée si l’on tient compte de l’entretien donné par son « copain » au journal La Vérité n°4, celui-là même auquel participe Carlos du fond de sa prison (voir ci-dessus) :
« - Alors, pour toi Jamel est-il prêt à jouer dans « la vérité si je mens » n°3 ?
- Jamel subit difficilement son rôle de musulman de service. Je sais qu’il aimerait en sortir, seulement il n’a toujours pas trouvé la solution. Je préfère rester dans mon rôle de grand frère plutôt que de l’attaquer. Il est fragilisé dans le rôle qui lui est attribué.
- Je te trouve bien indulgent avec tes amis. Personnellement je ne pourrais pas baisser l’échine comme ça entre mes amis, mes idées, et mes producteurs, j’espère bien ne jamais relativiser mes valeurs. Et toi ? Tu serais prêt à renier tes idéaux pour passer à la caisse ?
- Je vois bien où tu veux en venir, et bien évidemment je ne peux pas te donner tort … Jamel a fait un choix, et c’est pas celui que j’aurais fait. ».
Entretien qui se trouve entre un appel au soulèvement des arabes et une charge ordurière contre le même Jamel par Alain Soral :
« Jamel n’a pas de talent, c’est le matraquage qui fait que les français le subissent […] Tout ça pour dire que Jamel a commencé à se mettre à dos son public naturel qui doit le prendre déjà pour un lâche et un traitre, donc il va commencer à être moins rentable pour ses sponsors qui finiront par le lâcher […] Et ce qui est terrible, c’est que même si Jamel voulait être courageux et défendre Dieudonné, défendre la cause palestinienne pour des raisons de gauche, il sait très bien que ses propres mentors pourraient sortir des choses contre ses frères, sur ses jeux au bord des trains avec un petit enfant réunionnais […] C’est d’autant plus triste que c’est Jamel, un maghrébin, un arabo-musulman qui aurait dû faire le boulot, plutôt que Dieudonné ».
Ce journal est une feuille de propagande dont l’arme principale est l’insulte, mais que dire quand on lit presque les mêmes mots dans Voici du 1er au 7 mars 2004 au sujet d’Elie Semoun ?
Selon cet article, « L’affaire » ne serait finalement que la continuation de celle qui a abouti à la séparation entre Elie et Dieudonné, deux anciens copains qui ont entre eux des contentieux. Une querelle de « mioches » dit même le journaliste Arnaud Lievin : « Un béco et hop ! le grand retour sur scène, ensemble. Le solo, ce n’est pas votre truc ». Certes, les propos de Dieudonné ont été provocateurs (là l’article se prend les pieds entre le sketch joué chez Fogiel et les propos tenus dans le Journal du Dimanche), il lui arrive ce qui « peut arriver de pire à un comique, se prendre trop au sérieux », mais finalement, lit-on dans un encart intitulé « Faut-il boycotter Elie Semoun », « On peut au moins reconnaître à Dieudo le mérite de défendre ses convictions dans une époque marquée par la tiédeur et le politiquement correct ». Elie, lui, « ne fait rien pour éveiller les consciences (…) l’humoriste ne risque pas de froisser grand monde (…) véritable VRP des émissions télévisées, Elie, lui, prend les devants pour assurer ses arrières. C’est qu’il ne faudrait surtout pas se fâcher avec Bertrand (Delanoë) ou Arthur. Elie Réveille-toi, sinon, ça ne va plus être possible ».
Peut-on encore traiter cela par le mépris ? Il y a quelques mois, un certain Alain Coutte écrivait et éditait un ouvrage intitulé « Le complot », « dédié à la jeunesse en quête de vérité », et lançait dans la foulée un nouveau site Internet « lenouveaumonde.info ». Pour l’inaugurer il envoyait un éditorial vantant les mérites de M. Mahatir et d’Israël Shamir à des milliers d’internautes qui n’avaient rien demandé. Sa littérature est désormais reprise sur des sites tels que Indymedia Paris ou Zababdeh.levillage. La surprise est de trouver ce site référencé dans un « Annuaire de sites pédagogiques pour le collège » (http://www.mylinea.com/garnier), rubrique « Internet et société », proposé par un professeur JC Garnier « Enseignant aux collèges Notre Dame de Monbahus et St Pierre à Casseneuil ». Voici la contribution « pédagogique » de M. Coutte à l’affaire Dieudonné :
La cinquième colonne sioniste, à travers ses différentes associations a fait imprimer des auto-collants reprenant une citation entièrement fausse de Martin Luther King : « L'antisioniste est antisémite par essence et il le restera toujours ». Il s'avère, après enquête, que même le centre américain chargé de la mémoire de Martin Luther King ne peut se souvenir de tels propos de son auteur ! Il semble donc que les services "psyops" de guerre psychologique sionistes, après l'idée de l'état bi-national, soient actuellement en pleine action pour échafauder tous les scénarios possibles afin d'attiser l'antisémitisme européen et qu'il y a lieu de ne pas tomber dans le piège. Le seul fait de reprendre une citation erronée du "King" - représentant des minorités américaines, en particulier les noirs, et assassiné le 3 avril 1968 -, qu'ils sont dans l'incapacité d'indiquer ou et quand elle fut exprimée, est une infamie à l'égard de la mémoire de cet homme qui ne fait que renforcer le discrédit de toutes ces associations ».
« La cinquième colonne sioniste, c’est l’UEJF, quant à la citation, il a dû bien mal chercher, car elle est reprise dans les œuvres complètes de Martin Luther King (« Letter to an Anti-Zionist Friend » Saturday Review_XLVII (Aug. 1967), p. 76. Reprinted in M.L. King Jr., This I Believe : Selections from the Writings of Dr. Martin Luther King Jr.). Les collèges dans lesquels enseigne ce professeur Garnier sont des établissements privés du Lot-et-Garonne dont l’un au moins est sous contrat avec l’Etat. Comment ne pas rapprocher cette référence avec la récente affaire qui s’est déroulée dans un collège public niçois ?
Anne Lifshitz-Krams