L’indignation : sentiment naturel et noble. Naturel face à l’injustice, la violence, l’inégalité, l’enfermement. Noble, quand il permet de porter des combats, de réparer le monde. L’indignation seule, sans passer à l’action, sans capacité à faire évoluer ce qui nous révolte, se transforme vite en aigreur, en haine.
L’indignation que prône Stéphane Hessel tient dans une poche, elle coûte 3 euros et complète un achat de cadeau à la Fnac. Elle ne se vit pas, ne se sublime pas : elle se lit, dans le métro aux heures de pointe.
L’indignation que prescrit Stéphane Hessel, ne porte pas de regard sur les grands sujets de notre temps comme la menace de l’extrême droite en France et Europe, les aspirations démocratiques de certains peuples, les inégalités dans le monde, l’idéal républicain et la discrimination… Elle les balaie mollement tout au plus, pour s’arrêter spécifiquement sur le conflit israélo-palestinien. Plus précisément : pour condamner sans appel Israël, sa politique, ses citoyens.
Drapé dans l’indignation, se prétendant dépositaire de l’ensemble des valeurs de défense des droits de l’Homme et de notre civilisation, Stéphane Hessel détourne l’Humanisme en haine ciblée.
L’indignation toute entière, la révolte de 93 ans de vie, l’idéal de Justice, sont-ils tous contenus dans la dénonciation d’Israël, qui confine à la détestation?
S’ils doivent l’être sur cette région ô combien symbolique, sur des identifications et du vécu autour de ce conflit, qu’ils soient portés par la volonté de dialogue, et d’avènement de la paix.
Emile Zola, dans une Lettre à la Jeunesse publiée en pleine Affaire Dreyfus interrogeait aussi notre engagement « Où allez-vous étudiants qui battez les rues […] ? Nous allons à l’humanité, à la vérité, à la justice ! ». Plutôt qu’une prescription, voici un objectif bien plus exigeant, dont nous n’avons pour clef que notre capacité d’action.
Photo : D.R.