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Leon E. Panetta aura été le premier Secrétaire d’État à la Défense américain à prendre la parole lors de la Conférence de politique de l'AIPAC à Washington depuis 20 ans. S'exprimant le 6 mars, deux jours après le Président Obama, il réaffirmait que la coopération entre les États-Unis et Israël est déjà très étroite mais qu'elle le sera plus encore alors que les deux pays sont confrontés aux menaces à venir. Ceci en dépit des réductions dans le budget de la défense américain. Le Secrétaire d’État a pris « l'engagement inébranlable » pour les États-Unis de fournir à Israël tout le soutien nécessaire pour qu'il puisse conserver sa supériorité militaire sur tout pays ou toute coalition de pays, ainsi que sur tout groupe non étatiques dans la région.
Leon Panetta soulignait, à cet égard, que « Israël est entouré de voisins qui lui ont fait la guerre. Le peuple israélien a été soumis à des attaques à la roquette, à du terrorisme et ils vivent dans un monde où de plus grandes nations ont menacé de le rayer de la carte ». Soutenir Israël est donc juste et est aussi dans l'intérêt de l'Amérique. Car, dit-il, « nous n'avons pas de meilleur allié dans cette région critique du monde.Un Israël fort envoie un message à la région et au monde qui dit que l'Amérique n'hésitera pas à défendre nos alliés ».
Le Secrétaire d’État rappelait, entre autres, l'étendue de l'aide concrète apportée à Israël pour sa défense, avec un engagement de 30 milliards de $ sur dix ans », précisant que s'y ajoutent les 650 millions de $ accordées par le Président Obama pour la défense israélienne en matière de missiles ou les 200 millions de $ pour le système antimissile Iron Dome « qui a sauvé des vies israéliennes en interceptant 30 missiles en 2011 ». Il annonçait également des recherches menées en commun pour améliorer des systèmes de défense existant ou en mettre au point. Et l'armée de l'air israélienne va être dotée d'un avion particulièrement sophistiqué, le F-35 Joint Strike Fighter.
Concernant l'Iran, Leon Panetta, reprenait ce qu'avait déclaré Barack Obama l'avant-veille aux quelque 13.000 participants, à savoir que « il n'y a pas de pire menace pour la sécurité d'Israël et de toute la région et, en effet, des États-Unis qu'un Iran doté du nucléaire ». Il réaffirmait également la détermination américaine : « que l'on ne s'y trompe pas. Si tout le reste échoue, alors nous agirons ».
Des différences d'appréciation quant à l'urgence de la situation. Les candidats républicains prêts à aller plus loin que l'Administration Obama
Et c'est sans doute là qu'il y a divergence entre Barack Obama et Benjamin Netanyahou. En effet, même si tous deux sont conscients que l'Iran qui vient de proposer de reprendre des négociations concernant le nucléaire, cherche probablement à jouer la montre comme le régime des Mollahs l'a fait si souvent par le passé, il semble que le Président américain ne considère pas la situation comme aussi urgente que le Premier ministre israélien qui déclarait devant l'AIPAC que le temps presse. D'ailleurs, c'est au nom de l'UE mais aussi des États-Unis, de la Chine, la Russie, le France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne que Catherine Ashton vient d'accepter de reprendre un dialogue avec Téhéran.
On note également qu'il a été dit à plusieurs reprises, tant par Barack Obama que par Benjamin Netanyahou, qu'Israël est tout à fait en mesure de se défendre par lui-même. Ce qui signifie que l’État hébreu n'a pas de permission à demander aux États-Unis. L'Amérique s'étant engagée, par ailleurs, à veiller au grain.
Trois candidats républicains à la présidence des États-Unis se sont également exprimés dans le cadre de l'AIPAC, se démarquant de la prudence de Barack Obama et se montrant plus proches des préoccupations de Benjamin Netanyahou. « Dans une Administration Romney il n'y aura pas la moindre différence entre nos dirigeants », déclarait en effet Mitt Romney, qui est en tête dans la course à la nomination pour le parti Républicain, dans une vidéo conférence. Il ajoutait : « je mettrai fin aux atermoiements concernant l'Iran ». Potentiellement dangereux, selon lui. Quant aux sanctions contre le régime iranien, elles doivent être de plus en plus fermes et doivent être prises par les seuls États-Unis si besoin était. Et les dissidents iraniens doivent être soutenus. Mitt Romney tenait des propos similaires à ce qu'il avait écrit dans un éditorial publié dans le Washington Times le 5 mars, se référant notamment à Ronald Reagan et sa volonté de parvenir à « la paix par la force ». Il préconise donc « à nouveau une présence régulière de groupes de porte-avions [ américains ] à l'Est de la Méditerranée et dans le Golfe persique », et annonçait qu'en cas de victoire aux élections sa première visite serait pour Jérusalem.
Rick Santorum, autre candidat républicain qui a remporté trois États sur dix dans les primaires du Super Tuesday, a assisté à la Conférence. Il rappelait que, pour sa part, en tant que Sénateur, il avait toujours travaillé sur la menace nucléaire iranienne et était prêt à aller plus loin que l'Administration Obama pour affronter la République islamique. « Nous devons être prêts à lancer un ultimatum et s'il n'est pas entendu nous devons leur dire que s'ils ne démantèlent pas ces installations [ nucléaires ] nous le ferons nous-mêmes » dit-il.
L'ancien président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, s'exprimant aussi par vidéo-conférence a déclaré qu'en ce qui le concerne, concernant l'Iran, « les lignes rouges, c'est maintenant » et assurait que « dans une Administration Gingrich on ne continuerait pas à parler pendant que l'Iran continue à construire ... »