Tribune
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Publié le 16 Avril 2013

Alain Bauer : «La piste du terrorisme intérieur à Boston»

 

Par Jean-Marc Leclerc

 

Interview - Professeur de criminologie et conseiller en sécurité des polices de New York et Los Angeles, Alain Bauer décrypte la situation à Boston après les attentats de lundi.

 

LE FIGARO. - Une telle attaque était-elle prévisible?

 

Alain BAUER. - Non seulement elle n'a pas été envisagée, mais la police de Boston est relativement peu préparée aux actes terroristes, à la différence notable de New York ou de Los Angeles. La capitale du Massachusetts n'a évidemment pas la même dimension internationale que ces deux villes. Le choix de cette cible peut paraître étrange pour des terroristes internationaux, surtout lors d'un marathon local, le jour du Patriots' Day. La piste du terrorisme intérieur est donc privilégiée, pour l'heure.

 

Mais quels seraient les mobiles possibles?

 

Il est encore tôt pour se prononcer. Mais il est certain que, spontanément, les analystes ont imaginé un acte anti-américain du type Oklahoma City en 1995 (en vengeance du siège de Waco en 1993). Le fait est cependant que les cibles ne sont pas des bâtiments fédéraux et que la double explosion simultanée pose question. D'ordinaire, elle est la signature des artificiers libanais dans les attentats djihadistes. Vous voyez que les hypothèses sont nombreuses.

 

Comment va procéder le FBI sur place?

 

Faute de revendications connues, seules des analyses poussées de ses experts scientifiques devraient permettre d'y voir plus clair. Ils vont analyser les résidus d'explosion, le système de mise à feu, les bandes vidéos et les séquences filmées par les nombreux témoins pour remonter aux auteurs. C'est un travail de fourmi qui nécessite beaucoup de discrétion. Le FBI a une longue expérience.