Tribune
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Publié le 21 Février 2013

Alain Jakubowicz : "On laisse trop de champ aux radicaux"

 

[VIDÉO] Alain Jakubowicz, président national de la Licra, est l'invité du zoom Sud Ouest/TV7. Il considère que les politiques ont manqué le rendez-vous avec l'islam de France.

 

C’est le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) depuis trois ans. Alain Jakubowicz, avocat lyonnais, va se représenter à la tête de cette association laïque à la fin du mois de mars 2013. En visite à Bordeaux, il répond aux questions des rédactions de Sud Ouest et TV7. En voici des extraits, à retrouver intégralement en vidéo

 

Est-ce que la Licra fait de la politique ?

 

Le propre de la Licra est de ne pas rentrer dans la politique politicienne. Il y a plusieurs sens au mot politique. Nous le prenons au sens grec du terme, c’est-à-dire d’implication dans la cité. Il existe toutes sortes de courants et d’opinions dans la Licra. Je ne me soucie pas de savoir qui est à droite ou à gauche, laïque, musulman, juif ou catholique.

 

Le Pape démissionne, l’Islam cherche sa voie. Les religions sont dans la tourmente ?

 

Elles ne sont pas dans la tourmente. Elles ont plutôt le vent en poupe. Or la laïcité est un trésor de la République qu’il faut défendre. Mais nous ne sommes pas à la Licra des bouffeurs de curés. Défendre la laïcité ce n’est pas être contre les églises. Elles doivent et peuvent s’exprimer, mais à leur place, sans se mêler des débats à l’Assemblée ou au Sénat.

 

Les printemps arabes ont entraîné l’arrivée au pouvoir d’islamistes. Est-ce que cela vous inquiète notamment les répercussions sur la France ?

 

Bien sûr que la montée de l’islamisme fanatique nous inquiète, et les répercussions sur la France. On doit d’abord distinguer d’abord l’islam de l’islamisme. Nous avons manqué notre rendez-vous essentiel avec l’islam de France. Des centaines de milliers de musulmans souhaitent qu’émerge un islam républicain de France. Mais on laisse trop de champ aux radicaux ici comme ailleurs.

 

Plusieurs mois après la tuerie de Toulouse, que vous inspire ce drame ?

 

Assassiner des enfants parce qu’ils sont juifs, cela dépasse l’entendement. Ce qui me marque c’est que l’électrochoc dans la société française a été faible par comparaison avec Carpentras. On avait déterré un mor, et des millions de Français étaient quand même descendus dans la rue. Mais c’était un mort. À Toulouse, des enfants ont été tués. L’émotion a été moindre, car on a renvoyé l’idée, y compris les politiques, que c’était un problème communautaire, un conflit entre juifs et musulmans.