- English
- Français
Pendant des décennies, l'Égypte a été le plus proche allié de Washington dans le monde arabe. Après la chute du dictateur Hosni Moubarak il y a deux ans et demi, les États-Unis se sont soudain retrouvés sans partenaire déterminant et sans politique clairement établie. L'administration Obama déçoit peut-être le peuple qui attend que Washington oeuvre plus activement pour mettre fin à ce bain de sang. Pourtant, cela n'est pas surprenant.
- L'Amérique tente toujours de se dépêtrer de deux interventions de changements de régime dans le monde musulman: l'invasion de l'Afghanistan et celle de l'Irak. L'administration Obama s'est montrée extrêmement prudente vis-à-vis du printemps arabe, notamment à cause de cet héritage.
- Washington rechigne à choisir entre l'armée et le gouvernement des Frères musulmans, élu démocratiquement, que cette dernière a renversé. Aucune des deux options n'est séduisante pour l'administration Obama qui aurait préféré voir l'avènement d'un gouvernement civil laïque.
- L'influence américaine en Égypte est fondée sur une politique complexe impliquant une grande quantité d'argent. Si l'administration qualifie officiellement la prise de pouvoir militaire de coup d'État, la loi américaine suspendra son assistance militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars. L'administration refuse de payer certaines aides, mais risque de voir les pays du Golfe les compenser, éliminant ainsi complètement l'impact et l'influence américaine en Égypte.
Dans une interview au Washington Post ce mois-ci, le ministre de la Défense égyptien a publiquement réprimandé les États-Unis pour avoir abandonné l'Égypte, d'une façon qui, à une époque, aurait été inimaginable pour un homme dans sa position. "Vous avez abandonné les Égyptiens. Vous avez tourné le dos aux Égyptiens et ils ne l'oublieront pas," a déclaré le général Abdel Fatah al-Sissi.
Al-Sissi n'aurait probablement pas été autant en colère si le président Obama était resté totalement passif ou silencieux. En fait, le Président a envoyé John McCain et ses confrères sénateurs en Égypte pour essayer de pousser les généraux à rétablir la loi démocratique. Il a annulé des exercices militaires communs avec les forces armées égyptiennes prévues pour le mois prochain et critiqué la répression sanglante. Il a déclaré la semaine dernière que "les États-Unis condamnent fermement les mesures prises par le gouvernement égyptien intérimaire et les forces de sécurité." Il a ajouté: "Nous déplorons les violences contre les civils."
Mais il s'est également gardé de soutenir le président égyptien démocratiquement élu, Mohamed Morsi, en déclarant "Nous ne prenons parti pour aucun camp ni personnage politique."
L'Égypte n'est pas seulement l'alliée de l'Amérique, la nation arabe la plus populaire et un repère pour l'avenir du printemps arabe. C'est aussi un partenaire dans le traité de paix de Camp David avec Israël, soit l'une des réussites les plus marquantes de la diplomatie américaine moderne. L'Égypte n'est pas complètement seule dans son combat pour tenter de s'en sortir, mais Barack Obama ne le mènera pas à ses côtés.